ACEITUNO JARILLO Juan

Par Alain Gelly

Né le 10 juin 1935 à Oropesa (Espagne) ; ouvrier puis technicien ; syndicaliste CGT puis CFDT, élu délégué du personnel et membre du comité d’entreprise, conseiller prud’homal ; membre de la section jeune du PSOE en France.

Lors de la manifestation du 14 novembre 1979 devant le Giflas
Lors de la manifestation du 14 novembre 1979 devant le Giflas

Fils de Nicasio Aceituno Jimenez (1907-2001), ouvrier agricole, et de Maria Jarillo Arillo Martin (1911-1985) mère au foyer, tous deux athés, Juan Aceituno Jarillo avait une sœur aînée Génara, née en 1932. Son père militait au Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et à l’Union générale des travailleurs (UGT). Défenseur de la IIe République espagnole instituée le 14 avril 1931, il s’engagea du côté républicain dès le début de la guerre civile comme lieutenant carabinier. En 1937, la mère et les enfants s’éloignèrent de la zone des combats et se réfugièrent à Madrid, puis à Aspe près d’Alicante, enfin à Barcelone en 1938. Ils durent s’exiler en France le 2 février 1939, dès le début de la retirada, la retraite des troupes de l’armée républicaine vers la France où, grâce au Front Populaire et à Léon Blum, 500 000 réfugiés espagnols furent accueillis dans des conditions difficiles. La famille Aceituno fut assignée au camp de concentration du Vernet d’Ariège. En juin, les deux enfants furent envoyés en colonie aux Sables-d’Olonne où leur mère faisait le ménage. Après avoir organisé la retraite de l’armée républicaine, Nicasio Aceituno Jimenez arriva en France le 19 février 1939 où il fut interné au camp d’Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales). Il rejoignit le département de l’Yonne pour les vendanges de 1939, ce qui permit à sa famille de se retrouver dans le village de Perreux (Yonne) où il fut ouvrier agricole. Se portant volontaire pour travailler sur les voies ferrées, il arriva avec sa famille à Vierzon (Cher), situé sur la ligne de démarcation. Il s’engagea dans la résistance dans les forces françaises de l’intérieur (FFI) et participa à la libération de Vierzon, le 3 septembre 1944, avec le groupe armé des républicains espagnols.

Juan Aceituno fut scolarisé à l’école primaire du Château à Vierzon. Après le Certificat d’étude primaire en juin 1949, il entra au centre d’apprentissage et réussit le Certificat d’aptitude professionnelle de modeleur en juillet 1953. Motivé par la formation, il suivit des cours techniques le soir pendant ses premières années de travail et obtint le brevet de dessinateur en 1957. Il continua une formation d’agent technique électricien à l’École centrale de TSF et d’électronique à Paris (IIe arr.) en 1959 et 1960.

Après avoir débuté comme aide-électricien à Châteauroux (Indre) sur la base américaine, il vint en région parisienne en 1954. Il occupa un emploi de contrôleur dans la fabrique de matelas Mérinos, à Nanterre (Hauts-de-Seine), en 1956, à la CSF Malakoff (Hauts-de-Seine), en 1960, dans une entreprise de machines-outils, René Clément, à La Garenne Colombes (Hauts-de-Seine). De 1964 à 1967, il travailla une usine de mécanique générale, Courtine, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Pour des raisons de salaire, il quitta la région parisienne et travailla à l’usine Gelbon, un sous-traitant d’IBM, à Montpellier (Hérault). Licencié en 1970 en raison de son activité syndicale, il revint en région parisienne et entra à la SNECMA Corbeil (Essonne) comme technicien qualité.

