Né le 30 mai 1890 à Vienne ; mort le 2 janvier 1945 au camp de concentration de Dachau. Chef d’état-major du Schutzbund.
Le père d’Alexander Eifler s’était distingué dans la carrière militaire et, en 1866, avait été nommé feld-maréchal. Ainsi, le jeune Alexander fit ses études au collège militaire de Sankt-Pœlten, puis à Weiskirchen, en Moravie, enfin à l’Académie militaire de Wiener-Neustadt. Lieutenant de dragons, en 1910, il fit une chute de cheval qui mit fin à sa carrière dans la cavalerie. A la guerre de 1914, il fut mobilisé dans l’infanterie et revint du front avec le grade de capitaine.
Après l’effondrement de l’Empire, Eifler comprit qu’une page de l’histoire de l’Autriche était tournée et il demanda à être incorporé dans la nouvelle armée républicaine. Julius Deutsch, secrétaire d Etat aux Armées, lui confia le commandement de l’Arsenal qu’il devait protéger contre les tentatives de putsch de la droite et contre les essais insurrectionnels des communistes en 1919. Il participa à la défense des frontières de Carinthie et du Burgenland. Cependant, ses convictions républicaines le rendirent bientôt suspect au gouvernement chrétien-social et il se fit verser dans la réserve. Il avait alors le grade de commandant.
La journée du 15 juillet 1927 ayant montré la faiblesse du « Schutzbund » (Ligue de protection républicaine), A. Eifler entreprit de la réorganiser selon des principes militaires stricts et il en devint le chef d’état-major. Il chercha à établir un plan de résistance à l’austrofascisme, plan soutenu par Julius Deutsch, qui prévoyait la grève générale et l’insurrection armée. Le général Theodor Kœrner s’y opposa, fut écarté et le plan adopté. C’est ce plan qui fut mis en application le 12 février 1934.
Eifler, qui aida le gouvernement à étouffer la tentative de putsch de Pfrimer et des « Heimwehren » les 12 et 13 septembre 1931, fut arrêté en février 1934 et condamné à dix-huit ans de prison ferme, le 2 avril 1935. il fut amnistié le 23 décembre 1935 à la suite d’une protestation internationale. Il travailla alors chez un tailleur. Le danger nazi croissant, il prit contact avec les organisations socialistes clandestines. En mars 1938, après l’occupation de l’Autriche, il fut immédiatement arrêté par la Gestapo et, au début d’avril, il fit partie du premier convoi de prisonniers envoyés au camp de concentration de Dachau. En automne 1939, on l’envoya au camp de Flossenburg, puis de nouveau à Dachau où il mourut le 2 janvier 1945.
SOURCES : Julius Deutsch, Alexander Eifler, ein soldat der Freiheit (Un soldat de la liberté : Alexander Eifler), Vienne, 1947. — Tober, A. Eifler, Vom Monarchisten zum Republikaner (Le monarchiste devenu républicain), thèse inédite, Vienne, 1966, 242 p.