MEISEL Josef

Né le 18 avril 1911 en Autriche-Hongrie, mort le 11 février 1993 à Vienne (Autriche) ; militant responsable du Parti communiste autrichien.

Né dans une famille juive, d’un père charpentier, Josef Meisel devint lui-même apprenti charpentier et commença à militer dans l’organisation social-démocrate de l’Enfance et de la Jeunesse. En octobre 1925, il adhéra à l’Union de la Jeunesse communiste et devint, à partir de 1929, un membre actif du parti communiste autrichien (Kommunistische Partei Österreich, KPÖ) et assuma diverses responsabilités dans l’organisation viennoise du Parti communiste.
À Vienne, il combattit les opinions conservatrices et fascistes qui rencontraient un succès croissant et contre la tentation autoritaire du chancelier Dollfuss, contre l’austrofascisme.
En février 1934, il participa à une tentative de soulèvement populaire menée par les partisans socialistes et communistes contre le régime. Le soulèvement fit réprimé par la police et l’armée. Josef Meisel prit une part active à ces combats. Il émigra par la suite en Tchécoslovaquie où il fut arrêté, puis expulsé et se réfugia en Union soviétique où il y intègra l’École léniniste internationale. Il vécut en Union soviétique jusqu’à l’été 1936, puis revint en Autriche afin d’y accomplir un travail clandestin. Arrêté en novembre 1936, il fut envoyé au camp de concentration de Wöllersdorf, d’où il ne sortit qu’à l’amnistie générale de février 1938.
À sa libération, il observa impuissant l’annexion de l’Autriche et son intégration dans le Reich nazi en mars 1938. Il réussit à s’enfuir d’Autriche fin avril 1938 et, à partir du début de juin, combattit en Espagne dans le bataillon Edgar André des Brigades Rouges internationales.
En février 1939, après la défaite des Républicains, Josef Meisel quitta l’Espagne et traversa la France pour s’installer en Belgique, où se retrouvaient d’autres communistes autrichiens en exil. L’invasion de la Belgique en mai 1940 le ramena vers la France mais les autorités françaises l’arrêtèrent le 10 mai 1940 en tant que communiste ressortissant d’un État ennemi. Il fut interné dans le camp de concentration de Saint-Cyprien dont il s’évada en juillet 1940 pour se cacher dans les Pyrénées, à Cazaux-Debat, où il travailla comme bûcheron. Il reprit rapidement contact avec les communistes français et étrangers actifs au sein de l’organisation de la Main d’œuvre immigrée (MOI). Il participa aux débuts du Travail allemand (TA). Il mena des actions de contre propagande communiste contre la propagande nazie et vichyste, notamment à travers la rédaction de tracts et de feuillets en allemand. Il forma aussi des militants au communisme et à l’action clandestine. En tant qu’agent de liaison, il parcourt le Sud-Ouest de la France et rapporta des informations aux chefs du TA à Paris. Il devint le contact de plusieurs résistants infiltrés dans des organismes nazis installés en France, dont la Wehrmacht. Il fut notamment en lien avec trois hommes : Fritz Weiss (Theodor Bobek), interprète dans un service de l’armée de l’air à Bordeaux, Alfred Lohner dans un service de l’artillerie et Gottfried Ochshorn dans la marine. Ces résistants furent arrêtés en 1943 et déportés et seul Fritz Weiss survécut à la guerre. Mais Josef Meisel ne les accompagna que jusqu’en décembre 1942.
Début 1943, Josef Meisel retourna en effet en Autriche, où il reprit la lutte antinazie. Il se présenta comme Français volontaire pour le travail dans le Reich, et s’installa à Vienne sous le nom d’emprunt de Raymond Mesmer, qu’il avait déjà dans la Résistance en France. Il y fut menuisier et parvint à produire des tracts. Repéré, il fut arrêté par la Gestapo le 17 mai 1943, torturé et déporté, en février 1944, au camp de concentration d’Auschwitz. Il intégra la résistance illégale du camp, le groupe de combat Auschwitz, dirigé en grande partie par des prisonniers polonais. Menacé d’être envoyé à la chambre à gaz, il conçut un plan d’évasion qu’il mit à exécution avec un communiste polonais Szymon Zajdow-Wojnarek. Ils s’enfuirent le 22 juillet 1944 et se cachèrent près de Cracovie, avec l’aide de partisans communistes polonais, jusqu’à l’arrivée de l’Armée rouge qui libèra la Pologne début 1945. En septembre 1945, Josef Meisel revint à Vienne et reprit ses activités de militant communiste et de cadre du parti. Il fut, de 1945 à 1966, secrétaire de la Fédération du Parti communiste de Basse-Autriche et membre du Comité central ; il le demeura jusqu’en 1969. Il épousa en 1947 une survivante de la Shoah, Maria Kabran et deux enfants, naquirent de leur union. Josef Meisel fut l’un des membres fondateurs du Comité international d’Auschwitz en 1952, créé pour lutter contre le négationisme et faire connaitre les atrocités des camps de concentration, dont il a fut témoin et victime. Il fut aussi un membre actif du Centre de documentation et d’archives de la résistance autrichienne (Dokumentationsarchiv des österreichischen Widerstandes).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article197581, notice MEISEL Josef, version mise en ligne le 28 novembre 2017, dernière modification le 4 avril 2020.

SOURCES : Pasteur Paul, Kreissler Félix, éd., Actes du Colloque : les Autrichiens dans la Résistance, Publications de l’Université de Rouen,
Centre d’études et de recherches autrichiennes, 1996, 134p. — Weinzierl Ulrich, Schewig-Pfoser Kristina, Schwager Ernst, Österreicher im Exil Frankreich 1938-1945, eine Dokumentation, Vienne, Österreichischer Bundesverlag, 1984, 249p. — Wikipédia, Article Josef Meisel. — Dokumentationsarchiv des österreichischen Widerstandes [en ligne, consulté le 27 mars 2020]. — Ghetto Fighters House Archives, Article de blog sur les Autrichiens réfugiés à Cazaux, ville du Sud de la France [en ligne, consulté le 27 mars 2020]. — Notice autobiographique transmise à l’équipe du Maitron Autriche. — Notes d’Hélène Simon-Lorière, enseignante au lycée Marie Curie de Sceaux (92), qui a mené un projet de recherche avec ses élèves de 1ère classe européenne allemand sur les militants antinazis germanophones actifs en France entre
1939 et 1945, notamment le travail de Hippolyte Lafrad.

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