JOULIÉ Suzanne, Jeanne, épouse ROOS

Par Jean-Marie Guillon

Née le 15 février 1920 à Saumur (Maine-et-Loire), abattue le 15 juillet 1944 à Gap (Hautes-Alpes) ; résistante, réseau Jockey du Special Operations Executive (SOE) et Organisation de résistance de l’Armée (ORA).

Fille de Jean Georges Joulié, officier des chasseurs alpins (probablement lieutenant-colonel), et de Marguerite Guillou Duplisoy d’Annecy (Haute-Savoie), Suzanne Joulié fut élève au lycée de Briançon (Hautes-Alpes) où son père était commandant du 15-9. Après avoir réussi au baccalauréat, elle fut étudiante en droit et en médecine à Lyon (Rhône), où elle rencontra Jacob (Jacques) Roos avec qui elle se maria. Celui-ci, chimiste d’origine hollandaise et juif, était étudiant à l’école française de Tannerie de Lyon.
Le couple résida à Lyon, puis à Annecy. Suzanne Roos donna naissance à un garçon en 1941. On ne sait comment Suzanne et Jacques Roos, certainement meurtris par l’occupation de la France et des Pays-Bas et par l’antisémitisme nazi, s’engagèrent dans la Résistance. Jacques Roos quitta clandestinement la France fin 1942 ou début 1943 et gagna le Royaume-Uni, via l’Espagne et le Portugal. Il fit la guerre dans une unité probablement canadienne.
Suzanne Roos entra en contact au printemps 1943 avec le réseau Jockey du SOE que Francis Cammaerts constitua dans le Sud-Est à partir d’Annecy et qu’il étendit en particulier dans la Drôme et en Provence. Elle fut immatriculée comme agent P2 en novembre. Elle servit au chiffrage des messages et comme agent de liaison de ce réseau spécialisé dans les sabotages et les parachutages. Elle fut homologuée comme chargée de mission de 3e classe en janvier 1944. Probablement, fut-elle plus particulièrement rattachée au groupe de Jacques Langlois dit Jean-Louis Tessier envoyé par Cammaerts dans les Alpilles (Bouches-du-Rhône), puis, en 1944, dans les Hautes-Alpes pour soutenir les éléments de l’ORA qui encadraient les principaux groupes de FFI (Forces françaises de l’intérieur) du département. C’est dans ce contexte que Langlois créa en mars 1944 le maquis Armée secrète (AS)-ORA des Vignaux, près de Briançon, et intégra l’état-major du colonel Zeller, chef de l’ORA dans le Sud-Est. Suzanne Roos fut arrêtée par les Allemands à Briançon avec Jacques Langlois et le lieutenant Chopin le 1er juillet 1944. Elle fut libérée le 9 juillet mais tenue de rester à la disposition des autorités allemandes. Elle ne chercha pas à partir afin de ne pas mettre en péril ses compagnons de Résistance. À nouveau arrêtée le 14 juillet, elle fut mortellement blessée dans des circonstances non éclaircies le 15 juillet au soir d’une rafale de mitraillette alors que, transférée à Gap, elle arrivait à la caserne Desmichels. Elle décéda à l’hôpital de Gap. Elle fut inhumée à Gap, puis dans le caveau de sa famille à Nantes (Loire-Atlantique).
Le titre de « Mort pour la France » lui fut attribué le 15 mars 1945. Elle fut décorée à titre posthume de la médaille de la Résistance le 31 mars 1947, de la Croix de guerre avec palmes et, le 25 mars 1957, de la Légion d’honneur.
Une plaque rappelant sa mémoire fut apposée à la caserne Desmichels le 8 mai 1977.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article198050, notice JOULIÉ Suzanne, Jeanne, épouse ROOS par Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 10 décembre 2017, dernière modification le 14 octobre 2022.

Par Jean-Marie Guillon

SOURCES : AC 21 P 147254. —Arch. nat. 72AJ 39-40 et F2 4363. — SHD 17 P 44. — Mémoire des Hommes SHD Caen DAVCC 21 P 147254 et Vincennes GR 16 P 312624 (nc). — Commission d’histoire de l’Occupation et de la Libération de la France, Hautes-Alpes, secteur F-Briançonnais. — Presse locale (Le Dauphiné libéré 7 mai 1977). — E. H. Cookridge, Missions spéciales. L’épopée du Vercors. La libération de Bordeaux, Paris, Fayard, 1966. — Renseignements communiqués par son fils unique, Jacques Roos.— notes de Jean-Pierre Pellegrin et Philippe Franceschetti. — site Mémoire des hommes.

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