CHENUIL Aristide, Alphonse, Rémy

Par Daniel Grason, Jean Maitron

Né le 10 avril 1912 à Levallois-Perret (Seine, Hauts-de-Seine), mort le 13 juin 1985 à Courcouronnes (Essonne) ; ferreur en carrosserie, ajusteur ; militant communiste ; volontaire en Espagne républicaine ; résistant.

Aristide Chenuil était le fils d’un chauffeur de taxi (conducteur d’automobile selon l’acte de naissance) qui fut membre du parti socialiste italien, jusqu’à sa mort en 1920. Sa mère était née en Italie.
Il demeurait 4, rue Baudin, à Levallois-Perret (Seine, Hauts-de-Seine), il s’était marié en avril 1930 dans ca commune natale et était père de cinq enfants. A l’issue de l’école primaire, il obtint son CEP. Sous l’influence de sa mère, sympathisante communiste et anticléricale, il participa aux manifestations de 1927, pour la libération de deux anarchistes italiens, Sacco et Vanzetti, condamnés à mort, ils furent exécutés sur la chaise électrique dans la nuit du 22 au 23 août 1927 aux États Unis.

Il obtint sa naturalisation en 1933, fit un an de service militaire (1933-1934) au 24e Régiment de ligne, mitrailleur. Sa profession de ferreur en carrosserie, ajusteur lui permit de travailler régulièrement, Levallois-Perret, capitale des compagnies de taxis, comptait de nombreux garages de mécanique et de carrosseries. Il fut ouvrier chez Antem et Monroix, rue de Villiers, (cent vingt travailleurs) et Million Griset, rue Greffülhe, (deux cents cinquante). Il adhéra à la CGT, fut membre de la commission exécutive des Métaux qui se réunissait rue Cavé, il s’occupa de la propagande, milita avec Torchio, secrétaire syndical des Métaux.

Il adhéra au parti communiste, fut secrétaire de cellule là où il travaillait, connaissait Lucien Marrane, secrétaire du rayon de Clichy-Levallois-Perret. Aristide Chenuil était lecteur de l’Humanité, L’Avant-Garde, Correspondance internationale et de brochures éditées par le parti communiste, dont l’une sur Le Capital de Karl Marx qu’il avait commencé et A.B.C. du communisme de Nicolas Boukharine.
Il participa aux manifestations du Front populaire, à la contre-manifestation du 16 mars 1937, à Clichy contre la tenue d’une initiative du Parti Social Français (PSF) du colonel de La Rocque, à Clichy, il y eut une centaine de blessés et six morts par balles parmi les antifascistes.

Il arriva en Espagne le 29 mai 1937, Aristide Chenuil écrivit dans sa biographie du 29 juin 1938, qu’il avait deux objectifs : « abattre le fascisme et aider à l’instauration des Soviets en Espagne ». Il fut affecté à la XVe Brigade internationale, puis à la XIVe, 10e bataillon, compagnie de mitrailleuses. Il fut des combats de Brunete et Vadelmorillo (Juillet 1937), Santa-Maria, Cuesta de la Reina (octobre), bataille d’Aragón (mars 1938) et de l’Ebre (juillet 1938), il fut blessé lors d’un combat. Il fut rapatrié le 28 juillet 1938.

Pendant la guerre, il participa à la résistance, le 11 février 1942, Yves Kermen était arrêté à la station quai de la Rapée, une femme dite Claudia réussissait à prendre la fuite. Le 25 mars une information signalait que Chenuil recrutait des exécutants d’actes terroristes, il fut filé. Il ne fut pas le seul, la Brigade spéciale n° 2 déploya dix inspecteurs sur le terrain, des « fileurs » de la Brigade spéciale n° 1 prêtèrent main forte à leurs collègues. Entre le 27 mars et le 15 mai, soixante-huit résistants furent repérés. Lors d’un vaste coup de filet, ils furent arrêtés, il y eut vingt-cinq condamnations à mort, la plupart des autres furent déportés. Parmi les condamnés à la peine capitale, Claudia, Françoise Bloch-Sérazin, guillotinée à Hambourg (Allemagne) le 12 février 1943 ; Henri Douillot et Paul Thierret, arrêtés le 18 et 16 mai 1942, fusillés au stand de tir du ministère de l’Air, XVe arr., le 21 octobre 1942 Douillot, le 5 novembre 1942 Thierret.

Arrêté le 16 mai, Aristide Chenuil fut détenu dans les locaux des Brigades spéciales, puis au dépôt où il retrouva son chef de groupe Paul Thierret qui avait été très sévèrement tabassé par des coups de nerf de bœuf portés sur le visage. Aristide Chenuil fut détenu à la Santé, puis à Fresnes, il fut libéré en février 1943, sans avoir été jugé. Par la suite, il s’engagea dans les FFI. En 1975, il était membre de l’AVER à Levallois-Perret.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article19782, notice CHENUIL Aristide, Alphonse, Rémy par Daniel Grason, Jean Maitron, version mise en ligne le 9 juin 2011, dernière modification le 9 septembre 2014.

Par Daniel Grason, Jean Maitron

SOURCES : Arch. AVER. – RGASPI 545.6.1121, BDIC mfm 880/9. – Arch. PPo, KB 8, KB 18, KB 102, KB 103. – Marie-Cécile Bouju, La production des maisons d’édition du PCF (1921-1956), 1999. – Etat civil.

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