Né le 4 septembre 1893 à Heinrichsœd (Bohême) ; mort le 10 février 1964 à Vienne ; dirigeant communiste ; secrétaire d’État à l’intérieur dans le gouvernement provisoire, avril-novembre 1945.
Né dans une famille de petits paysans, Honner apprit le métier de monteur et travailla dans une entreprise d’électricité. Il adhéra en 1911 aux Jeunesses ouvrières socialistes. Peu après le début de la Première Guerre mondiale, incorporé dans l’armée autrichienne, il fut envoyé sur le front russe. Après la révolution d’octobre, il fit partie des troupes d’occupation d’Odessa où il se mit en rapports avec les groupes internationalistes qui luttaient aux côtés des bolchéviks.
A son retour en 1919, il alla s’installer à Salzbourg où il trouva du travail dans les mines de cuivre de Mitterberg et il fut élu au conseil d’entreprise. En 1920, il adhéra au Parti communiste. La limitation de la production le réduisit au chômage. Il trouva un emploi pour quelque temps dans l’Erzberg en Styrie et finit par entrer comme mineur dans les mines de charbon de Grünbach-am-Schneeberg (Basse-Autriche). Il y fut élu au comité d’entreprise et au conseil municipal et prit une part décisive dans l’organisation de la grande grève des mineurs en 1925. Licencié à cause de son activité militante, il ne parvint plus à obtenir un travail stable. Le 27 janvier 1927, il se rendit en Union soviétique en tant que secrétaire de la première délégation ouvrière autrichienne et, la même année, au VIe congrès du Parti communiste autrichien, il fut élu au Comité central auquel il appartint jusqu’à sa mort. Arrêté lors de la sanglante manifestation des ouvriers viennois, le 15 juillet 1927, il fut relâché faute de preuves. Après l’interdiction du Parti communiste en 1933, il dirigea l’activité clandestine du parti à l’intérieur du pays. Son pseudonyme dans la clandestinité était Rudolf Neudel. Lors de l’entretien du 25 janvier 1935 avec les dirigeants socialistes révolutionnaires Sailer et Felleis, il fut arrêté en même temps que son camarade Friedl Fürnberg. Traduit en justice, il fut l’un des accusés du grand procès des socialistes révolutionnaires de mars 1936. Condamné à quatre mois de détention, il fut interné au camp de Wöllersdorf où il vit sa peine prolongée. Il parvint à s’évader le 20 octobre 1936 et à s’enfuir d’abord en Tchécoslovaquie d’où il partit pour l’Union soviétique. En juillet 1937, il fut appelé en Espagne pour constituer le bataillon « 12 février » de la XIe brigade internationale qui se battait sur le front d’Aragon. Après la défaite, il gagna la France d’où, en l’été 1940, il se rendit en U.R.S.S. Il fréquenta d’abord l’école du Parti à Moscou, puis enseigna à l’école du Komintern à Ufa.
En 1944, il se fit parachuter en Yougoslavie avec mission de réunir en unités militaires autonomes les Autrichiens qui combattaient avec les partisans yougoslaves. Il fonda à Tribuce en Slovénie, en septembre 1944, le premier bataillon autrichien de la Liberté dans le cadre de l’Armée de libération yougoslave. Rentré à Vienne fin avril 1945, il fit partie du gouvernement provisoire de la IIe république où il détint jusqu’en novembre le poste-clé de secrétaire d’État à 1’ Intérieur. Lors des élections de novembre 1945, il fut l’un des quatre députés communistes élus au « Nationalrat » (Conseil national) où il siégea jusqu’en 1959. Membre du Comité central et du Bureau politique, il s’occupa principalement des questions syndicales. Chef de la fraction communiste à la Fédération des syndicats autrichiens (Œ.G.B.), il fit partie de la direction de cette organisation jusqu’en octobre 1950. Il mourut à Vienne d’une crise cardiaque.
SOURCES : Franz Honner. Das Leben eines œsterreichischen Kommunisten (F.H. La vie d’un communiste autrichien), Vienne, 1964, 55 p. — Heinrich Fritz, « In den Reihen der internationalen Brigaden », Aus der Vergangenheit der K.P.Œ. (Dans les rangs des brigades internationales. Pages du passé du Parti Communiste autrichien), Vienne, 1962, pp. 61-68, — Walter Wisshaupt, Wir kommen wieder ! (Nous reviendrons !), Vienne, 1967.