Par Georges Haupt
Né le 22 Juin 1888 à Vienne ; mort en mars 1966 à Berkeley (Californie) ; dirigeant des Jeunesses socialistes Autrichiennes et de l’internationale des Jeunesses socialistes.
Né dans une famille ouvrière, Karl Heinz apprit le métier de typographe. Alors qu’il était apprenti, il adhéra et milita activement à l’Association de la jeunesse ouvrière. Mobilisé pendant la Première Guerre mondiale et envoyé sur le front italien, il maintint de là des rapports avec l’opposition de gauche groupée dans le Cercle Karl Marx et dirigée par Friedrich Adler.
Secrétaire du Conseil ouvrier central, il travailla en étroite collaboration avec Friedrich Adler qui en était le président et vécut à ce poste les événements révolutionnaires de 1918-1919. Dans les grandes discussions et dans la lutte des fractions au sein du Conseil ouvrier, il adopta les positions de Friedrich Adler. Élu au Bureau des Jeunesses socialistes en 1919, il devint deux ans plus tard président de l’Union de la jeunesse ouvrière socialiste. Il conserva ces fonctions jusqu’en 1930 et mena à bien sa tâche difficile dans cette pépinière des cadres du parti secouée après la première Guerre mondiale par de graves dissensions intestines, grâce à « son caractère tranquille, sa prudence réfléchie et son aptitude infatigable à négocier » (Kreisky).
Karl Heinz joua un grand rôle sur le plan international. En 1921, il était secrétaire de l’internationale des Jeunesses socialistes affiliée à l’internationale 2 1/2. En 1923, au congrès de Hambourg, lors de la fusion des deux Internationales et de la création de la nouvelle Internationale des Jeunesses socialistes, il en devint le secrétaire adjoint, puis, au deuxième congrès tenu à Amsterdam en. mai 1926, le président, fonctions qu’il conserva jusqu’en octobre 1932.
De 1930 à mars 1933, Karl Heinz siégea au « Nationalrat » (Conseil national). Ami et collaborateur de Robert Danneberg, il fit partie du Comité directeur du Parti social-démocrate.
A partir de sa création en 1923, Heinz fut le secrétaire politique du « Schutzbund » (Ligue de protection républicaine) ; il conserva ce poste jusqu’aux sanglants événements de février 1934. Réfugié en Tchécoslovaquie, il travailla à Brünn (Brno) au quartier général de l’émigration social-démocrate autrichienne dirigé par Otto Bauer.
Après l’occupation de l’Autriche par l’Allemagne hitlérienne, en 1938, il émigra à Stockholm. Là, il travailla au Bureau des réfugiés créé par les syndicats et le parti socialiste suédois et sauva des dizaines de personnes vouées à la mort par la terreur hitlérienne.
Lorsque la pression de l’Allemagne se renforça en Scandinavie, il émigra, avec Helene Bauer, par Moscou, Vladivostok, Manille et l’océan Pacifique, jusqu’en Californie. Il trouva du travail à l’Université de Berkeley. Il vécut vingt-cinq ans aux États-Unis sans se décider à opter pour la nationalité américaine. La mort l’empêcha de réaliser son rêve : retourner en Autriche. Il fut inhumé à Berkeley (Californie).
Par Georges Haupt
ŒUVRES : Die Aufgaben der sozialistischen. Jugendbewegung (Les tâches du mouvement de la Jeunesse socialiste), Vienne, 1921, — Kampf und Aufstieg. Die Geschichte der sozialistischen Arbeiterjugendbewegung Œsterreichs (Lutte et croissance. Histoire du mouvement de la Jeunesse ouvrière socialiste d’Autriche), Vienne, 1932, 164 p. — Nacht über Œsterreich (La Nuit s’étend sur F Autriche), Karlsbad, 1935, 64 p.
SOURCES : Auf den Zinnen der Partei (Aux créneaux du Parti). — Rolf Reventlow, Zwischen Allierten und Bolschewiken (Entre Alliés et Bolchéviks), Vienne, 1969 (avec une préface de Bruno Kreisky).