SCHNEIDMADL Heinrich

Par Georges Haupt

Né le 20 février 1886 à Gutenstein en Basse-Autriche ; mort le 31 octobre 1965 ; dirigeant socialiste de Basse-Autriche.

Typographe de profession, Heinrich Schneidmadl acquit, en autodidacte, un savoir considérable. Il élargit ses connaissances en particulier en sciences sociales, en fréquentant l’école du Parti social-démocrate. Il exerça son métier à Sankt-Pœlten, puis fut employé et, enfin, journaliste.
Schneidmadl, qui fut condamné pendant la Première Guerre mondiale pour délit politique, fut élu, en février 1919, à 1’Assemblée nationale constituante, siégea jusqu’en 1927 au Parlement, et, jusqu’en 1934, au « Landtag » (Assemblée régionale) de Basse-Autriche. Il fut l’une des figures centrales du groupe social-démocrate de Basse-Autriche, fief de Renner, qui constituait le noyau de l’aile droite dans le parti. Lors de la crise du Parti social-démocrate au printemps de 1933, Renner le proposa au poste de rédacteur de l’Arbeiter Zeitung (Journal des travailleurs) contre Oscar Pollak désigné par Otto Bauer. En octobre 1933, lors du congrès extraordinaire, il fut élu au Comité directeur du parti. Dollfuss laissait alors entendre qu’il ne voulait négocier qu’avec lui et Pius Schneeberger, dirigeant syndicaliste de Basse-Autriche, un modus vivendi avec la social-démocratie. Mais ce partisan résolu de la coalition avec les partis bourgeois prononça à la tribune du « Landtag » de Basse-Autriche, le 31 janvier 1934, un discours courageux contre les fascismes « vert » et « brun ». Le danger fasciste grandissait de jour en jour et Schneidmadl utilisait la seule tribune démocratique encore existante, celle du « Landtag », pour dévoiler la collusion de la « Heimwehr » et des nationaux-socialistes, et pour lancer un appel vigoureux au groupe le plus fort du Parlement de Basse-Autriche, celui des chrétiens-sociaux, afin qu’ils s’unissent aux ouvriers dans la lutte contre les fascismes de toutes tendances. La police empêcha la publication du discours dans les journaux et les exemplaires polycopiés furent saisis.
Face au danger croissant d’un putsch de la « Heimwehr », Schneidmadl, Schneeberger, Helmer et Franz Popp tentèrent, en vain, d’obtenir une entrevue avec le chancelier Dollfuss. Celui-ci refusa, alléguant « qu’il ne voulait pas discuter avec les représentants de l’austro-marxisme teintés de bolchévisme ». Peu de temps après, le 12 février 1934, Schneidmadl fut arrêté et conduit au camp de concentration de Wœllersdorf.
Après le putsch manqué des nationaux-socialistes, le 25 juillet 1934, qui coûta la vie au chancelier Dollfuss, Schneidmadl, libéré, eut une entrevue avec le chancelier Schuschnigg qui se déclara prêt à démocratiser peu à peu le pays. Mais les résistances qui se firent jour tant sur le plan intérieur que sur celui de la politique étrangère coupèrent court aux négociations.
Son caractère conciliant allié à un sens politique aigu firent de Schneidmadl un partenaire estimé dans les controverses politiques. Après l’Anschluss, il maintint le contact avec les vieux sociaux-démocrates et, dès la libération, il prit une part active à la reconstruction du Parti socialiste. Membre du Comité provisoire constitué à Vienne le 14 avril 1945, il fit reparaître l’Arbeiter-Zeitung. Il fit partie du gouvernement provisoire de Karl Renner du 27 avril au 20 décembre 1945 en qualité de sous-secrétaire d’Etat aux édifices publics. A partir de 1946, il édita la revue Sozialistische Hefte (Cahiers socialistes), puis se consacra à la rédaction de ses Mémoires.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article197696, notice SCHNEIDMADL Heinrich par Georges Haupt, version mise en ligne le 23 avril 2019, dernière modification le 9 avril 2019.

Par Georges Haupt

ŒUVRE : Grüner Weg in die braune Hœlle (Le Chemin vert qui mène à l’enfer brun), Vienne, 1934. — Dernier discours au « Landtag » (saisi) : Warnung vor der Katastrophe (Avertissement face à la catastrophe menaçante), Vienne, 1934. — Über Dollfuss zu Hitler (La Voie qui mène à Hitler en passant par Dollfuss), Vienne, 1964.

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