Par Dominique Petit
Né le 3 mars 1875 à Cemery-la-Ville (Chémery ?). Dessinateur. Anarchiste parisien.
Solier était dessinateur chez un architecte et habitait chez ses parents.
En procédant à l’examen des papiers saisi chez les anarchistes le 1er janvier 1894, M. Meyer, juge d’instruction, trouva un certain nombre de lettres contenant des excitations à la violence, et plusieurs projets d’articles adressés au Père Peinard et à la Révolte, par Fernand Solier. Il découvrit aussi une lettre chez Elie Reclus, dans laquelle Solier se déclarait anarchiste.
Dans ses professions de foi il avait juré de tuer le premier agent qui lui mettrait la main au collet.
Le 12 janvier 1894, le commissaire Bernard, commissaire, sur mandat délivré par le juge d’instruction Meyer, arrêta Fernand Solier, au moment où il regagnait son domicile, 69 avenue d’Orléans.
Comme Solier arrivait sur le seuil de la porte d’entrée, il se retourna vers le commissaire en lui disant : « Vous êtes des lâches ! En m’arrêtant ainsi, vous me mettez hors de défense. Si vous étiez venu m’arrêter chez moi, au lieu de me prendre dans la rue, vous ne m’eussiez pas pris avec tant de facilité ». Conduit au Dépôt, il déclara à l’un des agents qui l’accompagnaient : « Je voudrais bien vous voir tous crever comme des chiens ! ».
Au cours de la perquisition qui a été faite dans sa chambre, il avait été trouvé des journaux illustrés relatant diverses arrestations d’anarchistes, de nombreux numéros du Père Peinard et de la Révolte, ainsi que l’Almanach du Père Peinard de 1894 et de plusieurs formules d’explosifs, selon le Journal des débats. Lors de son arrestation son père déclara au commissaire : « Cela devait arriver tôt ou tard ! Ce malheureux est absolument fou. Faites bien attention, qu’il ne se rende pas coupable de quelque mauvais coup ! ».
L’affaire Vaillant l’avait mis ces derniers temps dans un état complet d’exaltation. Selon M. Fédée de la Préfecture de police, Solier était un solitaire « qui s’est emballé tout seul ». Mais pour le journal La Croix, Solier était un habitué des réunions anarchistes.
Il fut libéré le 25 janvier 1894. Son dossier à la Préfecture de police portait le n° 75.937.
Par Dominique Petit
SOURCES : Le Temps 13 janvier 1894, Journal des débats 12 janvier 1894, Le Gaulois 13 janvier 1894, La Croix 13 janvier 1894. — Arc. Préf. de pol. Ba 1500