Par Franz Vogel
Né le 16 février 1869 à Iglau, en Moravie du Sud ; mort à Moscou le 25 août 1936 ; professeur d’anatomie à l’Université de Vienne ; sous-secrétaire d’État à la santé publique en 1919-1920 ; pionnier de la mise en œuvre d’une médecine sociale.
Le père de Julius Tandler, commerçant à Iglau, alla s’installer à Vienne ; mais il fit de mauvaises affaires et la famille s’appauvrit. Julius dut donc, par des travaux occasionnels et des leçons particulières, non seulement subvenir à ses besoins et payer ses études, mais aussi aider à l’entretien de ses huit frères et sœurs plus jeunes. En dépit de ces difficultés, il termina ses études de médecine. En 1893, il travailla comme démonstrateur en anatomie sous la direction du professeur Zuckerkandl, puis il fut nommé assistant en 1895. Professeur sans chaire à l’Université de Vienne en 1902, il succéda, en 1910, au professeur Zuckerkandl à la chaire d’anatomie du premier Institut d’anatomie de l’Université de Vienne ; de 1911 à 1917, il fut doyen de la Faculté. Il acquit la réputation d’un anatomiste de premier plan et donna à l’institut une renommée internationale. En 1919, il fut élu au conseil municipal de Vienne et, bien qu’il n’appartînt pas encore au Parti social-démocrate, il devint, la même année, sous-secrétaire d’État à la Santé publique dans le gouvernement Renner en raison de ses conceptions sociales avancées. Il remplit cette fonction jusqu’en 1920. Il accomplit son œuvre sociale la plus importante en tant que sénateur de la ville de Vienne élu en octobre 1920 avec l’appui de la majorité social-démocrate de la municipalité viennoise. Il mit en place des centres de soins et de prévoyance pour enfants et pour adolescents, des centres de consultation destinés aux couples et aux mères, des institutions prenant en charge les enfants socialement menacés, des sanatoriums pour lutter contre la tuberculose ; enfin il institua la distribution de layette à tout nouveau-né. Des jardins d’enfants qui acquirent une renommée internationale furent construits selon les principes les plus modernes d’hygiène et de pédagogie. Il transforma les humiliants secours aux pauvres attribués par l’assistance publique dans la période d’avant-guerre et mit en place des services d’assistance sociale dont le personnel était salarié, des conseils d’assistance sociale « père des pauvres » composés de gens du peuple qui remplacèrent les paternalistes. « Ces réalisations modèles donnèrent à Vienne, aux yeux du monde entier, la réputation de « ville la plus sociale ». Tandler décrivait son activité comme « la construction quotidienne d’une digue contre les crues de la misère », mais ses adversaires politiques estimaient que cette révolution dans l’assistance était une véritable « inflation » d’assistance sociale.
En 1933, il fit une série de conférences à l’étranger. Il était en Chine lors de l’insurrection de février 1934. Il rentra peu après à Vienne, fut arrêté, puis mis à la retraite anticipée. Il se rendit alors à Moscou où il fut invité à réorganiser le service social et de santé. Il y mourut le 25 août 1936.
Par Franz Vogel
ŒUVRES : Krieg und Bevœlkerung (Guerre et population), 1917. — » Die Rätewirtschaft in den Spitälern » (L’Economie des conseils dans les hôpitaux), in Wiener Medizinische Wochenschrift, hebdomadaire médical viennois, 1921. — Mutterschaftszwang und Bevœlkerungspolitik (Maternité forcée et politique démographique). — Ehe und Bevœlkerungspolitik (Mariage et politique démographique) 1924. — Wohltätigkeit oder Fürsorge ? (Bienfaisance ou assistance sociale ?), Vienne, 1925. — Volk in China, Erlebnisse und Erfahrungen (Le Peuple en Chine, impressions et expériences), 1935. — Lehrbuch der systematischen Anatomie (Manuel de l’anatomie systématique), Vienne, 4 volumes, 1929.
SOURCES : A. Gœtzl, R.A. Reynolds, Julius Tandler. A biography, San Francisco, 1944, 63 p.— Werk und Widerhall. Grosse Gestalten des œsterreichtschen Sozialismus (L’Œuvre et son écho. Grandes personnalités du socialisme autrichien), édité par Norbert Leser, Vienne, 1964. — F. Czeike, Julius Tandler, in Wiener Schriften, vol. XI.