MIRET i MUSTÉ Josep ("José" en espagnol)

Par André Balent

Né le 23 septembre 1907 à Barcelone (Catalogne, Espagne), assassiné par ses geôliers le 17 novembre 1944 au camp de concentration de Mauthausen (Autriche) ; métallurgiste à Barcelone ; militant de l’USC (Unió socialista de Catalunya, parti socialiste et catalaniste, une des quatre composantes du PSUC (Partit socialista unificat de Catalunya, communiste, fondé en 1936) ; militant du PSUC en Catalogne puis, clandestin, en France ; militant de l’UGT ; conseller (ministre) d’un gouvernement de la Generalitat (avril-mai 1937) ; résistant en France (militant du PSUC, du PCE (Parti communiste d’Espagne) clandestins.

Né dans une famille pauvre de Barcelone, Josep [José en espagnol] Miret i Musté fut un autodidacte. Tout en travaillant, il suivi les cours nocturnes de l’Escola elemental del treball de Barcelone. Serrurier de formation, il travailla dans la métallurgie. Hostile à la dictature Primo de Rivera, il fut d’abord un militant de l’USC (Unió socialista de Catalunya) et occupa les fonctions de secrétaire des Jeunesses de ce parti. Ce parti socialiste, très catalaniste, proche du colonel Macià puis de l’Esquerra republicana de Catalunya (la Gauche républicaine de Catalogne, le parti de Francesc Macià et de Lluís Companys) fut un creuset de militants qui, pour certains, se radicalisèrent pendant les années de la Seconde République qui précédèrent 1936. Permi ceux dont il fut très proche, le syndicaliste Rafael Campalans et Joan Comorera. L’USC fut l’une des quatre organisations qui fusionnèrent pour donner naissance, le 22 juillet 1936, au PSUC, section catalane de l’Internationale communiste.
Auparavant, il participa à Barcelone aux combats de rue du 19 juillet 1936 contre le coup d’État militaire, en particulier à ceux engagés autour de la Telefònica et des Drassanes.
Avant la guerre civile il fut un joueur de l’équipe de la section de rugby du FBC [le Barça]. À partir du 22 juillet 1936, il intégra la direction du PSUC. Il était l’un des hommes de confiance de son secrétaire général, lui aussi issu de l’USC, Joan Comorera. Il représenta le PSUC au Comitè de les milícies antifeixistes de Catalunya (organisme doté de vastes compétences militaires et politiques) créé le 21 juillet 1936 et dissous le 27 septembre 1936 lorsque fut restructuré le gouvernement de la Generalitat. Il entra dans le gouvernement de la Generalitat de Catalogne présidé par Josep Tarradellas en fonctions du 16 avril au 5 mai 1937. Il y représentait l’UGT. Il était "conseller" [ministre] aux approvisionnements et directeur général des Transports. Lors de la crise de mai 1937 qui aboutit à Barcelone à une guerre civile dans la guerre civile, il fit le coup de feu contre les éléments du POUM et de la CNT-FAI.

Il intégra ensuite l’Armée populaire. Il combattit ensuite dans les rangs de l’armée républicaine espagnole et obtint, en 1938, le grade de commandant. Il était commissaire politique de la 21e division de l’Armée populaire (ou de la 43e, selon certains auteurs), puis commissaire général des blindés de l’armée de l’Est (ou de l’Èbre ?).

Après la Retirada, il intégra l’organisation clandestine du PSUC en France puis, celle du PCE. Il entra en France avec un passeport qui lui évita l’internement dans les camps de la côte roussillonnaise. Après avoir acquis des faux papiers, Il vécut dans la clandestinité à Perpignan (Pyrénées-Orientales) puis à Marseille (Bouches-du-Rhône) et, en fin, à Montpellier (Hérault).

