STROZ Jozef

Par Michelle Destour

Né le 10 février 1924 à Champagnac-les-Mines (Cantal) ; résistant tué au combat le 20 juillet 1944 à La Versanne (Loire) lieu-dit « Les loges de Monteux » ; mineur ; soldat des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI).

Parfois orthographié STROZ Joseph.

Jozef Stroz était le fils de Jan Stroz, ouvrier mineur, et de Marjanna Skibicka originaires de Lidzbark (Pologne). Il avait une soeur, Felicia née à Lidzbark en 1922 et trois frères tous nés aux Plattes, quartier de Bois-de-Lempre à Champagnac-les-Mines, Jean décédé à l’âge de 3 mois en 1926, François né en 1927 et Edouard né en 1930. La famille Stroz avait ensuite quitté le Cantal pour Le Chambon-Feugerolles (Loire).

Célibataire ; domicilié 18, cité Trémollin au Chambon-Feugerolles (Loire).

Début juin 1944, un groupe de résistants composé en majorité de mineurs d’origine polonaise et d’une jeune femme, s’était d’abord installé dans des bâtiments de ferme entre le col de la République et Saint-Genest-Malifaux (Loire). Le 12 juillet 1944, sept d’entre eux participèrent à une opération de réquisition : un camion, intercepté sur la Nationale 82, fut conduit à Saint-Régis-du-Coin (Loire) à la villa du président de la Légion des Combattants du canton par ailleurs administrateur du Nouvelliste, journal vichyste lyonnais. Sur place, les maquisards saisirent les denrées alimentaires qu’ils chargèrent sur le véhicule et l’affaire fit grand bruit dans le voisinage. Le propriétaire déposa plainte auprès des autorités d’occupation, plusieurs dénonciations parvinrent à la Kommandantur et la Feldgendarmerie de Saint-Etienne fut chargée de faire cesser les pillages qui se succédaient dans le secteur. Vers le 16 juillet, le groupe de maquisards, contraint de quitter son refuge, s’installa quelques kilomètres plus loin, dans une ferme inhabitée des Grands-Bois au lieu-dit « Les loges de Montheux » sur la commune de La Versanne. On ne les perdit pas de vue pour autant : « Ils sont encore par là ; ce matin deux d’entre eux étaient sur la route à proximité de l’Hôtel du Grand-Bois, l’un armé d’une mitraillette et l’autre d’un fusil de chasse… déclara à la police allemande la délatrice la plus zélée ; elle aurait même ajouté : « le patron les ravitaille en boissons et il y a souvent avec eux un GMR qui habite sur la route de Bourg-Argental … et qui répare leurs motos. ». Une intervention sur les lieux fut lancée le 20 juillet par la Feldgendarmerie avec l’aide de la Gestapo allemande et d’agents français.
Au petit matin, une troupe, d’environ 400 soldats sur des camions, accompagnée de voitures de tourisme, fut déployée sur le secteur : les allemands formèrent des barrages sur toutes les routes et encerclèrent l’Hôtel du Grand-Bois situé sur la RN82. L’établissement fut fouillé et le registre contrôlé : une seule cliente, accompagnée de sa fille en bas âge, fut sortie de sa chambre pour être interrogée et le patron fut requis pour indiquer le chemin jusqu’aux Loges de Montheux, à quelques centaines de mètres. Plus bas, sur la route, deux cyclistes furent interpellés par les agents de la Gestapo : l’un d’eux, Jean Goyet, Garde Mobile Républicain en congé, porteur d’une arme qu’il aurait justifiée par son statut de policier, dut de les suivre ; l’autre put continuer son chemin vers Saint-Etienne. Ainsi bien renseignés sur les lieux, tous les allemands avancèrent vers le refuge et la troupe se positionna en éventail autour de la ferme. A proximité, des paysans travaillant dans leurs champs allèrent être témoins du combat et en rapportèrent le récit. La fumée sortait de la cheminée, un maquisard qui se rasait devant la maison cria « Les voilà ! » et il tomba le premier sous le feu des mitraillettes. Les autres se réfugièrent à l’intérieur et ripostèrent mais ne purent faire face très longtemps devant le nombre d’assaillants et la soudaineté de l’attaque ; à court de munitions, ils durent se rendre. Trois hommes, dont le chef du groupe mains liées dans le dos, furent d’abord faits prisonniers puis passés par les armes derrière la maison, avec un quatrième, blessé au ventre. Plus loin dans la prairie, les soldats allaient poursuivre leur triste besogne, achevant d’au moins une balle dans la tête tous les autres partisans souvent déjà blessés, ainsi qu’en témoigne la description des corps dans l’état-civil. Joseph portait des plaies au thorax, à la jambe gauche et à la tête.
L’acte de décès établi pour un « inconnu » a été modifié par un jugement du Tribunal de Saint-Etienne. Joseph Stroz est Mort Pour La France. Son nom figure sur le Mémorial de La Versanne aux loges de Montheux, sur le Monument aux Morts du Chambon-Feugerolles.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article197824, notice STROZ Jozef par Michelle Destour, version mise en ligne le 3 décembre 2017, dernière modification le 13 mars 2022.

Par Michelle Destour

SOURCES : AVCC Caen, AC 21 P 161258, dossier Joseph Stroz (nc). — Arch. Dép. du Cantal (État civil, recensements). — Notes de Patrick Bec. — Arch. Dép. Rhône : Mémorial de l’Oppression, cote 3808W833. – Mémoire des Hommes. – memorialgenweb. - État civil de la Versanne (Loire).

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