SZNAIDERMAN Marie née FEDERBUN

Par Daniel Grason

Née le 9 juillet 1916 à Lublin (Pologne), morte en 1943 à Auschwitz (Pologne) ; couturière ; victime de l’antisémitisme.

Fille de Maurice et de Szève, née Silberbaum, Marie épousa Icek Sznaiderman, le couple était sans enfant. Tous les deux arrivèrent de Pologne à la fin de l’année 1936, elle fit l’objet le 12 juillet 1938, elle obtint des sursis trimestriels, le dernier arrivait à expiration le 27 septembre 1942. Le couple habita dès le début de l’année 1938 au 12, cité du Petit-Thouars à Paris (IIIe arr.).
Le gouvernement de Vichy, promulgua le 3 octobre 1940, un statut des juifs, qu’il aggrava le 2 juin 1941. Une ordonnance allemande du 29 mai 1942 était rendue publique le 1er juin, à compter du dimanche 7 juin 1942 le port de l’étoile jaune était rendue obligatoire. Elle travaillait à la Maison V. Tricot 27 rue du Louvre dans le IIe arrondissement.
Marie Sznaiderman et son mari apprécièrent plus prudent de quitter le logement de la rue du Petit-Thouars et d’aller dans celui du cousin d’Icek, Henri au 23 rue du Caire (IIe arr.), celui-ci étant parti en zone libre. Elle a été arrêtée par deux inspecteurs de la BS2 le 3 juillet 1943 vers 21 heures 30 au domicile de Paule Rosenberg, née Dupuy, 15 bis rue du Pot-de-Fer dans le Ve arrondissement. Paule Rosenberg avait été interpellée et accusée de « menées terroristes ».
Emmenée dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de police, fouillée elle portait sur elle : une carte d’identité au nom de Lapeau née Mero Caroline et portant le timbre humide du commissariat de Chaville (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine) et une carte d’Assurances sociales au même nom, deux carnets et plusieurs papiers annotés, un talon de ticket de la mairie du XVIe arrondissement. Marie Sznaiderman était inconnue des différents services de police.
Interrogée dans les locaux des Brigades spéciales, elle déclara être arrivée en France en 1938. Elle fit l’objet d’un refus de séjour le 12 juillet 1938, puis bénéficié de sursis trimestriels jusqu’au 27 septembre 1942. Elle affirma avoir fait connaissance avec Paule Rosenberg une semaine auparavant sur la plage de Maisons-Alfort. Elle passait la voir ce samedi 3 juillet vers 21 heures afin de confirmer le rendez-vous du lendemain. Deux inspecteurs de la BS2 attendaient d’éventuels visiteurs à l’intérieur du logement, ils l’appréhendèrent.
Elle fut sommée de s’expliquer sur sa fausse carte d’identité au nom de Lapeau, née Mero. Elle déclara l’avoir acheté trois mille francs à un homme rencontré dans un café-tabac situé à l’angle des rues du Petit-Thouars et Dupuis dans le IIIe arrondissement. Quant à sa carte d’Assurances sociales au nom de Lapeau, elle lui avait été délivrée sur présentation de sa fausse carte d’identité à ce nom. Elle travaillait chez V. Tricot sous sa fausse identité.
Elle fut frappée et invitée à s’expliquer sur les tickets d’alimentation qu’elle détenait. Elle affirma avoir acheté les tickets à un algérien ou un italien rencontré le 4 ou 5 mai dans la rue du Petit-Thouars contre la somme de cent quatre-vingt francs. Sur deux carnets figuraient des annotations et des listes de souscriptions. « Veuillez-vous expliquer ? » tonna un inspecteur, « Je n’ai rien à expliquer » rétorqua-t-elle, puis elle affirma : « Je n’ai jamais fait de politique. Jamais je n’ai eu de tracts ni d’armes en ma possession. Je reconnais être en infraction à la loi sur les étrangers et aux ordonnances concernant les israélites. »
Internée au camp de Drancy sous le matricule 3219, Marie Sznaiderman et Icek ont été déportés le 31 juillet 1943 dans le convoi n° 58 à destination d’Auschwitz (Pologne). Le convoi comptait mille déportés (hommes et femmes), 662 furent gazés à l’arrivée, 232 hommes et 106 femmes ont été sélectionnés. Quand l’armée Soviétique libéra le camp le 27 janvier 1945, il ne restait que treize survivants et survivantes dont : Berek Baginski et Maurice Honel, ex. député communiste de Clichy-Levallois, Genendel Goldsztajn, Esther Baginski, Hadassa Lerner née Tenenbaum, Rose Besserman militantes de la Main-d’œuvre immigrée et Rywka Grynberg de l’Œuvre de secours aux enfants (OSE).
Une commission rogatoire délivrée par un Juge d’instruction auditionna des résistants qui furent arrêtés par les deux inspecteurs de la BS2 qui arrêtèrent notamment Icek Sznaiderman. Des enquêtes furent menées, des rescapés auditionnés, le couple Sznaiderman était sans domicile connu. Le rapport du 19 mars 1945 mentionna que « Le sort qui fut réservé à ces deux personnes n’a pu être établi. Leur adresse n’est pas connue et en outre les gens chez lesquels ils furent arrêtés ont été déportés. »
« Il s’agit encore de deux “Israélites” et pour eux également, l’hypothèse de la déportation peut être envisagée. » (Mots soulignés dans le rapport).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article198490, notice SZNAIDERMAN Marie née FEDERBUN par Daniel Grason, version mise en ligne le 26 décembre 2017, dernière modification le 26 décembre 2017.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. GB 130, PCF carton 14 rapport du 12 juillet 1943, 77W 3112, – Dominique Rémy, Les lois de Vichy, Ếd. Romillat, 1992. – Site internet CDJC.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable