CORTEL Daniel, Marcel, Gabriel (pseudo « Gaby »)

Par Claude Delasselle

Né le 25 mars 1913 à Joigny (Yonne), exécuté sommairement le 20 juin 1944 à Saint-Mards-en-Othe (Aube) ; peintre-décorateur ; résistant Front national et maquisard FTP homologué FFI et DIR.

Gabriel Cortel était le fils de François, entrepreneur de peinture et de Marie Sidonie Gérard. Il était marié avec Mariette Selliéberz et exerçait le métier de peintre en bâtiment (peintre droguiste sur l’acte de décès), lorsqu’il intégra le Front national en 1942, tout en côtoyant à Joigny les résistants sédentaires du groupe Bayard. Son engagement prit des formes multiples : il abrita des responsables clandestins de la Résistance, diffusa des journaux et des tracts, collecta des armes, réalisa des sabotages ferroviaires. Il participa à la création des premiers groupes armés de la région de Joigny et adhéra aux FTP dès leur création dans l’Yonne en 1943. Au sein de cette organisation, il créa un service de renseignement sur les mouvements des forces allemandes. L’état-major départemental des FTP l’éleva au grade de sous-lieutenant le 1er septembre 1943.
Son activité multiforme de résistant sédentaire fut repérée et il fut dénoncé. Le 11 janvier 1944, la Feldgendarmerie perquisitionna son domicile de Joigny. Il n’échappa à l’arrestation qu’en s’enfuyant par les toits, avant de gagner l’Aube.
Il intégra alors le maquis FTP aubois qui se constituait dans les bois de Sévy, près d’Arces, dans le département de l’Yonne, maquis connu sous le nom de « maquis de Suy ». Composé en grande partie de membres champenois, ce maquis était placé sous le commandement du militant communiste troyen Gaston Gagnière, promu commissaire aux opérations régionales au sein de l’état-major aubois des FTP au printemps 1944. Le maquis, divisé en trois compagnies, compta bientôt 150 hommes. Gabriel Cortel devint l’un des adjoints de Gaston Gagnière.

Mi-juin 1944, craignant une offensive générale des Allemands, l’état-major FTP ordonna au maquis de Suy de préparer son départ pour rallier un important rassemblement en voie de constitution par le Bureau des opérations aériennes (BOA) à Saint-Mards-en-Othe. Gabriel Cortel faisait partie des 180 maquisards qui quittèrent les bois de Sévy dans l’après-midi du 19 juin 1944. Une colonne à pied, sous la direction de Gagnière, prit la direction de Saint-Mards-en-Othe, distant d’une quinzaine de kilomètres, accompagnée de quelques véhicules, camions et voitures. En fin d’après-midi, le transfert s’acheva sans que les forces allemandes ne soient intervenues.

Dans la nuit du 19 au 20 juin, des troupes allemandes fortes d’environ un millier d’hommes prirent position dans le Pays d’Othe. La Gestapo troyenne et ses agents français ayant préparé l’opération, l’ennemi connaissait l’emplacement du maquis de Saint-Mards-en-Othe et ses forces. Les combats se déroulèrent toute la matinée dans la forêt. 27 maquisards furent tués et massacrés, la plupart furent horriblement mutilés (émasculation, énucléation…). Parmi eux, Gabriel Cortel, dont le corps put être identifié grâce à la salopette de peintre qu’il portait et dont le revers de la ceinture contenait quelques indications.
L’acte de décès fut dressé le 21 juin sur la déclaration de Maxime Lecas, 45 ans, garde champêtre domicilié à Saint-Mards-en-Othe. La formule utilisée pour le décès est libellée ainsi : "décédé accidentellement sur le territoire de notre commune".
Il obtint la mention « Mort pour la France » apposée sur l’acte et le titre de "Déporté et interné résistant (DIR) et fut homologué aux Forces françaises de l’intérieur (FFI).
Peu après la Libération, la municipalité de Joigny inaugura en centre ville une rue Gabriel Cortel, puis une place Gabriel Cortel. Le 27 mai 2017, la municipalité de Joigny dévoila une plaque à la mémoire de Gabriel Cortel, sur la place qui porte son nom. Son nom apparaît aussi sur le monument aux morts de Joigny, sur le monument aux morts de Saint-Mards-en-Othe, sur le monument commémoratif du maquis de Saint-Mards, à Saint-Mards-en-Othe, sur le monument des déportés et fusillés de l’Yonne, à Auxerre. Gabriel Cortel est titulaire de la Croix de guerre et de la carte de Combattant volontaire de la Résistance.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article199126, notice CORTEL Daniel, Marcel, Gabriel (pseudo « Gaby ») par Claude Delasselle, version mise en ligne le 15 janvier 2018, dernière modification le 27 mars 2022.

Par Claude Delasselle

SOURCES : dossiers SHD Vincennes GR 16 P 143761 et 143762 (nc).— Gabriel Cortel, Au nom de la Résistance, in l’Yonne Républicaine, 27 mai 2017. Touffu Sébastien, Le maquis de Saint-Mards-en-Othe, Mémoire de maîtrise, Université de Bourgogne, 1996. — Mémorial Genweb.— État civil (acte de décès).

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable