MOST Johann

Par Renée Lamberet

Né le 5 février 1846 à Augsbourg (Bavière) ; mort le 17 mars 1906 à Cincinnati (États-Unis) ; journaliste et orateur ; militant et théoricien anarchiste.

Né à Augsbourg (Bavière), d’une famille catholique et de condition modeste, Johann Most apprit le métier de relieur et se forma par sa passion pour la lecture. Athéiste républicain jusqu’à l’âge de vingt et un ans, il devint socialiste en 1867, à La Chaux-de-Fonds. De 1863 à 1868, il alla en Allemagne, Autriche, Italie, Suisse, travaillant un peu partout, puis se fixa à Berlin où il rédigeait un journal socialiste, Die Freie Presse (La Presse libre).
En 1870 commence la période de ses condamnations et emprisonnements en Europe et en Amérique. Élu en 1874, à Chemnitz, député au « Reichsrat » comme social-démocrate (après une condamnation à dix- huit mois de prison pour crime de lèse-majesté), une seconde fois en 1877, il perdit son siège en 1878 et dut émigrer en Angleterre après la promulgation de loi d’exception contre les socialistes.
A Londres, Most fonda son journal, Die Freiheit (La Liberté, janvier 1879), journal rédigé en allemand, d’abord social-démocrate, puis socialiste-révolutionnaire et enfin communiste-anarchiste. En 1880, au congrès de Wyden, Most était exclu du Parti social-démocrate avec son ami Hasselmann. Die Freiheit, par le génie combatif de Most et ses nombreux collaborateurs, fut un organe très varié, à la fois de combat et d’éducation.
Le club allemand de Londres soutenait avec enthousiasme Die Freiheit ; un petit groupe de militants dévoués, animé par John Nève, travaillait en coopération étroite pour l’introduire clandestinement et le diffuser en grandes quantités en Allemagne et en Autriche. Cette propagande dura jusqu’a l’arrestation de Nève en territoire belge par des policiers qui le livrèrent à la police prussienne (21 février 1887).
Quelques années auparavant, Most, sur l’invitation du Club socialiste révolutionnaire de New York, s’embarqua le 2 décembre 1882 pour les États-Unis, où il transféra la Freiheit à New York. C’était l’époque du début du mouvement ouvrier aux États-Unis et des revendications pour la journée de huit heures. Most déploya une très grande activité, effectua des tournées de conférences, rédigea le journal, eut soin de sa diffusion et publia des écrits de propagande ; les plus caractéristiques et de plus grande diffusion sont Die Goltespest (La Peste religieuse) traduite dans presque toutes les langues européennes), Die Eigentumsbestie, Die freie Gesellschaft : ce dernier écrit, publié en 1884, indique que l’idéologie anarchiste de Most à cette époque était encore très proche du collectivisme anarchiste ; ce n’est qu’au début de l’année 1890 qu’il se prononça pour le communisme anarchiste.
Most ne croyait pas en l’évolution pacifique pour le progrès social et il était partisan d’une lutte révolutionnaire violente contre l’ordre social et ses défenseurs. Par suite de sa propagande en faveur de l’armement du peuple, il fut arrêté le 11 mai 1886, puis condamné à un an de pénitencier et transféré à Blackwels Island (ses souvenirs de cet enfer se trouvent dans Die Hoelle von Blackwels Island ; il y resta jusqu’en avril 1887 ; il avait cependant réussi, grâce à des amis dévoués, à faire paraître sans interruption Die Freiheit avec ses propres articles.
Il poursuivit son combat ininterrompu contre les sentences des juges et les condamnations des anarchistes : discours le 12 novembre 1887 à la suite de l’exécution des anarchistes de Chicago, articles contre la condamnation d’A. Berkman à vingt-deux ans de bagne. Enfin, lorsque Czolgocz tua le Président Mac Kinley, Freiheit publia un article de Heinzen, écrit cinquante ans auparavant ; en raison de cet écrit, Most fut encore condamné à un an de prison ; il en, sortait le 11 avril 1903.
Die Freiheit fêta ses vingt-cinq ans le 1er juin 1904. En janvier 1906, Most tomba malade et mourut à Cincinnati au cours d’une tournée de propagande.
Sa vie avait été aussi une lutte continuelle contre l’adversité et l’amenuisement du mouvement anarchiste ; il n’avait pas trouvé en Amérique l’appui des ouvriers américains qui restèrent indifférents à sa propagande ; la grande presse et la police ne laissaient passer aucune occasion de l’attaquer et de l’humilier. Cependant, il ne se découragea jamais, et par son tempérament de lutteur et de rebelle, son style incisif et son éloquence, il maintint une grande activité jusqu’à sa mort.
Il dut aussi aux Etats-Unis répondre à la contradiction que lui porta l’individualiste anarchiste John Tucker.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article197589, notice MOST Johann par Renée Lamberet, version mise en ligne le 23 avril 2019, dernière modification le 12 décembre 2020.

Par Renée Lamberet

ŒUVRE : [Die Gottespest, 1882 ; Anarchismus in einer Nussschale, Münster, Unrast, 2006 ; Memoiren ; Erlebtes, Erforschtes und Erdachtes [1903], Hanovre 1978, 4 vol.

Rudolf Rocker a écrit sa biographie Das Leben eines Rebellen traduite en espagnol : Johann Most, la vida de un rebelde (Prologo de Alejandro Berkman), publiée en deux volumes dans la collection « Pensadores y propagandistas del anarquismo », Ed. La Protesta, Buenos Aires, 1927. Lui-même a fait publier : Memoiren-Erlebtes, Erforschtes und Erdachtes, New York, 1903. Ses écrits les plus importants sont en langue allemande, principalement ses articles pour Die Freiheit
Se référer pour de plus amples précisions au Dictionnaire biographique, Anarchisme.
On pourra dès maintenant se reporter à Ernst Drahn, Johann Most Eine Bio-Bibliographie, Berlin, 1925, 20 p.

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