FALLE Anton

Par Friedrich Vogel

Né à Rajach, près de Villach (Carinthie) le 25 mars 1886 ; mort au camp de concentration de Dachau le 15 janvier 1945. Dirigeant social-démocrate de Carinthie.

Quatorzième enfant d’une famille de petits paysans de la région bilingue (slovène-allemande) de Carinthie, Anton Falle fréquenta une école primaire à deux classes où il se montra le meilleur élève. A quatorze ans, il se plaça comme garçon de ferme. Il changea plusieurs fois d’employeur et de métier, mais il continua toujours à s’instruire par ses propres moyens. Pendant sept ans, il fut palefrenier.
Après la victoire électorale des sociaux-démocrates en Carinthie, en 1907, Falle commença à militer dans le mouvement socialiste. Il était alors garde-malade à la section des aliénés de l’hôpital de Klagenfurt et il organisa les employés au sein d’un syndicat dont il devint le secrétaire. Dans plusieurs articles publiés par l’Arbeiterwille (Volonté ouvrière), il s’éleva contre les conditions hospitalières, ce qui lui valut d’être souvent victime de mesures disciplinaires et finalement renvoyé.
Il connut ensuite une période de chômage prolongé. Après la campagne électorale de 1911, à laquelle il participa comme propagandiste, il fut un temps contrôleur à une caisse d’assurance-maladie. Renvoyé, il émigra en Suisse. Il travailla chez Brown-Boveri à Baden et devint président de l’association ouvrière « Eintracht » (Concorde). Il entretenait des contacts avec Friedrich Adler à Zurich. En 1913, il fut licencié de l’usine Brown-Boveri pour des motifs politiques et retourna à Graz où il vécut très difficilement. Le Parti social-démocrate lui procura du travail à la Caisse ouvrière de maladie, puis lui confia, le 1er août 1914, le poste de secrétaire de l’organisation à Fohnsdorf.
La guerre ayant éclaté, il fut mobilisé et, bientôt, grièvement blessé au front. En 1918, il devint secrétaire du Parti social-démocrate pour le district de Villach et, en 1920, fut élu au « Nationalrat » (Conseil national) et constamment réélu jusqu’à la dissolution du Parlement en 1934. Au printemps de 1928, il était devenu le dirigeant de l’organisation du Parti social-démocrate pour le « Land » de Carinthie et s’était établi à Klagenfurt. Dans ses discours au Parlement, il dénonça les attaques sanglantes des « Heimwehren » dans sa région, attaques qui se développaient avec la complicité tacite de la gendarmerie et de la justice.
A. Falle se fit le champion de l’entente entre les populations de langue slovènes et allemande et s’éleva résolument contre les chauvins nationaux-allemands et la persécution des minorités en Carinthie. Le 12 février 1934, il fut emprisonné. Après sa libération, il milita dans les rangs de l’organisation clandestine des socialistes révolutionnaires dont il fut l’organisateur pour la Carinthie. Arrêté en 1935, avec les autres dirigeants socialistes révolutionnaires de Carinthie, il fut condamné le 23 novembre 1935 à un an de travaux forcés. Le 22 août 1944, il fut arrêté par la Gestapo et envoyé au camp de concentration de Dachau où il succomba aux mauvais traitements le 15 janvier 1945. Ses derniers mots furent « Saluez pour moi les ouvriers de Carinthie ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article197416, notice FALLE Anton par Friedrich Vogel, version mise en ligne le 28 novembre 2017, dernière modification le 6 novembre 2018.

Par Friedrich Vogel

SOURCES : Dokumentationsarchiv des œsterreichischen Widerstandes, Wien. — J. Buttinger, Le Précédent autrichien, Paris, Gallimard, 1956, 564 p. — Werk und Widerhall Grosse Gestalten des œsterreichischen Sozialismus (L’Œuvre et son écho. Grandes personnalités du socialisme autrichien), édité par Norbert Leser, Vienne, 1964.

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