CORMEAU Lucien

Par Joël Drogland

Né le 15 décembre 1912 à Bordeaux (Gironde), tué le 23 juin 1944 à Chailley (Yonne) ; épicier ; maquisard de Libération-Nord homologué FFI.

Lucien Cormeau était commerçant au village de Chailley, en lisière de la forêt d’Othe. Fait prisonnier en 1940, il s’était évadé par la Suisse. Il adhéra au régime du maréchal Pétain et fut nommé délégué à la propagande pour le canton de Brienon. Puis il se tourna vers la Résistance et fournit du ravitaillement aux maquisards installés à proximité du village.
Jean Chapelle (« Verneuil »), responsable militaire départemental du mouvement Libération-Nord, décida début juin 1944 d’implanter un maquis dans les bois proches du village. Le 12 juin 1944, cinq maquisards s’installèrent provisoirement dans le bois des Fourneaux, près du hameau de Vaudevanne. Le nouveau maquis reçut le nom d’Horteur et Émile Laureillard, adjoint de « Verneuil », en prit le commandement. Le 22 juin, Lucien Cormeau fut nommé lieutenant (pseudonyme « France ») et chef du maquis ; il monta rejoindre les hommes dans le bois des Fourneaux. Le maquis comptait alors quatorze hommes.
Le 8 juin 1944, la Wehrmacht déclencha une série d’attaques avec de gros effectifs et un armement important contre les maquis de la forêt d’Othe. Le 20 juin, de puissantes forces furent engagées contre le maquis BOA de Saint-Mards-en-Othe, premier acte du ratissage programmé de toute la forêt d’Othe. Le combat fut violent, 27 maquisards furent tués ; plusieurs habitants du hameau de la Rue Chèvre (Sormery) furent massacrés. Le 23 juin, le village de Chailley fut investi par les forces allemandes qui attaquèrent simultanément le maquis, dont elles surestimaient les forces. Le but de l’opération était d’anéantir le maquis, de capturer les maquisards rescapés de Saint-Mards-en-Othe qui se cachaient dans la région et de terroriser une population considérée comme largement acquise à la résistance locale.
Tous les hommes furent rassemblés et alignés le long d’un mur de la rue du Faubourg. Ils y demeurèrent jusqu’au soir sous un soleil accablant. Vers 13 h 30, des camions de la Wehrmacht montèrent vers le maquis par la route de Chailley. Le maquis n’eut d’autre choix que de décrocher au plus vite. Les engagements furent violents. Blessé à la cuisse, le lieutenant Lucien Cormeau fut traîné jusqu’au village où il fut achevé. Trois autres maquisards furent tués.
Le nom de Lucien Cormeau apparaît sur le monument aux morts de Chailley, sur le monument des déportés et fusillés de l’Yonne à Auxerre, ainsi que sur une plaque commémorative des événements du 23 juin 1944 à Chailley, située rue du Faubourg, à l’emplacement où les hommes du village avaient été rassemblés. Il figure aussi sur le monument aux morts FFI de la 3e Demi-Brigade et du 1er Régiment du Morvan, à Quarré-les-Tombes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article198336, notice CORMEAU Lucien par Joël Drogland, version mise en ligne le 20 décembre 2017, dernière modification le 19 février 2022.

Par Joël Drogland

SOURCES : Témoignage oral de Maurice Mulot (2001). — Jean Chapelle, "Contribution à l’histoire de la Libération de l’Yonne : la Demi-Brigade Verneuil", document communiqué au Comité d’Histoire de la Seconde Guerre mondiale, 1973. — Lucien Giraud, Journal du maquis Horteur, manuscrit inédit. — Robert Bailly, Si la Résistance m’était contée…, Éd. ANACR-Yonne, Clamecy, 1990.

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