Il se syndiqua à la CGT lors de son premier emploi chez Mérinos. À la CSF, il milita à la CGT et s’engagea dans la section sport FSGT du comité d’entreprise. Chez Coutine, toujours à la CGT, il participa aux grèves sur les salaires. Il vécut les événements de 1968 alors qu’il était chez Gelbon à Montpellier. Délégué syndical CGT, il anima la grève, avec occupation de l’usine, et participa aux manifestations. Après son entrée à la SNECMA, il se syndiqua à la CFDT qui correspondait mieux à ses options politiques. Il fut élu délégué du personnel, en 1975, 1976 et de 1980 à 1992, et au comité d’entreprise de 1980 à 1985, avec Gérard Becu et Michel Marcon, et devint membre au CHSCT en 1985. Désigné délégué syndical de 1977 à 1992, il fut un des principaux responsables de l’animation de la section syndicale CFDT avec Michel Lecuyer, Maurice Villandrau, Jacky Schmit, Michel Favard et Wilfrid Defourné. À ce titre, il anima les grandes luttes de l’usine de SNECMA contre le « présentéisme » à la fin des années 1970, et contre l’arrivée des machines à commandes numérique en 1977. Il conduisit de nombreuses actions avec les salariés des sous-traitants sur le site : nettoyage, gardiennage, magasinage, menant des interventions vis-à-vis des employeurs comme vis à vis de la direction SNECMA. Il représentait sa section syndicale à l’Union locale CFDT de Corbeil (Essonne) de 1980 à 1985. Membre de la commission exécutive du syndicat CFDT des Métaux de l’Essonne dès 1979, avec Alain Gelly, Monique Leblanc, Gérard Moreau, il fut responsable de la formation des nouveaux militants et secrétaire général de 1994 à 1998. Il fut membre du bureau de l’UPSM CFDT et de la commission formation de l’UD 91 dont Jean Ollivier était le secrétaire général. Il participa aux congrès du syndicat CFDT des métaux de l’Essonne, aux congrès FGMM de 1981 et de 2001. Il fut conseiller prud’homal de 1984 à 2002 à Corbeil-Essonnes puis à Évry (Essonne), dans la section industrie. En raison de son engagement syndical, Juan Aceituno fut victime de discrimination de la part de son chef de service, membre d’un autre syndicat, qui bloqua toute augmentation et promotion durant dix-sept ans. En 1992, à son départ en pré-retraite, il négocia avec la direction un accord transactionnel de rattrapage partiel.

Juan Aceituno était durablement marqué par l’engagement de son père, et par l’expérience de l’exil. Dès son adolescence, il milita dans l’organisation des jeunes du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). Ayant le statut de réfugié politique, il demanda la nationalité française en 1954, mais comme il refusa la proposition d’un engagement dans la Légion étrangère pour la guerre d’Indochine, il n’obtint la nationalité française qu’en 1972. Il participa aux mouvements contre la guerre d’Algérie et établit des contacts avec des militants proches du FLN. Répondant à l’appel du PSU, il manifesta 8 février 1962 contre l’OAS, puis assista aux obsèques des victimes du métro Charonne. En février 1963, il participa à la manifestation devant l’ambassade d’Espagne contre la peine de mort de Julian Grimau, fusillé le 20 avril 1963. Très mobilisé par la dimension internationale des luttes ouvrières, Juan Aceituno initia des actions de solidarité avec l’Espagne, l’Argentine, l’Afrique, et Solidarnosc notamment. Il fut l’un des organisateurs de la visite de Lech Walesa à l’usine SNECMA Corbeil, le 15 octobre 1981.

Juan Aceituno, sportif, pratiquait quotidiennement course à pied et cyclisme. Il fut l’un des organisateurs, avec le comité d’établissement SNECMA Corbeil (Essonne), des courses pour la paix. En février 1987, la course Paris-Abidjan, en contre-pied au « Paris-Dakar », traversait l’Algérie, le Niger, le Burkina-Faso, en apportant des fournitures scolaires pour les écoles. Et en septembre 1988, il organisa avec des militants CFDT d’IBM Corbeil (Essonne), la course Évry (Essonne)-Nowytarg (Pologne), ville jumelée avec Évry, dont le parcours passait par Auschwitz.

De 1990 à 2002, actif dans le réseau des espagnols de l’usine SNECMA, Juan Aceituno s’impliqua dans l’association « Casa de Espana » de Corbeil (Essonne).

Juan Aceituno avait épousé, le 29 février 1964, Tina Castro Bermejo à Drancy (Seine-Saint-Denis) et eut trois enfants Sylvia (1965), Frédéric (1968) et Régis (1974).

En 2002, il retourna en Espagne, à Séville.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article198767, notice ACEITUNO JARILLO Juan par Alain Gelly, version mise en ligne le 4 janvier 2018, dernière modification le 21 janvier 2022.

Par Alain Gelly

Lors de la manifestation du 14 novembre 1979 devant le Giflas
Lors de la manifestation du 14 novembre 1979 devant le Giflas
Au congrès de la FGMM en février 1981
Au congrès de la FGMM en février 1981

SOURCES : Archives CFDT-UPSM. – Archives CFDT-SNECMA Corbeil. – Archives CFDT-Union départementale de l’Essonne. — Entretiens avec Juan Aceituno en mars 2013 et mars 2017.

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