PORTAL Joseph, Casimir

Par Monique Vézilier

Né le 25 juillet 1920 au Chayla d’Ance (commune de Saint-Paul-le-Froid, Lozère), mort exécuté sommaire le 10 ou le 11 juillet 1944 à Servas (Gard) ; employé de banque à Alès (Gard) ; membre des Jeunesses catholiques de Sant-Christol-lès-Alès (Gard), résistant (Combat, AS/CFL)

Joseph Portal (1920-1944)
Joseph Portal (1920-1944)
Archives Aimé Vielzeuf* DR

Originaire de Saint-Paul-le-Froid, en Margeride, au nord de la Lozère, berceau de la famille maternelle et paternelle, Joseph Portal était l’aîné d’une famille de quatre enfants.
Son père, viticulteur à Saint-Christol-lès-Alès, participa à la vie de la commune en tant que conseiller municipal. Distingué pendant la Première Guerre mondiale, il racontait volontiers ses souvenirs d’ancien combattant. Cette famille catholique avait un sens élevé de la patrie.
Après des études au collège Fléchier, Joseph fut employé de banque à l’agence alésienne du Comptoir national d’Escomptes de Paris. Il était aussi responsable du mouvement des Jeunesses catholiques de Saint-Christol.
Jospeh Portal fut un des pionniers du mouvement Combat de la région alésienne. Mais, pour ne pas inquiéter sa famille, il restait très discret. Comme il avait un don indéniable pour le dessin, il fabriquait de faux papiers. Une cache construite dans la cave de la maison familiale fut découverte par le père, mais rien ne transpira quant à son contenu. Il installa un bureau à Alès dans un lieu tenu secret pour sa famille. Lorsque les Allemands firent une descente dans la maison familiale, rien ne fut trouvé. Mais se sentant en danger il se mit quelques temps au vert dans la maison familiale de Lozère.
Selon René Pagès, Joseph Portal mit en place, début 1943, plusieurs sizaines. Il dirigeait une trentaine à Saint-Christol, comprenant comme membres, entre autres, les frères Renouard, les frères Benoît et Fernand Clavel.
En mars 1943, il fut réquisitionné pour le Service du travail obligatoire (STO), son handicap physique étant reconnu, il était de retour à Saint-Christol en avril et reprit son activité résistante. Au printemps 1944, il était le responsable de l’équipe locale des corps-francs de la libération (CFL).
En juin et juillet les résistants reçurent, à Alès, des coups très durs (arrestation d’une partie de l’état-major régional des Francs-Tireurs et Partisans français (FTPF) (Tagnard Raoul, commissaire aux effectifs, Jallatte "le toubib", "Pepe" recruteur régional).
Puis dans les premiers jours de juillet, une autre vague d’arrestations concerna les Mouvements unis de Résistance d’Alès et Salindres : arrestations de plusieurs responsables par la Milice (dont Marcel Pantel) livrés aux Waffen SS.
C’est au cours de ces rafles que, le 5 juillet 1944, Joseph Portal fut arrêté avec sa jeune épouse Henriette, lingère, par les hommes de la 8e compagnie Brandebourg qui stationnaient à Alès et étaient couramment désignés comme Waffen SS. D’après la déposition de Paul Digaud lors de l’enquête diligentée par la cour de Justice du Gard en 1945, Portal connaissait bien l’agent double René Roubaud qui aurait pu être à l’origine de son arrestation.
Pendant son interrogatoire, elle entendit dans la pièce voisine les cris de son mari torturé. Elle le vit, le visage tuméfié au point d’être défiguré, quand elle fut libérée le lendemain. Quant à Joseph Portal torturé à mort au Fort Vauban d’Alès, il fut précipité, avec d’autres résistants, dans le Puits de Célas le 10 ou le 11 juillet 1944.
À la Libération, pendant trois jours, les 14, 15 et 16 septembre, des miliciens prisonniers remontent 31 corps du Puits de Célas. De nombreux corps sont identifiés, celui de Joseph Portal nécessita des examens complémentaires (qui laissèrent un espoir et un doute à sa famille).
Dans un article du Midi-Libre du 21 décembre 1944, Marcel Cassagne rappela les différentes facettes de son activité résistante : hébergement, soins aux blessés, cache d’armes, gestion des "archives secrètes" du mouvement.
Son nom figure sur les monuments aux morts d’Alès et de Saint-Christol-lès-Alès. Il est égzlement inscrit sur le mémorial du puits de la mine de lignite de Célas à Servas (Gard).
À Saint-Christol-lès-Alès, dans le quartier de l’Olm, à l’endroit même où sa femme et lui furent été arrêtés, une stèle a été érigée et la voie conduisant de ce monument à la maison familiale, porte son nom, "chemin Joseph Portal". La stèle porte l’inscription : « Ici fut arrêté par les Waffen SS le 5 juillet 1944 le résistant Joseph Portal. Ses amis reconnaissants ».
Voir Servas, Puits de Célas (9, 10, 27 juin 1944 ; 11, 12 juillet 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article198052, notice PORTAL Joseph, Casimir par Monique Vézilier, version mise en ligne le 10 décembre 2017, dernière modification le 27 juin 2019.

Par Monique Vézilier

Joseph Portal (1920-1944)
Joseph Portal (1920-1944)
Archives Aimé Vielzeuf* DR

— SOURCES : Arch. justice militaire, Tribunal militaire de Marseille jugement n°43/7136 du 15/02/1951, Affaire Richter Karl, Strieffler Ernst, X… et Dossier François Carbone, Tribunal militaire de Marseille, jugement n°654/8464 du 12/12/1952. — Arch. mun. Alès, Fonds René Pagès, Contribution à l’historique de la Résistance dans la région d’Alès, 1970. — Midi-Libre, quotidien, 21 décembre 1944. Aimé Vielzeuf, Demain du sang noir, préface de Roger Bourderon, Uzès, Henri Peladan, 1970, 264 p . — Aimé Vielzeuf, On les appelait les bandits, Nîmes, Lacour, 1994, 383 p . — Entretien (Monique Vézilier) avec Jean-François Portal, 16 février 2007. — Notes d’André Balent et Jean-Marie Guillon.

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