HUEBER Anton

Né le 28 septembre 1861 à Taus en Bohême ; mort le 9 juillet 1935 à Vienne ; leader syndicaliste.

Comme de nombreux dirigeants ouvriers autrichiens, Anton Hueber était originaire du sud de la Bohême. Il avait treize frères et sœurs et perdit très tôt son père. A cinq ans, il se rendit pour la première fois à Vienne où il fut hébergé dans un orphelinat tenu par des religieux. Puis il alla à l’école communale à Brünn (Brno). A quatorze ans, il retourna à Vienne avec sa mère et entra comme apprenti dans un atelier de tourneur sur bois. Il a lui-même expliqué, à la fin de sa vie, les motivations de son militantisme : « Il y a cinquante ans (...) l’exploitation était à son comble, je devins socialiste tout naturellement parce que j’avais moi-même fait l’expérience de la souffrance ». Il disait de lui-même : « Je suis un produit de l’auto éducation ». Anton Hueber reprit sans cesse et réalisa le mot d’ordre : « Syndicat et Parti sont des frères siamois ».
Ses premières lectures furent les écrits de J. Most, les ouvrages de Lassalle et de Liebknecht. Séduit dans sa jeunesse par les idées anarchistes, il fabriqua des bombes et des machines infernales qu’il ne put cependant jamais utiliser. Après avoir pris contact avec le Parti social-démocrate auquel il adhéra un peu plus tard, il se détourna de l’anarchisme tout en demeurant « radical ». Il milita sur son lieu de travail et fonda, en 1891, l’Union professionnelle des compagnons tourneurs. En 1893, il fut délégué au congrès des syndicats autrichiens où il remplit les fonctions de secrétaire. Lors de la campagne pour le droit de vote, en 1893, il combattit violemment Victor Adler qui repoussait le recours à la grève de masse comme moyen de lutte pour l’obtention du suffrage universel.
Deux années plus tard, il fut nommé secrétaire de la Commission intersyndicale, organe directeur des syndicats libres de l’Empire, créé en 1893 et il exerça cette fonction pendant trente-six ans. Sous son impulsion énergique, elle devint une puissante organisation. Hueber prit une part décisive à l’organisation de la grève des ouvriers du textile de Bohême du Sud en 1899, des mineurs de Bohême en 1899 également et à la lutte contre le lock-out des ouvriers du bâtiment en Moravie, en 1913.
Sa position en faveur d’une stricte centralisation dans l’organisation des syndicats autrichiens — qui l’opposa une fois encore à Victor Adler — fit obstacle à l’admission d’un secrétaire permanent de la section tchèque à la commission syndicale, ce qui poussa les Tchèques à créer, le 26 mars 1897, à Prague, une commission syndicale tchèque. Hueber défendit le même point de vue devant l’internationale syndicale et il obtint que la section tchèque ne soit pas reconnue, ce qui conduisit à la scission définitive des syndicats autrichiens et tchèques.
Après l’avènement de la Première République, Hueber fut l’initiateur de la constitution de Chambres d’ouvriers et d’employés et le promoteur de la loi sur les comités d’entreprise, loi unique en son genre, exemplaire pour l’Europe en ce qui concerne les droits de ces comités. En 1928, il fut, avec Schorsch, l’artisan de la transformation de la Commission syndicale en Fédération des syndicats libres dont il fut le premier président. Il remplit cette fonction jusqu’en septembre 1931.
Internationalement connu, Hueber participa à la plupart des congrès des Internationales socialiste et syndicale. En 1917, il avait fait partie de la délégation autrichienne à la conférence socialiste de paix de Stockholm.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article197504, notice HUEBER Anton, version mise en ligne le 28 novembre 2017, dernière modification le 27 novembre 2018.

SOURCES : Julius Deutsch, Geschichte der österreichischen Gewerkschaftsbewegung Histoire du mouvement syndical autrichien), 2 vol. Vienne, 1928-1932. — Fritz Klenner, « Anton Hueber », in Von Unten auf, Vienne, Œ.G.B. — Verlag, 1953, pp. 7-10. — Hans Mommsen, Die Sozialdemokratie und die Nationalitätenfrage im Habsburgischen Vielvœlkerstaat (La Social-démocratie et la question des nationalités dans l’État multinational des Habsbourg), Vienne, 1961. — Werk und Widerhall. Grosse Gestalten des œsterreichischen Sozialismus (L’Œuvre et son écho. Grandes personnalités du socialisme autrichien), édité par. Norbert Leser, Vienne, 1964.

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