Par Georges Haupt
Né à Pottendorf en Basse-Autriche le 8 février 1874 ; mort à Vienne le 23 juillet 1935 ; instituteur ; réformateur scolaire socialiste ; sous-secrétaire d’État à l’Education en 1919-1920.
Fils d’un pauvre instituteur de village, Otto Glœckel fréquenta l’école primaire, puis le cours complémentaire et enfin l’école normale de Wiener- Neustadt. En 1892, il fut nommé instituteur dans une petite école d’un quartier ouvrier de Vienne. Deux ans plus tard, il adhéra au Parti social-démocrate et fonda, en collaboration avec Karl Seitz, une union des jeunes instituteurs qui étaient alors extrêmement mal rémunérés : « Les Jeunes ». Lorsque ce mouvement obtint ses premiers succès aux élections du Conseil scolaire de l’arr. de Vienne, le maire de la capitale, Karl Lueger, fit licencier cinq instituteurs dont Glœckel. Dès lors, celui-ci se consacra entièrement à l’activité militante. Il fut l’un des fondateurs du journal Freie Lehrerstimme (La Voix libre des enseignants), et collabora à l’élaboration du programme scolaire de l’association des Jeunes adopté en 1898 lors du congrès de cette association : séparation de l’école et de l’Église, gratuité de renseignement, scolarité obligatoire de huit ans, amélioration de la formation des maîtres, etc. Il participa également à la fondation de l’Association centrale des enseignants de Vienne qui mena un combat vigoureux contre les tentatives du Parti chrétien-social pour se débarrasser de la législation scolaire libérale de 1869 et remettre l’école sous la tutelle de la religion. Cette lutte aboutit en 1905 à la création par le Parti social-démocrate et les enseignants libéraux dé l’Association « École laïque ». Les délégués sociaux-démocrates au Comité directeur de cette association étaient Seitz, Hartmann et Glœckel. Deux ans plus tard, ce dernier fut élu député au « Reichsrat » (Conseil d’Empire) et conserva son mandat jusqu’en 1918. Malgré son immunité parlementaire, il fut arrêté le 15 mai 1915 pour avoir « troublé l’ordre public » dans un pays en état de guerre. Il avait en effet pris la parole à plusieurs réunions tenues à l’occasion du 1er mai. Traduit devant le tribunal militaire, il fut acquitté.
Après l’effondrement de la monarchie, le 30 octobre 1918, Otto Glœckel fut nommé, lors de la formation du gouvernement provisoire, sous-secrétaire d’État à l’intérieur. Dans le second cabinet de coalition Renner, formé le 15 mars 1919, il fut nommé sous-secrétaire d’État à l’Éducation, poste qu’il occupa jusqu’au 22 novembre 1920. C’est alors qu’il commença à réaliser la vaste réforme scolaire dont il avait développé les concepts dès 1917 dans sa brochure Das Tor der Zukunft (La Porte de l’avenir). Mais il ne put mener ces réformes à leur terme que lorsqu’il devint, à la fin de 1920, président du Conseil scolaire de la municipalité de Vienne, fonction qu’il détint jusqu’en février 1934. L’enseignement devint alors gratuit, l’institut pédagogique de la ville de Vienne fut créé et bien d’autres réformes réalisées. L’on peut dire que c’est à lui que Vienne doit son système scolaire exemplaire.
Le 13 février 1934, Glœckel fut arrêté dans son bureau, incarcéré et envoyé au camp de concentration de Wœllersdorf. II mourut peu après sa libération, le 22 juillet 1935. Son enterrement donna lieu, malgré les mesures de police qui avaient été prises, à une manifestation impressionnante contre l’austrofascisme.
Par Georges Haupt
ŒUVRES : Die Christlichsozialen im Spiegel ihrer verratenen Prinzipien (Les Chrétiens-sociaux vus à travers leurs principes trahis), Vienne, 1902, 13 p.—Die Reaktionäre an der Arbeit (Les Réactionnaires au travail), Vienne, 1908. — Schule und Klerikalismus (Ecole et cléricalisme), Vienne, 1911, 14jp. — Die Wehrhaftmachung der Jugend (Préparer la jeunesse à se défendre), Vienne, 1916, 25 p. — Das Tor der Zukunft (La Porte de l’avenir), Vienne, 1917, 52 p. — Schulreform und Volksbildung der Republik (Réforme scolaire et culture populaire sous la République), Vienne, 1919, 14 p. — Die œsterrechische Schulreform (La Réforme scolaire autrichienne), Vienne, 1923, 56 p. — Die Entwicklung des Wiener Schulwesens seit dem Jahre 1919 (Le Développement de renseignement à Vienne depuis 1919), Vienne, 1927, 136 p. — Drillschule, Lernschule, Atbeitschule (L’école-dressage, l’école-apprentissage, l’école du travail), Vienne, 1928, 32 p. — Otto Glœckel, Selbstbiographie (Autobiographie), Zurich, 1939, 227 p.
SOURCES : H. Fischl, Schulreform, Demokratie und Œsterreich (La Réforme scolaire, la démocratie et l’Autriche), Vienne, 1950. — Werk und Widerhall. Grosse Gestalten des œsterreichischen Sozialismus (L’Œuvre et son écho. Grandes personnalités du socialisme autrichien), édité par Norbert Leser, Vienne, 1964.