SZNAIDERMAN Icek

Par Daniel Grason

Né le 21 décembre 1912 à Kurow (Pologne), mort en 1943 à Auschwitz (Pologne) ; tailleur d’habits ; victime de l’antisémitisme.

Fils de Guidala et de Szprinza, née Kljmzberg, Icek Sznaiderman épousa Marie Federbusz, le couple était sans enfant. Tous deux arrivèrent de Pologne à la fin de l’année 1936, il exerça la profession de tailleur d’habits. Le couple habita dès le début de l’année 1938 au 12, cité du Petit-Thouars à Paris (IIIe arr.). Il était titulaire d’une carte d’identité d’étranger valable jusqu’au 12 octobre 1942.
Á la déclaration de guerre, il s’engagea, fut mobilisé le 4 novembre 1939 au 23e Régiment de Marche des Volontaires Etrangers. Blessé de guerre, réformé à 35%, il a été démobilisé le 31 août 1940 par le centre de démobilisation de Caussade (Tarn-et-Garonne).
Le gouvernement de Vichy, promulgua le 3 octobre 1940, un statut des juifs, qu’il aggrava le 2 juin 1941. Une ordonnance allemande du 29 mai 1942 était rendue publique le 1er juin, à compter du dimanche 7 juin 1942 le port de l’étoile jaune était rendue obligatoire.
Icek Sznaiderman apprécia plus prudent de quitter son logement de la rue du Petit-Thouars et d’aller dans celui de son cousin Henri au 23 rue du Caire (IIe arr.), celui-ci étant parti en zone libre. Le 4 juillet 1943 il se présenta vers 17 heures au domicile de Paule Rosenberg, née Dupuy, 15 bis rue du Pot-de-Fer dans le Ve arrondissement, deux inspecteurs des Brigades spéciales étaient sur les lieux.
Emmené dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de police, fouillé il portait sur lui : un récépissé de demande de carte d’identité à son nom, un jeu de cartes d’alimentation portant le cachet de la mairie du XVIe arrondissement, un carnet et divers papiers annotés, deux clefs, une carte d’alimentation à son nom qui ne portait pas la mention « Juif ». Icek Sznaiderman était inconnu des Renseignements généraux et de la Police judiciaire.
Il fut interrogé par des inspecteurs de la BS2 sur sa présence rue Pot-de-Fer, il répondit qu’il venait voir si sa femme y était, affirma que son épouse avait fait la connaissance de Paule Rosenberg quelques jours plus tôt sur la plage de Maisons-Alfort (Seine, Val-de-Marne), mais que lui ne la connaissait pas. Or, Paule Rosenberg avait hébergée une militante FTP-MOI que les policiers qualifièrent de « terroriste ».
Il déclara qu’il avait acheté le récépissé de demande de carte d’identité 500 francs à un homme qu’il rencontra dans la rue. Concernant les tickets d’alimentation qu’il détenait, il soutint les avoir acheté 700 francs. Or, le centre de ravitaillement du XVIe arrondissement avait été cambriolé à la fin juin 1943 par des FTP.
Concernant le carnet qui portait des notes, il déclara : « Je ne sais pas la signification de ces indications. » Malgré les coups reçus par des policiers, il affirma « Je n’ai jamais fait de politique et n’ai eu ni tracts, ni armes en ma possession. »
Interné au camp de Drancy sous le matricule 3218, Icek et Marie Sznaiderman ont été déportés le 31 juillet 1943 dans le convoi n° 58 à destination d’Auschwitz (Pologne). Le convoi comptait mille déportés (hommes et femmes), 662 furent gazés à l’arrivée, 232 hommes et 106 femmes ont été sélectionnés. Quand l’armée Soviétique libéra le camp le 27 janvier 1945, il ne restait que treize survivants et survivantes dont : Berek Baginski et Maurice Honel, ex. député communiste de Clichy-Levallois, Genendel Goldsztajn, Esther Baginski, Hadassa Lerner née Tenenbaum, Rose Besserman militantes de la Main-d’œuvre immigrée et Rywka Grynberg de l’Œuvre de secours aux enfants (OSE).
Une commission rogatoire délivrée par un Juge d’instruction auditionna des résistants qui furent arrêtés par les deux inspecteurs de la BS2. Des enquêtes furent menées, des rescapés auditionnés, le couple Sznaiderman était sans domicile connu. Le rapport du 19 mars 1945 mentionna que « Le sort qui fut réservé à ces deux personnes n’a pu être établi. Leur adresse n’est pas connue et en outre les gens chez lesquels ils furent arrêtés ont été déportés. »
« Il s’agit encore de deux “Israélites” et pour eux également, l’hypothèse de la déportation peut être envisagée. » (Mots soulignés dans le rapport).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article198488, notice SZNAIDERMAN Icek par Daniel Grason, version mise en ligne le 26 décembre 2017, dernière modification le 26 décembre 2017.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. GB 130, PCF carton 14 rapport du 12 juillet 1943, 77W 3112, – Dominique Rémy, Les lois de Vichy, Ếd. Romillat, 1992. – Site internet CDJC.

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