Par Georges Haupt
Née le 20 février 1879 à Troppau (Opava) en Silésie autrichienne (Pologne) ; morte le 6 avril 1971 à l’hôpital de Bad Ischl ; dirigeante des femmes social-démocrates ; député socialiste.
Née dans une famille extrêmement pauvre, Gabriele Proft dut contribuer dès l’âge de treize ans à l’entretien de sa famille et se plaça à Vienne comme bonne à tout faire. Elle apprit ensuite le métier de couturière. Animée d’un grand désir de se cultiver, elle prit très tôt conscience de sa condition et commença à militer à Ottakring dans un groupe de travailleuses qui devint l’Association professionnelle des travailleuses à domicile. Devenue militante socialiste, elle fut la collaboratrice d’Adelheid Popp au comité des femmes de l’Empire et, lorsque fut créée en 1909 auprès du Parti social-démocrate 1’« organisation politique libre des femmes », Gabriele Proft en devint la secrétaire nationale. Internationaliste pendant la Première Guerre mondiale, elle milita à l’aile gauche du parti dirigée par F. Adler et fut la vice-présidente du cercle « Karl Marx » créé en 1916. Elle fut le porte-parole de la gauche à la conférence du Parti en octobre 1917 et soumit à une critique virulente le réformisme et le « ministérialisme » en la personne de Karl Renner. Ce fut elle qui présenta la déclaration de la gauche qui proclamait : « La Gauche autrichienne se considère comme l’une des branches d’un grand mouvement international qui a trouvé son expression organisée à la conférence de Zimmerwald ».
Gabriele Proft était intimement liée avec Rosa Luxembourg, Clara Zetkin, Luise Kautsky et Adelheid Popp, et elle acquit de la notoriété dans le milieu internationaliste au cours de la Première Guerre mondiale. Après l’effondrement de la monarchie, elle fit partie jusqu’en 1923 du Conseil municipal de Vienne.
En février 1919, elle fut l’une des sept premières femmes élues à l’Assemblée nationale provisoire et elle siégea au « Nationalrat » (Conseil national) jusqu’en 1934. Elle fut à la tête du Comité des femmes social-démocrates et appartint au Comité directeur du Parti. Après le 12 février 1934, elle fut arrêtée et incarcérée jusqu’en octobre de cette même année. Après sa libération elle reprit son activité dans la clandestinité. Elle fut comprise dans la vague d’arrestations qui suivit l’attentat contre Hitler et fut détenue en août et septembre 1944 à Vienne. De nouveau arrêtée en janvier 1945, elle fut internée jusqu’en mars au camp de transit d’Oberlanzendorf.
Dès l’entrée des troupes soviétiques à Vienne, elle prit une part active à la reconstitution du Parti socialiste et fut élue le 14 avril 1945 au Comité directeur provisoire. Elle fut chargée plus particulièrement de la reconstitution de l’organisation des femmes socialistes et devint présidente de son Comité central. Membre du Comité directeur du Parti, un de ses vice-présidents, elle siégea de décembre 1945 à 1969 au « Nationalrat » (Conseil national) et fut pendant plusieurs années vice-présidente du groupe parlementaire socialiste. Présidente d’honneur du Comité central des femmes socialistes d’Autriche et de l’internationale des femmes socialistes, elle resta très active, malgré son grand âge, aussi bien au Parlement qu’au sein de l’Association pour l’histoire du mouvement ouvrier autrichien dont elle fut la vice-présidente.
Par Georges Haupt
ŒUVRE : Der Weg zu uns. Die Frauenfrage im Neuen Œsterreich (Le chemin vers nous. Le Problème des femmes dans la nouvelle Autriche), Vienne, 1945, --- Articles dans la revue socialiste Die Frau (La Femme).
SOURCES : Notice autobiographique. — Adelheid Popp, Der Weg zur Hœhe. Die sozialdemokratische Frauenbewegung in Œsterreich (Le Chemin qui mène aux sommets. Le mouvement social-démocrate des femmes en Autriche), Vienne, 1929. — Handbuch des œsterreichischen National - und Bundesrals, Vienne, 1946. — Rudolf Neck, Arbeiterschaft und Staat im Ersten Weltkrieg 1914-1918 (Les Ouvriers et l’État pendant la Première Guerre mondiale), Vienne, 1964.