CHENOCHOWITCZ Fanny

Par Lynda Khayat

Née le 9 août 1926 à Paris, déportée le 18 juillet 1943 à Auschwitz, où elle trouva la mort ; militante des Jeunesses communistes, arrêtée le 23 mars 1943 par des inspecteurs de la Brigade spéciale, internée au camp de Drancy, sur ordre des autorités allemandes, le 17 avril 1943.

Fille aînée d’immigrés juifs polonais originaires de Piotrków arrivés en France après la Première Guerre mondiale, demeurant rue Basfroy à Paris (XIe arr.), dont le père fut tantôt menuisier ébéniste, tantôt brocanteur ambulant sur le marché de Saint-Ouen, elle suivit très jeune l’engagement politique de ses parents, tous deux militants communistes, en rejoignant les rangs des JC. De nationalité française par déclaration, elle était titulaire du certificat d’études primaires.
Le 23 mai 1941, le commerce de son père - naturalisé français en août 1931 - fut doté d’un commissaire-gérant. Sa mère, Perla Chenochowitcz, effectua, en faveur des familles de Juifs déportés, des collectes pour l’organisation clandestine Solidarité liée à la sous-section juive de la MOI du PCF. Accusée de propagande communiste, internée à la Caserne des Tourelles le 18 avril 1942, elle fut transférée au camp de Drancy, puis déportée le 22 juin de la même année à Auschwitz, où elle trouva la mort. Son père Herzilk fut interné le 17 juillet 1942 au camp de Drancy sur ordre de la Police aux Questions juives (service allemand IV. J), transféré au camp de Pithiviers le 4 septembre, il fut déporté le 21 du même mois à Auschwitz, où il trouva la mort, tandis que quinze jours plus tard, on procédait à la liquidation de son commerce en vertu de la législation antisémite.
Après la déportation de ses parents, elle resta seule avec sa sœur sans autres moyens d’existence que ceux accordés par l’UGIF. Leur logement de la rue Basfroi devint le lieu de réunions clandestines des Jeunesses communistes. Connue dans l’illégalité sous le pseudonyme de Paulette, elle fut chargée de confectionner à son domicile des paquets de tracts, répartis ensuite entre les différents groupes de diffusion du quartier.
Fanny Chenochowitcz fut arrêtée au matin du 23 mars 1943 à son domicile à la suite d’une longue filature menée par les services de la Brigade spéciale de la Préfecture de police contre les militants de la MOI du Parti communiste clandestin. Elle refusa de leur ouvrir sa porte qui céda sur l’intervention d’un serrurier. Sa jeune sœur Simone, âgée de treize ans, fut confiée à une amie, Madeleine Etynger, demeurant sur le même palier. La perquisition effectuée amena la découverte de trois cents tracts du journal clandestin J’accuse, organe du Mouvement national contre le racisme, lié à la sous-section juive de la MOI du PCF, qui lui avaient été remis par Fanny Jakubowska, alias Estelle, militante alors en fuite. Conduite au dépôt de la Préfecture et mise à la disposition des autorités allemandes, elle fut internée au camp de Drancy le 17 avril et déportée le 18 juillet 1943 à Auschwitz, où elle trouva la mort. De l’ensemble de sa famille, seule sa jeune sœur, Simone, demeurée cachée, échappa à ce sort.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article19776, notice CHENOCHOWITCZ Fanny par Lynda Khayat, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 23 juin 2017.

Par Lynda Khayat

SOURCES : Arch. Nat. 19940508 art. 494 Fichier central de la Sûreté Nat. ; Natural. BB__ 13735 X 27 Chenochowitcz Fanny, Natural. 19770873 art. 74 BB__ 15926 X 31 Chenochowitcz Herzilk ; AJ 38 art. 2889 bis dos. 3413/66 Chenochowitcz ; F 9 art. 5608 Fichier familial de la PPo. de la Seine, F 9 art. 5637 Fichier indiv. de la PPo. de la Seine, F 9 art. 5685 Fichier du camp de Drancy, F 9 art. 5753 Fichier du camp de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande. — Arch. PPo. BS 2 GB 125 Affaire MOI de Puteaux concernant Sosnowski, Krasucki (mars 1943), BS 2 Fonds photo. de l’identité judiciaire.

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