GRUMBACH Jean, Jean-Jacques

Par Bernard Reviriego

Né le 27 juin 1920 à Belfort (Territoire-de-Belfort), massacré le 2 avril 1944 à Marquay (Dordogne) ; victime civile d’origine juive.

Il fut l’une des nombreuses victimes de la division Brehmer en Dordogne.

Du 26 mars au 2 avril 1944, la division Brehmer, ou division B de l’initiale du patronyme de son chef, le général Brehmer, accompagnée par des éléments de la Sipo-SD et de la Brigade nord-africaine et bénéficiant de renseignements collectés par des délateurs, collaborationnistes ou non, et par l’administration de Vichy, traversa le département de la Dordogne, traquant les maquisards et massacrant des civils en représailles dans le cadre d’opérations de répression, mais aussi en conduisant une politique génocidaire à l’encontre des nombreux Juifs réfugiés dans le département ; les hommes furent abattus parce que juifs et les femmes et les enfants furent arrêtés, transférés à Drancy puis déportés vers les centres de mise à mort, Auschwitz-Birkenau principalement.

En zone dite libre puis zone sud, les Juifs avaient été recensés en application d’une loi de Vichy du 2 juin 1941, le jour même de la promulgation du second statut des Juifs ; un recensement spécifique des Juifs étrangers intervint en janvier 1942 ; enfin, une loi de Vichy du 11 décembre 1942 imposa en zone sud la mention « juif » sur la carte d’alimentation et sur la carte d’identité des Juifs français et étrangers.

Il était le fils d’Alice Grumbach née Levy. Ils vivait à Sainte-Orse (Dordogne) chez un parent, Camille Lehmann. Il fut arrêté à Sarlat le 1er avril 1944, ainsi qu’une trentaine d’autres Juifs, mais il fut le seul, avec Constant Wiener, à être abattu à Marquay, dans la carrière du lieu-dit les « Bas-Rivaux » ou, selon un autre récit, dans un bois, près du hameau de la Carrière. Toutes les autres victimes de Sarlat furent déportées. Nous ignorons les raisons de cette mise à l’écart ainsi que les conditions de son exécution, tout comme celle de Wiener Constant. Selon le témoignage d’Armand Bloch, cousin de Jean Grumbach, qui découvrit son corps, celui-ci aurait été abattu par des miliciens. Pour l’institutrice de Marquay (récit du 20 septembre 1944), les corps ne furent trouvés que le 18 avril 1944, ils avaient été en grande partie mangés par les chiens, ce que confirme Armand Bloch, et ils furent découverts après le passage d’une colonne allemande. Selon un document validé par la municipalité de Marquay le 28 janvier 1945, Jean Grumbach et Constant Wiener furent abattus par les Allemands, précisant seulement qu’ils furent inhumés à Marquay le 18 avril 1944. Le rapport des Renseignements généraux qui relatent ces arrestations portent sur la semaine du 1er au 8 avril. Enfin, selon la sœur de Constant Wiener, ce dernier aurait été abattu par les nazis le 2 avril. Il paraît vraisemblable que la division Brehmer fut responsable de ces crimes qui auraient eu lieu le 1er ou le 2 avril 1944.

Sa mère, Alice Grumbach née Levy, naquit le 17 novembre 1891 à Zellwiller (Bas-Rhin). Elle avait épousé Lucien Grumbach, elle était domiciliée à Sainte-Orse, chez Camille Lehmann, son oncle. Elle fit partie des vingt-quatre victimes juives du 1er avril 1944, fusillées ou déportées, de Sainte-Orse. Arrivée à Drancy le 7 avril 1944, elle fut déportée à Auschwitz par le convoi n° 71.
Camille Lehmann était né le 30 mars 1872 à Zellwiller (Bas-Rhin), il avait pour épouse Fanny Strauss, décédée à Sainte-Orse, le 19 janvier 1944, faute de médicaments. Domicilié à Sainte-Orse, au lieu-dit La Tannerie, il exerçait des fonctions de rabbin. Il a été fusillé au lieu-dit Les Chatenets, le 1er avril 1944.
Albertine Loeb, née le 24 août 1910, à Zellwiller (Bas-Rhin), était la fille de Camille Lehmann. Elle avait épousé Marcel Loeb et elle était domiciliée à Sainte-Orse. Arrivée à Drancy le 7 avril 1944, elle fut déportée à Auschwitz par le convoi n° 71. Elle fut rescapée des camps d’Auschwitz, de Bergen-Belsen et de Ragun.

Le nom de Jean Grumbach est inscrit sur une stèle de la commune de Marquay placée sur la D6, côté gauche, à environ 5 km de Marquay en direction de Sarlat. Elle porte la mention : Réfugiés alsaciens, ces deux patriotes âgés de 24 ans ont été fusillés au lieu-dit "La Carrière" le 2 avril 1944 par l’unité de la Wehrmacht "Brehmer".

Son nom figure aussi sur le Monument aux morts 39-45 de Sarlat ainsi que sur la stèle érigée dans le cimetière communal de Sainte-Orse, elle porte la mention suivante : En mémoire des réfugiés à Sainte-Orse victimes du nazisme hitlérien.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article198333, notice GRUMBACH Jean, Jean-Jacques par Bernard Reviriego, version mise en ligne le 22 décembre 2017, dernière modification le 22 décembre 2017.

Par Bernard Reviriego

SOURCES : Jean Grumbach. Arch. Dép. Dordogne, 1573 W 8 ; 1573 W 6 ; 1 W 1815-2. Rapport n° 3412 des Renseignements généraux du 9 avril 1944, semaine du 1er au 8 avril 1944 ; J 2548.— Registre d’état civil de Marquay.— Témoignage de Jean-Camille Bloch. Alice Grumbach et Albertine Loeb. CDJC - carnet de fouilles de Drancy n°114.— Témoignage de Jean-Camille Bloch. Camille Lehmann. Registre d’état civil de Sainte-Orse.— Arch. Dép. Dordogne, 1573 W 6 ; 1573 W 8 ; 1 W 1815-2. Rapport d’activité de la gendarmerie pour le mois d’avril 1944.— CDJC CCXV-42.— Témoignage de Jean-Camille Bloch.— Bernard Reviriego, Les Juifs en Dordogne, 1939-1944, Périgueux, Éditions Fanlac-Archives départementales de la Dordogne, 2003, p. 343.

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