Par Georges Haupt
Né en 1882 à Strakonitz (Tchécoslovaquie) ; mort à Zurich le 17 mars 1947 ; président du conseil des soldats de Vienne en 1919 ; dirigeant communiste ; exclu en janvier 1927 pour trotskisme.
Issu d’une famille bourgeoise, Josef Frey fit ses études de droit à Vienne où il fut aussi un footballer célèbre. Il adhéra au mouvement socialiste et fut l’un des fondateurs de l’Association social-démocrate des étudiants. Ami de Friedrich Adler et d’Otto Bauer, il se vit confier par ce dernier un poste de rédacteur à l’Arbeiter Zeitung (Journal des Travailleurs) où il devait rester jusqu’au déclenchement de la Première Guerre mondiale.
Officier de réserve, il passa ses quatre années de guerre à étudier les problèmes militaires et politiques de la révolution prolétarienne qu’il croyait très proche. Après l’effondrement de la monarchie, le capitaine Frey fut nommé par Julius Deutsch, dès son retour du front, le 11 novembre 1918, commandant des gardes rouges à la place de Egon Erwin Kisch. A l’assemblée générale du 5 décembre 1918, il fut élu président du Comité exécutif du Conseil des soldats de Vienne et devint ainsi pratiquement l’homme le plus puissant de l’armée populaire viennoise. Pour Frey, les conseils de soldats devaient jouer le rôle de « gardiens militaires de l’évolution socialiste du pays ». Il entra dans un vif conflit avec Friedrich Adler et Otto Bauer sur le rôle des conseils ouvriers. Frey réclama la proclamation d’une République des conseils dans lesquels il voyait les organes du pouvoir prolétarien, alors que les dirigeants social-démocrates cherchaient à les intégrer au fonctionnement de la démocratie parlementaire. A la suite de ce conflit, il démissionna de ses fonctions le 16 août 1919 et anima l’aile d’extrême-gauche du Parti social-démocrate, le « groupe de travail des sociaux-démocrates révolutionnaires. »
Frey, qui avait un tempérament de bagarreur, entra en opposition irréductible avec la direction du parti ; il combattit particulièrement sa politique de coalition avec les partis bourgeois. Exclu du Parti social- démocrate pour manquement à la discipline lors des élections d’octobre 1919, il rejoignit le Parti communiste en janvier 1921, entraînant avec lui un groupe important de ses partisans. Bon orateur, combatif, il joua bientôt un rôle de premier plan dans le parti. Membre du Bureau politique, il fut le chef de file de la fraction de gauche qui se heurta violemment à la fraction dirigée par Koritschoner et Tomann. Entré en relations avec Trotsky, s’étant solidarisé avec l’opposition de gauche, il fut exclu du parti sur décision du Komintern en janvier 1927.
Après février 1934, il fonda dans la clandestinité le « Kampfbund für die Befreiung der Arbeiterklasse » (Union de lutte pour la libération, de la classe ouvrière) d’orientation trotskiste. En 1938, après 1’Anschluss, il émigra en Suisse. Il mourut à Zurich le 17 mars 1947.
Voir F. Modlik et F. Pavelka.
Par Georges Haupt
ŒUVRES : Revolutionäre Disziplin (Discipline révolutionnaire), Vienne, 1919,
16 p.
SOURCES : Lucien Laurat, « Le Parti communiste autrichien », in J. Freymond, Contributions à l’histoire du Komintern, Genève, 1966. — Herbert Steiner, Die Kom¬munistische Partei Œsterreichs von 1918-1933. Bibliographische Bemerkungen (Le Parti communiste d’Autriche de 1918 à 1933. Remarques bibliographiques), Vienne, 1968. — Hans Hauptmann, Die Anfänge der Linksradikalen Bewegung und der Kommunistischen Partei Deutschœsterreichs 1916-1919 (Les Débuts du mouvement d’extrême gauche et du Parti communiste d’Autriche allemande 1916-1919), Vienne, 1970.