STEINITZ Heinrich

Par Franz Vogel

Né le 30 août 1879 à Bielitz en Silésie autrichienne ; mort à Auschwitz fin 1942 ; avocat ; écrivain et poète socialiste.

Fils d’un médecin, H. Steinitz fréquenta le lycée de sa ville natale. Dès cette époque, il manifesta un intérêt passionné pour la littérature et écrivit des drames et des poèmes. A dix-huit ans, il alla faire son droit à Vienne et passa son doctorat.
En 1915, mobilisé dans l’armée autrichienne, Steinitz fut envoyé sur le front russe où il fut fait prisonnier en 1916. Il parvint à s’évader et rentra en Autriche en 1918.
Durant sa captivité en Russie, il acquit la conviction que seul le socialisme pourrait permettre d’éviter une nouvelle guerre. Aussi, dès son retour, il adhéra à l’Association socialiste des Travailleurs intellectuels et se mit, au moment de l’effondrement de la monarchie austro-hongroise, à la disposition du Parti social-démocrate d’Autriche, bien qu’il souffrît de la malaria contractée lorsqu’il était prisonnier. Il fut conseiller juridique du Conseil central ouvrier pour toute l’Autriche et, au cours des années suivantes s’occupa principalement des problèmes de l’éducation populaire. A cette époque, il écrivit aussi quelques pièces de théâtre sur des héros révolutionnaires, pièces qui furent représentées en diverses occasions.
A la fin des combats de février 1934, Steinitz se chargea d’organiser la défense des membres du « Schutzbund » (Ligue de protection républicaine) qui avaient été arrêtés et emprisonnés pour avoir participé aux luttes du 12 février, puis il plaida en faveur des socialistes ou communistes, qui combattaient clandestinement contre le fascisme des « Heimwehren », notamment ceux du grand procès des socialistes révolutionnaires en mars 1936. A cette époque, il établit la liaison avec les partis socialistes étrangers et organisa le soutien financier et politique des détenus. Il était constamment surveillé par la police, mais ses relations avec d’éminentes personnalités étrangères le sauvèrent de l’arrestation.
Il consacrait les rares loisirs dont il disposait alors à son ouvrage Tilman Riemenschneider im deutschen Bauernkrieg (Tilman Riemenschneider et la guerre des paysans en Allemagne.). Le livre fut publié sous le pseudonyme de Karl Steinitz. Il commença ensuite une étude sur Kleist, mais il ne put l’achever : dès le 13 mars 1938, immédiatement après l’entrée des troupes allemandes qui entraîna la relève de la police autrichienne par la Gestapo, il fut arrêté. Après une courte détention, il fut envoyé au camp de concentration de Dachau, puis à celui de Buchenwald et, à l’automne 1942, au camp d’Auschwitz. Ces quatre années et demi de souffrances ne brisèrent pas sa force de caractère. Il demeura fidèle à ses convictions et sut conserver un esprit alerte. Il composait de nombreux poèmes pleins d’espoir qu’il apprenait par cœur. Ils ne furent jamais écrits et ils disparurent avec lui. Steinitz fut gazé à la fin de 1942. En septembre de cette même année, sa mère, âgée de 90 ans, avait été également déportée.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article197725, notice STEINITZ Heinrich par Franz Vogel, version mise en ligne le 23 avril 2019, dernière modification le 10 avril 2019.

Par Franz Vogel

ŒUVRES : Schœffen und Geschworene. Eine Einführung in das œsterreichische Strafrecht und Strafverfahren (Echevins et jurés. Introduction au droit pénal et à la procédure pénale en Autriche), Vienne, 1928, 120 p. — Tilman Riemenschneider im deuischen Bauernkrieg (Tilman Riemenschneider dans la guerre des paysans allemands), Vienne 1937.

SOURCES : Dokumentationsarchiv des œsterreichischen Widerstandes, Wien.

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