SILBERER Franz

Par Georges Haupt

Né le 7 novembre 1871 à Knittelfeld (Styrie) ; mort accidentellement le 6 janvier 1912 ; ouvrier boulanger ; dirigeant de la Fédération des Travailleurs de l’alimentation ; militant social-démocrate.

Fils de boulanger, Franz Silberer apprit le métier de son père après avoir fréquenté l’école communale pendant cinq ans. Alors qu’il était compagnon, il connut de nombreuses privations, mais acquit une riche expérience. Il fit son tour de compagnon dans les pays alpins et, revenant de Trieste, il travailla, dans les années 90, avec Vinzenz Muchitsch à la boulangerie ouvrière d’Eggenburg, près de Graz, et commença à militer activement, avec les anarchistes, dans le mouvement ouvrier. Pendant deux ans, il fut le rédacteur du journal Freiheit (Liberté) qui paraissait à Graz. On lui infligea des amendes à plusieurs reprises pour délits politiques et de presse. En 1893, il fit quatre mois de prison préventive sous l’inculpation de haute trahison. Les poursuites furent suspendues, faute de preuves. Ensuite, il rejoignit le Parti social-démocrate.
En 1896, il arriva à Vienne et travailla à l’usine de panification « Anker ». Il adhéra à l’union professionnelle des boulangers de Favoriten dont il devint secrétaire. Organisateur efficace, combatif, il fut élu, le 21 avril 1898, président des compagnons de la corporation de la boulangerie viennoise en même temps que secrétaire de la Fédération des travailleurs de l’alimentation et rédacteur du Zeitgeist (Esprit du temps) organe du syndicat qui devint en 1902 la Backer-Zeitung (Journal des Boulangers). En 1899, il mena à Favoriten une grande lutte syndicale pour l’amélioration du salaire et des conditions de travail des ouvriers boulangers. Dirigeant syndical adroit, habile négociateur, il donna une puissante impulsion à son organisation et fit aboutir des revendications importantes. Sa diplomatie syndicale permit la conquête d’un statut uniformé pour toutes les associations de boulangers ; il imposa une enquête officielle sur le temps de travail dans la boulangerie et fut avec Muchitsch le pionnier de la protection du travail des boulangers. On lui doit notamment l’obtention d’une journée de congé hebdomadaire, l’abolition de la pension et du logement obligatoires ainsi qu’une bonne partie des règlements concernant le temps de travail. Membre de la Commission syndicale d’Autriche-Hongrie, il parvint lors des élections de 1911 à conquérir un mandat au « Reichsrat » (Conseil d’Empire) en battant le député sortant chrétien-social.
Le 6 janvier 1912, au retour de négociations à Laibach (Ljubljana), Silberer, qui prenait quelques jours de repos, fut victime d’une avalanche alors qu’il faisait du ski. Sa mort tragique fut le point de départ d’une campague de calomnies déclenchées par ses adversaires politiques, notamment de la part du journal Reichspost (Courrier de l’Empire). Comme, pendant longtemps, on ne put retrouver son corps, ses adversaires l’accusèrent d’avoir détourné l’argent du syndicat ; ils affirmèrent que Silberer avait été vu à New York. La campagne de calomnies était destinée à influencer les électeurs aux élections municipales de 1912 ; elle dura jusqu’à ce que fût retrouvé le corps de Silberer, le 3 juin 1912. Sa mort porta un coup d’autant plus grave au mouvement ouvrier autrichien qu’elle faisait suite à toute .une série d’accidents mortels survenus à d’autres militants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article197711, notice SILBERER Franz par Georges Haupt, version mise en ligne le 23 avril 2019, dernière modification le 26 décembre 2019.

Par Georges Haupt

SOURCES : Hans Berka, Berühmte Lebensmittelarbeiter (Travailleurs de l’alimentation célèbres), Vienne, 1959. — « Der Fall Silberer » (L’affaire Silberer), Archiu, 1962, n° 2, pp. 31-34.

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