MÉROT Jean, Désiré, Pierre, pseudonyme dans la Résistance : Marcel

Par Jean-Marie Guillon

Né le 23 novembre 1919 à Asnières (Hauts-de-Seine), mort en août 1996 à Asnières ; employé des PTT, puis journaliste ; militant communiste ; responsable de la Jeunesse communiste (JC) clandestine ; déporté.

Fils d’Hyppolite Mérot et de Marie Pigeaux, Jean Mérot était employé des PTT comme manipulant au bureau de Paris, 7e. Célibataire, il résidait à Asnières avec sa mère qui était veuve. Il adhéra à la Jeunesse communiste à seize ans en 1935 et il en fut le responsable pour Paris Ouest. Révoqué par son administration après la dissolution du parti communiste, il remplaça alors Pierre Georges à la direction des cinq régions de la JC en Ile-de-France. Mobilisé le 8 juin 1940, il fut affecté au 38e Génie à Montargis (Loiret) puis, après la défaite, versé aux 22e Chantier de Jeunesse à Meissex (Puy-de-Dôme). Il reprit contact avec le Parti communiste à Clermont-Ferrand. Il rédigea ou diffusa un journal clandestin, ce qui le conduisit à la prison du camp militaire disciplinaire de Bourg-Lastic, dont il s’évada en décembre 1940. Il se rendit à Lyon (Rhône) où il fut mis en relation par Victor Joannès avec Pierre Georges qui, à Marseille, dirigeait la région Sud-Est de la JC. Avec pour pseudonyme Marcel, il arriva à Marseille pour la Noël 1940 mais fut mal reçu, Georges ayant oublié de lui donner la moitié du ticket qui servait de reconnaissance. Il dut le faire venir pour le présenter. Il prit sa suite comme interrégional JC. Poursuivant le travail entamé par Pierre George, il se rendit en particulier à Toulon (Var) pour prendre contact avec le responsable JC, Paul Pelliccia. Peut-être rencontra-t-il aussi Albert Mencarelli qui était l’un de ses adjoints. L’arrestation d’un groupe de jeunes militants entraina la chute de la direction de la JC fin janvier 1941. Seul, Mencarelli put s’échapper et se réfugia à Marseille. La direction régionale du PCF l’intégra à la direction des JC de la ville, mais celle-ci était surveillée. Elle fut décapitée le 30 mars 1941. Mencarelli et Mérot avait été suivis en allant récupérer la presse à épreuves qu’ils avaient commandée à une fonderie de la ville. Mérot, qui était hébergé chez Raymonde Nédélec, dans le quartier de la Belle-de-Mai, se réfugia chez un militant qui habitait le même immeuble en entendant la police arriver. Il fut arrêté chez celui-ci, Don-Charles Caratini, non sans avoir essayé de s’échapper. Il fut trouvé porteur d’une fausse identité – Étienne Lunet de la Jonquière -, d’un livret militaire fourni par des camarades lors de son départ du Chantier de Jeunesse, mais aussi, entre autres documents, d’un feuillet du livret militaire de Pierre Georges réformé temporaire le 14 septembre 1940 à Brive. Il reconnut être responsable de la JC de la région Sud-Est, soit onze départements allant de l’Aveyron aux Alpes-Maritimes et de la Corse à l’Ardèche et à la Drôme, et avoir la liaison avec le comité central et le bureau régional des Bouches-du-Rhône. Il refusa de donner les noms de ses contacts et les lieux où il s’était rendu. Il n’avoua connaître que Raymonde Nédélec sous le pseudonyme de Marcelle en tant que membre du bureau régional JC, tout en refusant de donner sa fonction. De son côté, Mencarelli passa aux aveux et chargea ses camarades. Leur procès eut lieu devant la section spéciale du 1er Tribunal maritime de Toulon les 6 et 7 octobre 1941. Inculpé d’« entreprise de démoralisation de l’armée et de la Nation », Mérot fut condamné à mort. Cette condamnation donna lieu à une importante campagne par tracts et journaux clandestins du PC et du Front national en sa faveur. Mérot fut gracié par l’amiral Darlan et sa peine commuée en travaux forcés à perpétuité. À la prison Saint-Roch de Toulon, il donna des cours à ses codétenus et resta en liaison avec l’extérieur qui lui faisait parvenir, paraît-il, l’Humanité. Il tenta de s’évader avec Charles François et Jean-Baptiste Angeli arrêtés et condamnés en même temps que lui, dans la nuit du 14 au 15 février 1943. Ils furent surpris en sciant les barreau de leur cellule alors que des complices les attendaient à l’extérieur et avaient lancé une corde sur le mur de clôture. Trois autres détenus s’étant évadés selon le même procédé une semaine auparavant, la surveillance avait été renforcée. Les trois prisonniers furent trouvés en possession de trois lames de scie, trois vêtements civils et trois ceintures en cuir dont ils refusèrent de donner la provenance. Jean Mérot fut transféré à la centrale d’Eysses (Lot-et-Garonne). Membre du triangle de direction de la JC (avec Paul Courtieu), il fut l’un des organisateurs de la révolte de février 1944. Comme ses camarades, il fut déporté en Allemagne et, sous le matricule 73752, connut les camps de Dachau Weiss See et de Buchenwald. Libéré le 29 avril 1945, à l’arrivée des Américains, il retrouva Asnières le 17 mai et reprit son activité politique. Il fut élu conseiller municipal de la ville et devint directeur-adjoint de L’Avant-Garde, l’organe de la JC. Se confond-il avec Jean Mérot collaborateur d’André Marty sur les problèmes de la jeunesse ? Il fut poursuivi pour « complot contre la sûreté intérieure et extérieure de l’État » en 1953 et passa une semaine à la prison de Fresnes. Le 1er février 1954, il rejoignit l’Humanité comme journaliste afin de participer à la rubrique intitulée « Le front du travail », dont il devint l’un des piliers avec Octave Rabaté et Marie-Rose Pineau. Il accéda à la rédaction en chef adjointe du quotidien aux côtés de René Andrieu, rédacteur en chef.
Grand admirateur de Dimitrov, il lui consacra une biographie en 1972. Il quitta le journal alors que la ligne du PCF n’était plus celle qu’il avait toujours défendue. Marié, il était père d’une fille. Il décéda le 1er août 1996 et fut inhumé au cimetière d’Asnières ou Henri Alleg évoqua sa mémoire en rappelant « sa fidélité aux principes essentiels qui avaient guidé ses premiers engagements ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article198009, notice MÉROT Jean, Désiré, Pierre, pseudonyme dans la Résistance : Marcel par Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 9 décembre 2017, dernière modification le 9 décembre 2017.

