Né le 24 février 1869 à Brünn (Brno), en Moravie ; mort le 20 avril 1931 à Vienne. Dirigeant du Parti social-démocrate ; président du Parlement, 1930-1931.
Fils d’un facteur de pianos et d’une ouvrière, Matthias Eldersch dut, tout en fréquentant l’école, aider sa famille par des travaux occasionnels. Bientôt son père mourut et Matthias ne put réaliser son désir de devenir instituteur. Pour vivre, il devait travailler de douze à quatorze heures par jour. Ces dures conditions d’existence firent du jeune homme un socialiste convaincu. Il adhéra à l’Association d’éducation ouvrière de Brno dont il dirigea, peu de temps après, la bibliothèque, ce qui lui permit d’assouvir sa soif de lecture et son désir de s’instruire. Plein de dynamisme, il organisa une troupe de théâtre amateurs et c’est pour mettre un terme à ces activités qu’elles considéraient comme politiques que les autorités l’appelèrent sous les drapeaux. Cependant, sa mère réussit à faire démobiliser son fils unique, comme soutien de famille. Revenu à la vie civile, Eldersch fut chargé en 1892 de l’administration du journal social-démocrate de Brünn (Brno), dont il devint plus tard rédacteur en chef.
En 1896, il fut engagé comme comptable dans la caisse ouvrière d’assurance-maladie du district de Brno dont il fut bientôt secrétaire. Sous son impulsion, cette caisse fut la première de la Monarchie à instituer une allocation familiale, à ouvrir des laboratoires et des centres de soins et à construire une maison de repos.
En 1901, il fut élu député au « Reichsrat » (Conseil d’Empire) ; à partir de 1905, il siégea également au Conseil municipal de Brünn (Brno) et, dès l’année suivante, au « Landtag » (Assemblée régionale) de Moravie. Dynamique et actif, il devint un collaborateur apprécié de Victor Adler qui disait de lui : « Eldersch est une capacité de premier ordre, intelligent, expérimenté, parfaitement sûr... » Au « Reichsrat » (Conseil d’Empire), le député Eldersch fut désigné comme expert de politique sociale et acquit une grande autorité dans ce domaine. De 1901 à 1928, il fut, aux congrès du parti, rapporteur sur ce sujet.
Battu aux élections de 1911, il fut appelé dans la même année à résider à Vienne en tant que secrétaire central des Caisses ouvrières d’assurance maladie. Il prit parallèlement part au développement de l’Union des coopératives ouvrières de Basse-Autriche dont il devint le président pendant la guerre. Dans la dernière année de celle-ci, Eldersch, qui avait une réputation confirmée d’administrateur efficace, fut nommé directeur de l’Office du ravitaillement.
Après l’effondrement de la monarchie, en février 1919, il fut élu député à l’Assemblée constituante, et du 9 mai 1919 à juillet 1920, occupa dans le cabinet de coalition de Renner le poste difficile de secrétaire d’État à l’Intérieur. Il devint ensuite directeur des « Hammerbrotwerke », entreprise de panification créée par le parti social-démocrate et — entre autres charges — président de la caisse centrale d’assurance maladie. Député au Conseil national, il fut l’un des dirigeants du groupe social- démocrate et à partir de 1930 président du Parlement. Il mourut subitement dans l’exercice de ses fonctions d’une embolie pulmonaire.
ŒUVRES : Der Axmann-Skandal im Parlement (Le Scandale Axmann au Parlement), Vienne, 1899, 12 p. — Los auf die Taschen der Armen ! Landtagsrede (Sus aux bourses des pauvres ! Discours au Landtag), 1912.
SOURCES : Geburtstagsfeier des Genossen Matthias Eldersch (Soixantième anniversaire du camarade Matthias Eldersch) 11 p. — Werk und Widerhall. Grosse Gestalten des œsterreichischen Sozialismus (L’Œuvre et son écho. Grandes personnalités du socialisme autrichien), édité par Norbert Leser, Vienne, 1964.