Ayant gagné Paris et sa région, il se fit embaucher en avril 1941 à Paris dans un atelier de réparation d’automobiles allemandes. Il assura la direction clandestine du PSUC en exil pour toute la France, zone occupée et zone "libre" avec la fausse identité de "Jean Régnier" ou "Reignier", tailleur d’habits. Par la suite, il assuma simultanément des fonctions dirigeantes pour le PCE dans la zone Nord. Il fut mal vu par les dirigeants du PCE qui lui reprochaient son catalanisme et mettaient en cause l’autonomie du PSUC vis à vis du PCE. Par ailleurs, en août 1940, il expliqua publiquement, dans un texte intitulé en espagnol Derrote-Combate-Revolución qu’il fallait, en France, impulser la résistance aux occupants allemands. Il se positionnait ainsi clairement, avec d’autres militants du PSUC et du PCE contre le pacte germano-soviétique et en tirait des conclusions logiques quant à l’action. Mais cette initiative n’a pas prospéré dans les rangs des communistes catalans et espagnols affiliés à la IIIe Internationale.

Son frère Conrad ( Barcelone, 1906-Paris, 1942) devenait, de son côté, le premier responsable de l’OS (Organisation spéciale) de la MOI (Main d’Œuvre immigrée). Avec le Catalan Lluís Marassé, du PSUC et imprimeur clandestin de la MOI, il rédigea les articles en langue catalane des publications du PSUC imprimées à Paris. Les deux frères Miret collaborèrent activement à l’activité d’édition clandestine de Louis Marassé.
Josep Miret fut arrêté en novembre 1942 par la police française et incarcéré à Paris à la prison de Fresnes où il fut torturé par les Français d’abord, puis par les Allemands à qui il avait été livré. Pris au moment où il descellait les barreaux de la fenêtre de sa cellule, il fut inscrit sur une liste d’otages. Il fut, à ce titre, déporté le 27 août 1943 à Mauthausen (Autriche). Dans le camp, il fit partie des groupes de résistance des commandos de Schwechat et Florisdorf. Il avait été envoyé au premier commando le 10 septembre 1943, avait d’être affecté au second. Il fut blessé lors d’un bombardement allié du camp. Peu après, il fut abattu, en même temps que son camarade catalan Juncosa Escoda, d’une balle dans le dos par un surveillant allemand, sur ordre du SS Streiwiesser. À Paris, Josep Miret fit la connaissance de Julienne Brumenhurst alias "Lili" (certaines sources parlent de "Magdalena") qui devint sa compagne et dont il eut une fille que certains nomment aussi "Lili".

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article198999, notice MIRET i MUSTÉ Josep ("José" en espagnol) par André Balent, version mise en ligne le 11 janvier 2018, dernière modification le 1er mai 2022.

Par André Balent

SOURCES : Alejandro Acosta López, "Una lucha de resistència y esperanza. Los guerrilleros españoles en la Resistencia francesa", in Enrique del Olmo, Pelai Pagès (coord.), La Retirada. El exilio republicano, Tolède & Barcelone, El Perro Malo & Fundació Andreu Nin, 2021, p. 81-118 [p. 94]. — Narcisse Falguera, Guérilleros en terre de France. Les Républicains espagnols dans la Résistance française, préface de Léo Figuères, Pantin, Le Temps des cerises, 2004, 316 p. [pp. 27-29]. — Gustau Nerín, "Josep Miret i Musté, conseller mort als camps nazis", journal électronique catalan El Nacional, 31 octobre 2017(site elnacional.cat consulté le 11 janvier 2018). — Montserrat Roig i Francitorra, Els catalans als camps nazis, préface d’Arthur London, Barcelone, Edicions 62, 1977, 533 p. — Phryné Pigenet, Catalans malgré tout. L’exil catalan en France au XXe siècle. Histoire et mémoire, Perpignan, Trabucaire, 2017 [p. 101, note 100 ; p. 102, note 102 ; p. 108]. — David Wingeate Pike, Jours de gloire, jours de honte. Le Parti communiste d’Espagne en France depuis son arrivée en 1939 jusqu’à son départ en 1950, SEDES, 1984, 311 p. [pp. 40, 45, 168, 201, 232]. — Josep Maria Solé i Sabaté, Jordi Finestres, El Barça en guerra (1936-1939), Barcelone, Angle Editorial, 2006, p. 115. — Robert Surroca i Tallaferro, Premsa catalana de l’exili i de l’emigració 1861-1976, Barcelone, Generalitat de Catalunya, 2002. — Robert Surroca i Tallaferro, Premsa catalana clandestina a París sota l’ocupació alemanya, édition du 1er février 2014, site llibertat.cat, consulté le 10 janvier 2018 (André Balent). — Site Musée de la Résistance en ligne, consulté le 11 janvier 2018.

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