CHEVALIER Marcel, Antoine

Par Jean-Pierre Vaudon, Eric Panthou

Né le 7 septembre 1896 à Saint-Dier-d’Auvergne (Puy-de-Dôme), décédé le 26 février 1981 à Saint-Dier d’Auvergne ; marchand de vin ; membre du Comité régional puis départemental du PCF avant puis après guerre, spécialiste des questions paysannes, interné politique de 1941 à 1943.

Cultivateur, puis marchand de vins à Saint-Dier-d’Auvergne, Marcel Chevalier était le fils d’un socialiste guesdiste qui écrivit plusieurs articles sur la question paysannes dans La Montagne, quotidien fondé en 1919 par le socialiste Alexandre Varenne.
Il adhéra à la Jeunesse socialiste dès 1910. Pendant la guerre, il côtoya les libertaires anti-religieux dans les tranchées. Après sa démobilisation, il milita au Parti SFIO. Lecteur de La Vague de Brizon, il devint en 1920 secrétaire adjoint de la section socialiste de Saint-Dier.
Il vota pour l’adhésion à la IIIe Internationale, mais il était minoritaire dans sa section et il resta au Parti socialiste jusqu’en 1924, date à laquelle il adhéra au Parti communiste.
La section communiste qu’il fonda à Saint-Dier devint rapidement une des plus actives et des plus fortes du département, car Marcel Chevalier profita de sa profession de marchand de vins itinérant pour faire une intense propagande dans les milieux ruraux et pour y diffuser la presse communiste. Tout au long de sa carrière, il afficha ses convictions, présentant la presse communiste dans son débit, proposant systématiquement aux clients de l’acheter. Dans l’entre-deux-guerre, bien que vivant à la campagne et travailleur indépendant, c’est l’une des figures les plus connues du PCF, notamment parce qu’il est l’un des seuls militants membre du Parti sur toute la période mais aussi parce qu’il fut un militant très actif. En 1931, un rapport d’un membre du Comité central, Aubert, à la suite d’une tournée en Auvergne, indique bien la faiblesse de l’organisation au niveau du département et au contraire l’activité de Chevalier. "Les cellules ne se réunissent pas ou tellement peu qu’il est inutile d’en causer, à part Saint Dier, Les Martes et Clermont, depuis mars, les autres cellules ne s’étaient pas réunies depuis une année".
Il se présenta aux cantonales de 1931 dans un canton détenu par le parti radical. Cette année là, il est membre du Comité Régional du PCF. Il était trésorier du rayon Thiers-Ambert en 1932 et secrétaire de celui de Saint-Dier-d’Auvergne, en 1936. La Région communiste le présenta aux élections législatives de mai 1932, dans la circonscription d’Ambert où il recueillit 0,6 % des voix des électeurs inscrits au premier tour et 0,3 % au second. Candidat dans la première circonscription de Clermont-Ferrand en avril 1936, il obtint 3,5 %. Son désistement favorisa l’élection du socialiste Villedieu. Il se présenta sans succès au conseil général dans le canton d’Arlanc, en octobre 1937. Il est noté A1 dans un rapport sur les membres du Comité régional en novembre 1937. Il en est encore membre en mars 1938 et il est secrétaire de section en 1939.
Pourtant son action militante finit par porter ses fruits après la Seconde Guerre mondiale puisque c’est le canton de Saint-Dier qui a élu le premier conseiller général communiste du Puy-de-Dôme en 1964. Marcel Chevalier a entretenu une relation tendue, pour des raisons personnelles, avec l’autre figure communiste du canton, Alphonse Cistel, maire et conseiller général communiste de Saint-Dier d’Auvergne.
Marcel Chevalier resta secrétaire de la section communiste de Saint-Dier de 1924 à 1969 et il fut membre du Comité régional d’Auvergne du Parti communiste, puis du Comité fédéral du Puy-de-Dôme du Parti à la Libération. En 1970, presque totalement aveugle, il était encore le meilleur diffuseur de l’Humanité Dimanche du département.
En janvier 1941, il est proposé pour une mesure d’internement après examen approfondi, étant considéré comme responsable du secteur Ambert du PCF clandestin suite à enquête sur Ernest Néron, le responsable qui vient d’être arrêté. Il est arrêté et interné au camp de Saint-Paul d’Eyjeaux (Haute-Vienne) à partir du 30 janvier 1941. Il est libéré le 2 novembre 1943.
A son retour, il aurait servi pour les réseaux de recrutement de réfractaires par les FTPF dans le secteur de Saint-Dier d’Auvergne.

Ses archives furent confiées par son fils à Roger Champrobert dans les années 90. Elles étaient particulièrement riches pour tout ce qui concerne les rapports internes du Parti dans le Puy-de-Dôme dans l’entre-deux-guerre. Remises à la fédération du PCF du Puy-de-Dôme, elles ont disparu quelques années plus tard.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article19827, notice CHEVALIER Marcel, Antoine par Jean-Pierre Vaudon, Eric Panthou, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 29 juillet 2022.

Par Jean-Pierre Vaudon, Eric Panthou

SOURCES : Arch. Nat. F7/13130. — Arch. Dép. Puy-de-Dôme, M 05420. — La Voix du Peuple, 25 septembre 1937. — Témoignage de M. Chevalier.—Geneanet.org.—Témoignage de Robert Gidon à Eric Panthou, le 2 mai 2018.— Arch. Dép. Puy-de-Dôme : 1296W75 : le commissaire divisionnaire de la surveillance du Territoire à monsieur l’Inspecteur général des Services de la Surveillance du Territoire à Vichy, le 21 janvier 1941.—Arch. Dép. Puy-de-Dôme : 1296W100 : Rapport du commissaire de Police Judiciaire Pigeon à Monsieur le Commissaire divisionnaire Chef de la 2éme Section à l’Inspection Générale des Services de Police Judiciaire, le 13 octobre 1941.—Notes manuscrites de Roger Champrobert (archives privées Roger Champrobert, Clermont-Ferrand).—Caroline Spina, Le Parti communiste du Puy-de-Dôme dans l’entre-deux-guerres, maîtrise Histoire, Université Clermont II, 1993.—Témoignage de Roger Champrobert à Eric Panthou.—RGASPI : Fonds de la direction du Parti Communiste Français :1931 cote 517_1_1143_517_1_1143 : Rapport sur la région Auvergne, 22/1/1931.

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