CHÈVRE Robert [CHÈVRE Charles, Robert]

Par Pierre Schill

Né le 8 avril 1915 à Hauterives (Drôme), mort le 31 octobre 1990 à Metz (Moselle) ; ouvrier communal ; résistant FFI ; secrétaire de l’Association départementale des anciens FTPF de la Moselle dans les années 1950 ; membre du bureau fédéral du PC mosellan à partir de 1956 ; secrétaire fédéral du PC mosellan (1959-1964), puis militant gaulliste.

Fils de Charles Chèvre, cultivateur, né en 1878 à Saizerais (Meurthe-et-Moselle), et de Céleste née Lamberty en 1892 à Beney-en-Woëvre (Meuse), ménagère, Robert Chèvre naquit dans la Drôme où sa famille d’origine meusienne était réfugiée pendant la Première Guerre mondiale. Aîné d’une famille de quatre enfants, il travailla dès les débuts de son adolescence dans la ferme familiale. Il créa une petite entreprise de transport en 1947, devint employé communal pour les municipalités communistes d’Hagondange et de Moyeuvre-Grande (Moselle) en 1953, puis à la mairie de Metz (Moselle) dirigée par Jean-Marie Rausch (droite).
Robert Chèvre fut mobilisé au début de la Seconde Guerre mondiale. Dès la fin de l’année 1940, il facilita l’évasion de prisonniers internés à Verdun (Meuse). En 1941, Il tenta de rejoindre la France libre mais fut arrêté puis interné en Espagne d’où il réussit à s’évader. De retour en France, il fit partie de l’Armée secrète en 1943 et commanda un maquis d’une centaine d’hommes dans la Meuse. Résistant FFI, Robert Chèvre s’illustra en septembre 1944 dans les combats de la frontière germano-luxembourgeoise. En 1945, il fit partie des troupes d’occupation alliée dans la région de Mayence (Allemagne) et termina la guerre comme lieutenant de réserve. Robert Chèvre devint plus tard secrétaire de l’Association départementale des anciens FTPF de la Moselle, qu’il présida au moins jusque dans les années 1950.
Robert Chèvre adhéra au PC dans les années 1950. Il participa, en juin 1956 à Hagondange (Moselle), à la conférence fédérale du PC de la Moselle et fut réélu au bureau fédéral. À la conférence de juin 1959 à Nilvange (Moselle), il entra au secrétariat fédéral avec la responsabilité de la propagande. À la conférence fédérale de mai 1964 à Moyeuvre-Grande (Moselle), il fut réélu au secrétariat fédéral et prit en charge la responsabilité de l’organisation. À la 18e conférence fédérale tenue les 12 et 13 juin 1965 à Hayange (Moselle), il n’apparaît plus dans l’organigramme : Robert Chèvre avait alors rompu avec le PC en raison de luttes internes au sein de la direction.
Robert Chèvre représenta le PC à de nombreux scrutins électoraux. Il fut candidat aux élections cantonales des 7 et 14 octobre 1951 dans le canton de Dieuze (Moselle). Il obtint au premier tour 173 voix sur 2 406 suffrages exprimés (2 479 votants et 3 839 électeurs inscrits) et fut battu par le conseiller sortant Francis Liard (indépendant) qui totalisa 1 409 suffrages. Il fut candidat aux élections législatives des 23 et 30 novembre 1958 dans la circonscription de Metz I et obtint 7 088 voix sur 47 717 suffrages exprimés (49 517 votants et 65 172 électeurs inscrits). Il arriva en troisième position derrière deux candidats de droite dont le vainqueur Raymond Mondon, député sortant (CNI). Il se représenta dans la même circonscription aux élections législatives de novembre 1962 et fut à nouveau battu par le député sortant qui fut réélu dès le premier tour.
Candidat aux élections cantonales des 4 et 11 juin 1961 dans le canton de Metz-campagne (Moselle), il obtint 4 538 voix sur 21 581 suffrages exprimés (22 780 votants et 30 827 électeurs inscrits). Arrivé en deuxième position derrière le conseiller général sortant, Barthélémy (droite), il maintint sa candidature au second tour et totalisa 5 395 voix sur 22 392 suffrages exprimés, contre 8 359 voix au conseiller sortant qui fut réélu dans une triangulaire.
Robert Chèvre avait effectué en septembre 1962 un voyage en URSS au cours duquel il avait notamment visité un kolkhoze de Moldavie. Il en fit un compte rendu dans la presse du PC mosellan et indiqua avoir assisté « à une véritable mobilisation de toutes les énergies du peuple soviétique pour la création des bases matérielles du communisme ».
Après avoir quitté le PC en 1965, Robert Chèvre rejoignit les rangs gaullistes et fut membre du RPR jusqu’à la fin de sa vie. Il devint dès lors un adversaire du PC et fut lui-même violemment attaqué par les militants communistes. Dans le recueil à caractère historique du militant CGT Henri Lorang, il est présenté comme faisant partie des « affairistes, voire des provocateurs à la solde de la police d’État et des industriels ».
Robert Chèvre était titulaire de la Croix de guerre 1939-1945 (étoile d’argent), de la médaille de la Résistance française et de la Croix du combattant volontaire de la Résistance. Il était par ailleurs chevalier dans l’Ordre national du mérite.
Robert Chèvre s’était marié en 1942 à Beney-en-Woëvre avec Amélie-Marie née Ponsaint ; le couple eut trois enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article19856, notice CHÈVRE Robert [CHÈVRE Charles, Robert] par Pierre Schill, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 25 octobre 2008.

Par Pierre Schill

SOURCES : Arch. Dép. Moselle, 81 W 3 et 7 ; 151 W 740, 823, 824 et 825 ; 182 W 20 et 41. — Arch. personnelles de Léon Steinling. — Le Républicain Lorrain, 9 octobre 1951, 5 et 12 juin 1961 et 2 novembre 1990. — Patrick Oreilly, Le Référendum de septembre et les élections législatives de novembre 1958 en Moselle, mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Metz, 1979. — Pierre de Préval (chef départemental des FFI de Meurthe-et-Moselle), Sabotages et guerilla, 1946. —Henri Lorang, Luttes, Espoirs, Libertés. Les masses laborieuses de Moselle, 1789-1950, s.d. — Sandrine Bize, Référendum du 28 octobre et élections législatives des 18 et 25 novembre 1962 en Moselle, mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Metz, 1985. — Gérard Diwo, Les Formations politiques en Moselle (21 octobre 1945-17 juin 1951), thèse de doctorat d’histoire sous la direction d’Alfred Wahl, Université de Metz, 1992, 2 tomes. — Renseignements fournis par Arthur Buchmann et Joëlle Hourte, sa fille. — État-civil de la commune de Hauterives (Drôme).

ICONOGRAPHIE : Portrait au moment de la campagne électorale des législatives de novembre 1958 : collection personnelle de Léon Steinling. — Photographie sur un tract des cantonales de 1961 : Arch. Dép. Moselle 182 W 41 (cliché Pierre Schill). — Portrait (dans les années soixante-dix) : collection personnelle de Joëlle Hourte.

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