PETZOLD Alfons

Par Félix Kreissler

Né le 24 septembre 1882 à Vienne ; mort le 25 janvier 1923 ; écrivain et poète ouvrier.

Issu d’une pauvre famille ouvrière, Petzold eut une jeunesse très difficile ; son père n’arriva pas à trouver un emploi stable et le jeune Alfons, tout avide de culture qu’il était, dut se contenter de suivre les cours de l’école primaire et de 1’école d’un couvent. Le père mourut bientôt et Petzold dut désormais aider sa mère qui gagnait la vie de la famille en faisant des ménages.
Atteint d’une tuberculose précoce, Petzold était trop faible pour exercer un métier régulier et il dut bientôt abandonner les différents postes où il s’essaya successivement : manœuvre dans le bâtiment, laveur de vitres, pelleteur de neige, manutentionnaire et porteur de pierres, travailleur dans une usine de cartonnages, etc. Malgré cette vie difficile, Petzold commença tôt à écrire. Ce fut tout d’abord de la poésie sentimentale, des ballades romantiques et des complaintes. Mais bientôt son œuvre devint plus proche de la réalité ouvrière de l’époque. Lui-même a souvent raconté comment il fréquenta la plus ancienne université populaire de Vienne, le « Volksheim », dans l’arr. ouvrier de Ottakring, où les cours du soir l’aidèrent non seulement à acquérir un bagage intellectuel, mais aussi une conviction solide d’étudiant prolétaire. Et il devint ainsi le premier poète du prolétariat autrichien.
Après ses premières publications, Petzold bénéficia de l’amitié et du soutien du député social-démocrate Engelbert Pernerstorfer, rédacteur des pages littéraires de l’Arbeiter Zeitung (Journal des Travailleurs). Mais alors que le talent de Petzold commençait à s’épanouir, la maladie s’empara de lui et, après plusieurs hémorragies, il dut se faire soigner dans le sanatorium de Alland, dans les environs de Vienne. Sa première femme, elle aussi victime de la tuberculose et à laquelle il avait dédié son premier recueil de vers, mourut quelques années plus tard.
Peu à peu, le talent de Petzold fut reconnu et il reçut le prix Bauernfeld, une aide de la société Grillparzer et le soutien du Parti social-démocrate et de la Commission syndicale. Au début de la Première Guerre mondiale, Petzold lui aussi, fut emporté par la vague de chauvinisme, mais, dès 1915, l’enthousiasme céda la place à l’horreur de la guerre et à la pitié envers ses victimes, notamment dans le recueil Der stählerne Schrei (Le Cri d’acier).
Petzold se remaria en septembre 1915 et trois enfants naquirent de cette union. Il se fixa alors au Tyrol, à Kitzbühel, et, peu à peu, un cercle d’amis se rassembla autour du poète, cercle dont fit partie également le célèbre peintre Alfred Kubin.
Les dernières années de sa vie, Petzold les consacra à sa création poétique, à des tournées de conférences et de lecture de ses œuvres. Le 12 novembre 1922 — quatrième anniversaire de la nouvelle République d’Autriche — Petzold donna une lecture publique pour la dernière fois — à la grande Musikvereinssaal de Vienne — devant les ouvriers socialistes. Peu de temps après, la maladie le terrassa.
Petzold a laissé une œuvre abondante et variée (recueils poétiques, nouvelles, romans, etc.) dont lé centre d’intérêt fut la misère et les souffrances ouvrières. De 1910 jusqu’à sa mort en 1923 il publia régulièrement dans l’Arbeiter-Zeitung, l’organe du Parti social-démocrate, entre autres le roman Erde (La Terre) qui parut en feuilleton du 30 juin au 29 juillet 1913.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article197610, notice PETZOLD Alfons par Félix Kreissler, version mise en ligne le 23 avril 2019, dernière modification le 26 mars 2019.

Par Félix Kreissler

ŒUVRES : (choix) : Trotz alledem (Malgré tout), recueil de poèmes, 1910. — Memoiren eines Auges (Mémoires d’un œil), prose. — Seltsame Musik (Etrange musique), poèmes, 1911. — Heimat Welt (Le Monde est ma patrie), recueil poétique, 1913. — Der Dornbusch (Le Buisson épineux), poèmes sociaux, 1919. — Der feurige Weg (Le Chemin ardent), 1920. — Das rauhe Leben, Roman eines Menschen (La rude vie), roman autobiographique, 1920. — Menschen im Schatten (Hommes dans l’ombre), 1921. — Pfad ans der Dämmerung (Le Chemin qui sort des ténèbres). — Einmal werden sich die Tage ändern... (Un jour les temps changeront) Choix de textes et introduction d’Ernst Glaser, Graz, Vienne, 1959.
Signalons une traduction française par Alzir Hella : Histoire d’ouvriers, Paris, Librairie Valois, 1932.

SOURCES : Archiv, n° 3, 1962, pp. 50-54 (Bibliographie complète de l’œuvre), Vienne. — Œsterreich-Lexikon (Dictionnaire de l’Autriche), Vienne, 1967.

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