Par Jean-Marie Guillon

Publication : Dimitrov, un révolutionnaire de notre temps, Paris, Editions Sociales, 1972.

SOURCES : Arch. dép. Var 3Z48. — Arch. dép. Bouches-du-Rhône 1269W1. —Sites internet de l’Association nationale pour la mémoire des résistants et patriotes emprisonnés à Eysses (www.eysses.fr) et Livre-mémorial de la Fondation de la déportation (www.bddm.org.). — L’Humanité, 2 et 9 août 1996. — Le Petit Var, 10 octobre 1941. — René Andrieu, Un rêve fou, un journaliste dans le siècle, Paris, l’Archipel, 1996. — Claude Angeli, Paul Gillet, Debout, partisans, Paris, Fayard, 1970. —Marcel-Pierre Bernard, Les communistes dans la Résistance, Marseille et sa région, Université de Provence (Aix-Marseille I), thèse 3e cycle Histoire, 1982. — Jean-Marie Guillon, La Résistance dans le Var. Essai d’histoire politique, Aix-en-Provence, thèse Université de Provence (Aix-Marseille I), 1989, accessible en ligne (site www.var39-45.fr). — Robert Mencherini, Résistance et occupation (1940-1944), tome 3 de Midi rouge, ombres et lumières, Paris, Syllepse, 2011.

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