KOCIOLEK Herz Leib

Par Bernard Reviriego

Né le 13 mars 1893 à Minsk (Empire russe, Biélorussie), massacré le 15 juillet 1944 à Marsac (Dordogne) ; de nationalité polonaise ; victime civile d’origine juive.

Leib Herz Kociolek était le fils de Slama Kociolek et de Rifka Perkal (ou Berkal) et l’époux de Basza Pszenica et il avait un frère prénommé Jechiel qui fut arrêté en même temps que lui. Ils étaient tous deux domiciliés à La Cave de la Prunerie, commune de Marsac-sur-l’Isle (Dordogne).

Le 11 juillet 1944, un détachement du groupe de résistance « Roland » avait occupé la gare de la Cave en attente d’un train. A son arrivée, un adjudant allemand et plusieurs soldats armés descendirent sur le quai. Le combat qui s’engagea alors dura peu de temps mais six Allemands périrent.

Le 15 juillet 1944, les autorités allemandes organisèrent une opération de représailles visant à terroriser la population et à tuer six Juifs. Vers 8 heures du matin, arrivèrent deux camions de soldats allemands, un camion de "bicots" (ainsi appelait-on les membres de la brigade Nord Africaine) et trois autres, occupées par des officiers et des agents de la Sipo-SD de Périgueux. Le village fut aussitôt cerné par les soldats. Les Allemands et la brigade Nord Africaine firent des perquisitions dans toutes les maisons, non sans faire main basse sur du linge, des vêtements et des bijoux. Tous les hommes présents furent arrêtés et rassemblés à un point de contrôle établi près de la gare où il fut fait un tri entre les Juifs et les habitants du village. Les Allemands ne trouvèrent que cinq otages juifs alors qu’ils en voulaient six, c’est la raison pour laquelle ils prirent également un Juif qui passait là par hasard, allant à vélo à Périgueux. Ils emmenèrent les six victimes au lieu-dit la Barde, proche de la gare, sur la commune, où des membres de la brigade Nord Africaine les exécutèrent à 9 h. Ils emmenèrent les six victimes au lieu-dit la Barde, sur la commune, où des membres de la brigade Nord Africaine les exécutèrent, dans la carrière, à 9 h. Les cinq autres victimes étaient Jechiel Kociolek, Brum Wolf, Israël Szermann, Léon Zameck Lewech, André Heyman. Toutes les victimes étaient mutilées et, selon les termes de l’acte d’état civil, « presque méconnaissables ».

Leurs noms figurent sur la stèle commémorative érigée sur l’emplacement de ces crimes.

Récit des événements d’après Mme Kociolek, nièce de Herz Kociolek, en date du 4 juillet 2003 :

On note dans ce récit le passage relatif à l’aide passive fournie par les soldats autrichiens sous uniforme allemand. Par ailleurs Mme Kociolek avait aussi écrit que le beau-frère qu’elle évoque ici avait un ami policier, dont elle ne donnait pas le nom, qui le tenait informé des rafles.

Vers 8 heures, un camion transportant des soldats allemands et des Nords-Africains s’est arrêté à La Cave, commune de Marsac. Les soldats allemands ont établi un point de contrôle près de la gare. Les officiers allemands, les bicots et les agents de la Gestapo ont arrêté tous les hommes pour un contrôle d’identité. Là, ils faisaient le tri entre les Juifs et les habitants de la commune. Quand ils ont rassemblé tous les hommes, ils n’avaient que 5 Juifs, or ils voulaient 6 otages, ils ont donc choisi un habitant du village. Pendant la sélection des otages à fusiller, un monsieur passe par La Cave, il allait à Périgueux à bicyclette, ce monsieur a eu la malchance de se trouver là au mauvais moment et aussi d’être Juif. Voilà l’otage dont ils avaient besoin. (…). Mon père n’a pu échapper à la rafle, il a été arrêté à la maison. Les bicots l’ont maltraité durant le trajet jusqu’au contrôle, il s’est défendu durant le trajet. Le frère de mon père a également été arrêté, il attendait le train pour se rendre à son travail, il fait partie des 6 otages qui ont été fusillés. (...). Mon beau-frère, M. Maurice Papier, leur a présenté les faux papiers que nous avions en notre possession, cependant ils ont insisté pour qu’il les accompagne au contrôle de la gare. Il leur a avoué qu’il était Juif et que c’était la raison pour laquelle il ne voulait pas aller avec eux. Ces soldats en uniforme allemand étaient autrichiens. Ils lui ont dit de rentrer à la maison, de ne pas sortir, qu’il ne risquait plus rien après leur passage.(…).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article199226, notice KOCIOLEK Herz Leib par Bernard Reviriego, version mise en ligne le 19 janvier 2018, dernière modification le 19 janvier 2018.

Par Bernard Reviriego

SOURCES : Correspondance et récit de Mme Kociolek.— Registre d’état civil de Marsac-sur-l’Isle.— Arch. Dép. Dordogne, 1 W 1809 ; 1 W 1901-1. Rapport de gendarmerie n° 949 du 6 octobre 1944 ; 1573 W 6 ; 1573 W 8. Rapport du 27 octobre 1944 ; 1573 W 8. Relation faite le 27 octobre 1944 par M. Texier, membre du comité de libération, et par l’institutrice (signature illisible) de Marsac.— Archives du Consistoire du Bas-Rhin - Liste de victimes israélites dans le département de la Dordogne.— Bernard Reviriego, Les Juifs en Dordogne, 1939-1944, Périgueux, Éditions Fanlac-Archives départementales de la Dordogne, 2003, p. 259-261, 382.

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