KISCH Ëgon, Erwin

Par Georges Haupt

Né le 29 septembre 1885 à Prague, mort le 31 mars 1948 à Prague ; écrivain ; reporter de réputation mondiale ; militant communiste.

Egon Erwin Kisch naquit dans une famille de la bourgeoisie juive aisée de Prague. Il fit des études techniques et se consacra tout jeune au journalisme. Il commença à travailler à Prague en 1905 au Tageblatt (Quotidien) et entra l’année suivante à la rédaction du journal allemand de Prague, Bohemia. Il appartenait au milieu littéraire praguois, était l’ami intime de Rilke, Kafka, Brod, Werfel et Paul Kornfeld. En 1913, il s’installa à Berlin où il fut aussi bien acteur que metteur en scène au théâtre et collabora au Berliner Tageblatt (Quotidien berlinois). Mobilisé dans l’armée autrichienne pendant la Première Guerre mondiale, il se battit en Serbie, puis dans les Carpathes.
Au début de 1917, le lieutenant Kisch fut nommé à Vienne au Quartier général de la presse de guerre et il entra en contact avec les divers représentants de l’opposition de gauche et d’extrême gauche. Devenu l’ami intime de Leo Rothziegel, il adhéra en janvier 1918 au premier conseil d’ouvriers et de soldats formé dans la clandestinité. Socialiste révolutionnaire, il fut, après l’effondrement de la monarchie, le 1er novembre 1918, avec son ami Rothziegel, le fondateur de la Garde Rouge dont il devint le commandant. Le 11 novembre, il fut destitué par Deutsch qui le remplaça par Josef Frey. Mais dix jours plus tard, à l’assemblée générale, il fut élu par acclamation président du conseil des soldats. Il était en même temps rédacteur du journal Freier Arbeiter (L’Ouvrier libre). Il quitta la Garde Rouge le 29 mars 1919 et devint reporter au journal bourgeois Neuer Tag (Le Nouveau Jour). Il fut délégué au troisième congrès du Parti communiste d’Autriche les 7-8 décembre 1919 par un groupe de soldats. Arrêté par les autorités social-démocrates, emprisonné pendant une brève période, il fut expulsé en Allemagne. A partir de 1921, il s’établit à Berlin où il collabora à tous les périodiques importants de la gauche de l’époque. Il entreprit de nombreux voyages et écrivit des articles sur l’impérialisme, la misère des peuples coloniaux, etc... Il devint le maître du reportage social et politique et acquit une réputation mondiale de « reporter enragé » qui fut aussi le titre de l’un de ses livres célèbres. Membre du Parti communiste allemand, il fut l’un des fondateurs, en 1928, de l’Union des écrivains prolétariens révolutionnaires d’Allemagne et fut membre du comité de rédaction de la revue Linkskurve (Tournant à gauche). Il fit partie de la délégation allemande au premier congrès des écrivains prolétariens révolutionnaires tenu à Kharkov en 1932. Ses nombreux voyages le conduisirent notamment en 1925 en Union soviétique et, en 1927, il publia un récit de voyage assez critique : Zaren, Popen, Bolschewiken (Des tsars, des popes, des bolcheviks). En 1931, il entreprit un voyage en Asie, dont il tira deux reportages célèbres intitulés Asien gründlich verändert (L’Asie a fondamentalement changé) en 1932, et China geheim (La Chine secrète) en 1933.
Après la prise du pouvoir par les nazis, il fut arrêté, mais bien vite relâché à la suite de la protestation du gouvernement tchécoslovaque. Expulsé d’Allemagne, il se rendit à Paris où il fut l’un des collaborateurs de Willi Münzenberg et de la presse publiée par ce dernier. Il combattit en Espagne dans les rangs des brigades internationales. En 1940, il se réfugia au Mexique où il collabora à l’organe communiste Freies Deutschland (l’Allemagne libre). Il regagna Prague en 1946 et y mourut deux ans plus tard.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article197529, notice KISCH Ëgon, Erwin par Georges Haupt, version mise en ligne le 28 novembre 2017, dernière modification le 12 mars 2019.

Par Georges Haupt

ŒUVRES : citons : Schreib das auf, Kisch : Soldat im Prager Korps (Prends des notes, Kisch : Soldat du bataillon de Prague), journal de guerre, Vienne, 1920. — Klassischer Journalismus (Journalisme classique). — Der rasende Reporter (Le reporter enragé). — Der Fall des Generalstabschef Redl (L’Affaire du chef d’état-major Redl), Berlin, 1924. — Entdeckungen in Mexiko (Découvertes à Mexico). — Marktplatz der Sensationen (Foire aux sensations), Berlin, 1948, 299 p. — Gesammelte Werke in Einzelausgaben (Œuvres complètes), Berlin (Est), à partir de 1960.
On trouve à la Bibliothèque nationale de Paris : Zaren. Popen. Bolschewiken, Berlin, 1927, 314 p., 8° M 26 604. — Paradis américain, Berlin, 1930, 8° Pb 7577, traduction, Paris, 1930, in-16, 256 p., 8° Pb 7 051. — Geschichten aus sieben Ghettos, Amsterdam, 1934, in-8°, 217 p., 8° M 24 823. — La Chine secrète, Paris, 8e édition, 1935, in-16, 254 p., 8° 02 n. 2034. — Eintritt verboten, Paris, 1935, in-16, 239 p., 8° 2 26 853. — Abenteuer in fünf Kontinenten, Paris, 1936, in-8° 252 p., 8° Z 27 394. — Die drei Kühe, eine Bauerngeschichte zwischen Tirol und Spanien, s.l. 1938, in-8, 48 p., portrait, 8° Y 2 /26 164. — Découvertes au Mexique, traduction de L. Lentin, Paris, 1947, 295 p., 16° Z 1085 (8). — Marktplatz der Sensationen, 1948, 16° Z 3731. — Gesammelte Werke in Einzelausgaben, 16° Z 11 147.

SOURCES : Emil Utitz, Egon Erwin Kisch, der klassische Journalist, Berlin, 1956, 214 p.— Jürgen Rühle, Literatur und Revolution : Die Schrifsteller und der Kommunismus (Littérature et révolution : les écrivains et le communisme), Cologne, 1960. — Hans Hautmann, Die Frühgeschichte der K.P.CE, (L’histoire des débuts du P.C. autrichien), Vienne, 1970.

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