Par Marc Geniez
Né le 12 mars 1906 à Thiaville-sur-Meurthe (Meurthe-et-Moselle), mort le 18 mai 2004 à Baccarat (Meurthe-et-Moselle) ; instituteur puis directeur d’école, de cours complémentaire puis de collège en Meurthe-et-Moselle ; militant associatif (ANPCC) et syndicaliste (SNI puis SNC) ; conseiller municipal de Bertrichamps (Meurthe-et-Moselle),
Fils de Charles Lemoine, instituteur né en 1868, et de Juliette Ferry, sans profession, Marcel Lemoine fut élève-maître à l’École normale d’instituteurs de Nancy de 1922 à 1925 dans la promotion dite des « ecclésiastiques » car comprenant Laumonier, Lévêque et Lemoine.
Il fut nommé instituteur à l’école Didion de Nancy en 1925. Parallèlement, la même année, il s’inscrivit en faculté des sciences pendant deux ans.
Un sursis lui fut accordé le 10 mai 1926 puis il fut incorporé au 18e régiment du génie de Nancy à compter du 18 novembre 1928 et jusqu’au 29 mars 1930. Il fut alors affecté militaire de réserve dans le même régiment.
Il reprit un poste d’instituteur et s’inscrivit en faculté de lettres de 1930 à 1932 où il obtint un certificat d’histoire moderne et contemporaine (mention bien). Il fut nommé au cours complémentaire de Dombasle-sur-Meurthe le 1 janvier 1933. Avec son ami, Redinger, il avait été à l’origine de la création de ce cours complémentaire où il enseigna les mathématiques, l’histoire-géographie et la musique et où il dirigea la chorale. Il joua également du violon dans l’orchestre philarmonique de la ville.
A Dombasle, il rencontra Alice Frion, fille d’une institutrice, née le 3 février 1917, institutrice puis professeur de français-couture, qu’il épousa le 2 juin 1937. Le couple eut quatre enfants : Denise (épouse Failly) née en 1938, Maryse et Jean (jumeaux) nés en 1940 et Francine (épouse Yong) née en 1950. ;Ses quatre enfants entrèrent à leur tour à l’école normale d’instituteurs (trices) en 1954, 1956, 1957 et 1965. A Dombasle, il eut pour élève le jeune René Haby qui devint plus tard ministre de l’Éducation nationale.
Remobilisé le 1 septembre 1939 et affecté au 18e régiment du génie, il combattit les Allemands en Alsace, en Moselle, jusqu’au 20 mai 1940. Son régiment se rapatria ensuite sur la région de Montpellier (Hérault). Sa compagnie y fut dissoute le 10 juillet 1940. Faisant fonction de « chef comptable », il participa à la liquidation de sa comptabilité jusqu’au 6 août 1940. Il fut démobilisé à Montpellier le 20 août 1940 et affecté comme instituteur à l’école Condorcet de cette ville à compter du 28 octobre.
Le 20 novembre 1940, Marcel Lemoine reçut une autorisation pour se rendre de Montpellier (zone libre) à Dombasle (zone occupée) pour une "mission de service", en fait pour retrouver sa famille. Il quitta Montpellier le 28 novembre 1940. Après une halte à Lyon, il rejoignit Lons- le-Saunier le 29. Avec l’aide d’un passeur, il franchit la ligne de démarcation le 1 er décembre, reprit le train à la gare de Vers et rejoignit son domicile à Dombasle le 2 décembre en toute fin de journée. Il tint un journal de route, conservé par la famille, de cette période, du 2 septembre 1939 au 2 décembre 1940. Il resta réserviste jusqu’au 10 novembre 1956.
En 1952, l’inspection lui demanda de prendre la direction de l’école primaire et du cours complémentaire de Baccarat qui fut ensuite transformé en collège d’enseignement général (CEG). Il en devint le directeur jusqu’à sa retraite en 1965.
Marcel Lemoine adhéra au Syndicat national CGT (SNI) au sortir de l’ENI. Il le quitta en 1933, lors de son implication dans la création du cours complémentaire de Dombasle, reprochant à ce syndicat de ne pas prendre en compte les spécificités des cours complémentaires. Il rejoignit alors l’Association nationale du personnel des cours complémentaires où il prit des responsabilités au sein de la section de Nancy dès 1938. Il les poursuivit lors de la transformation de l’ANPCC en Syndicat national des collèges (SNC) dont il demeura membre jusqu’à son départ en retraite à la fin de l’année scolaire 1964-1965.
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, il fut élu au bureau national de l’ANPCC et en devint l’un des vice-présidents de septembre 1945 jusqu’à la transformation de l’ANPCC en SNC le 6 avril 1960. Il fut alors élu membre du bureau national du SNC, avec la responsabilité de secrétaire national, du 6 avril 1960 à mai 1966, au congrès national qui suivit son départ en retraite.
A ce niveau de responsabilité et sur une aussi longue période, il fut l’un des acteurs majeurs de l’évolution de l’ANPCC et de sa transformation en syndicat, évolution qui accompagna l’émancipation des cours complémentaires puis leur transformation en collège.
A sa retraite, Marcel Lemoine s’installa à Bertrichamps (Meurthe-et-Moselle), commune de 1 000 habitants dont il devint conseiller municipal et où il fut inhumé après son décès.
Il y fut également responsable du groupe folklorique « les Rondiots » de Bertrichamps avec sa fille Maryse, et dirigea également un groupe d’épinettes.
Dans la continuité de leur père, Francine Yong et Jean Lemoine exercèrent également des responsabilités syndicales.
Francine Yong devint secrétaire générale du Syndicat national des écoles publiques (SNEP), syndicat affilié à la Fédération autonome de l’Éducation nationale (FAEN), de septembre 1994 à octobre 2007.
Jean Lemoine fut élu membre du bureau national du SNC, du 12 mai 1982 au 27 avril 1988, et dirigea la section de Nancy-Metz du SNC, de mai 1981 à avril 2001. Il fut également représentant des personnels à la Commission administrative paritaire académique (CAPA) des Professeurs d’enseignement général des collèges (PEGC) à partir de 1973 et jusqu’à son départ en retraite le 2 septembre 2001.
Par Marc Geniez
SOURCES : Archives du SNC. — Presse syndicale. — Renseignements fournis par la famille.