Par Daniel Grason
Née le 21 février 1918 à Paris (XIIe arr.), morte en 1986 à Almaty ex. Alma-Ata (Kazakhstan) ; dactylo ; militante communiste ; résistante ; déportée.
Fille d’Élie Kotler et de Marie Lobanoff, étudiante, Esther Kotler fut légitimée par le mariage de ses parents le 23 juin 1925 à Paris (XVIIIe arr.). Elle habita chez sa mère 38 rue de la Chapelle à Paris (XVIIIe arr.). Elle alla à l’école primaire, obtint le CEP. Elle milita aux Jeunes Filles de France au Foyer de La Chapelle, Esther Kotler travailla pendant un an au siège de la Fédération des Jeunesses communistes, rue d’Hauteville à Paris (Xe arr.).
Mère célibataire d’un garçon de huit ans (Georges Alain Le Berre), enceinte de cinq mois (ce sera Lilly), elle quitta le domicile familial pour le 3 rue Bellot à Paris (XIXe arr.). Elle aurait rencontré en février 1943 par hasard un militant des ex-Jeunesses communistes surnommé « Tout Petit », elle lui parla de ses difficultés de ravitaillement. Il lui donna un rendez-vous et lui donna quelques feuilles d’alimentation.
Á un second rendez-vous en mars « Tout Petit » lui apporta des cartes d’alimentation, mais il était accompagné d’un de ses camarades. Celui-ci demanda à Esther un service, se charger d’une commission, il lui confia des lettres, elle accepta à deux ou trois reprises.
« Tout Petit » lui présenta « Bernard » qui lui présenta le Responsable des Cadres. Elle assura la liaison de « Bernard » avec « Jules » (Galo Bordèje). Une carte d’identité en blanc fut donnée à Esther Kotler, elle porta dessus l’identité d’une de ses camarades de bureau « Denise Metral ». Elle loua sous cette identité un local 80 rue de Bondy. Au mois de mai, elle devint l’amie d’Albert Rose qui vivait comme elle dans le quartier de La Chapelle.
Le 10 octobre 1943, un inspecteur de la BS2 l’interpella à son domicile de la rue Bellot. Fouillée à son arrivée dans les locaux des Brigades spéciales, la femme policière qui la fouilla trouva un papier qui portait les prénoms de « Bernard », « Jules » et « René ». Esther Kotler était inconnue des différents services policiers, l’un nota qu’elle était d’origine juive.
Interrogée elle affirma avoir ignoré la destination exacte du local, « J’ai toujours pensé qu’il s’agissait d’un dépôt pour du matériel de propagande. Jamais personne ne m’a dit qu’il y avait des armes entreposées. » Elle déclara qu’au début du mois de juin elle avait fait part à « René » de son souhait de quitter l’organisation, celui-ci réagit durement… Début juillet elle lui annonça qu’elle ne viendrait plus aux rendez-vous. Elle rendit néanmoins un dernier service à l’organisation, elle alla chercher la quittance de juillet du local du 80 rue de Bondy, mais la concierge ne l’avait pas.
Elle soutint qu’elle n’avait jamais été rétribuée par l’organisation, elle affirma ignorer tout « des attentats qui ont été commis […] personne ne m’a mis au courant. » Le matériel entreposé rue de Bondy était contrôlé par André Joineau.
Incarcérée, Esther Kotler était le convoi de cent quatre-vingt-treize femmes à destination de Ravensbrück (Allemagne). Classée « NN » Nacht und Nebel (Nuit et Brouillard), ce qui signifiait condamnée à disparaître, elle était emprisonnée à Lauban, lieu situé à l’ouest de Breslau. Cette prison était dédiée aux « NN » avant leurs comparutions devant le tribunal de Breslau. Esther Kotler a été ensuite déportée à Ravensbrück (Allemagne), puis à Mauthausen (Autriche). Le 5 mai 1945 les troupes américaines libéraient le camp, matricule 79975 Esther Kotler avait survécut aux épreuves.
Esther Kotler a été homologuée Déportée internée résistante (DIR) et FFI.
Son petit-fils François Kotler, fils de Georges Alain Le Berre, témoignait de la suite de son parcours : « Après avoir été rapatriée en France, Françoise, avec ces enfants, elle fut expulsée en 1947, par le gouvernement français à cause de son activité communiste au sein du Snecma. Tous les trois, à ma connaissance n’ont plus jamais revu la France. Ils ont vécu en République Démocratique d’Allemagne (à Potsdam puis, je crois a Berlin) ou mon père et sa sœur ont changés leur nom de Le Berre en Kotler de façon à rendre plus aisées les démarches administratives de leur père. Ensuite, ils ont déménagé encore un fois en 1955 en URSS (Marie Lobanoff) où ils ont atterris à Alma-Aty (capitale de la république du Kazakhstan). Françoise Kotler est décédée en 1986 à Alma-Aty, et mon père en 2004 à Moscou . »
Par Daniel Grason
SOURCES : Arch. PPo. GB 136 (transmis par Gérard Larue), PCF carton 15, rapports hebdomadaires sur l’activité communiste pendant l’Occupation. – Bureau Résistance GR 16 P 322373 – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. — État civil.— Renseignements fournis par sa famille en août 2018. — Holocaust Survivors and Victims Database (Serge Klarsfeld, Georges Dreyfuss). — Notes de François Kotler.