Par Jean-Yves Guiomar, Gilles Morin, Claude Pennetier
Né le 12 novembre 1903 à Ancourt (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), mort le 10 mars 1998 à Antony (Hauts-de-Seine) ; docteur en médecine, spécialiste de la tuberculose ; militant socialiste du Lot-et-Garonne, des Côtes-du-Nord [Côtes-d’Armor], puis de Paris ; chef adjoint du cabinet d’Albert Gazier, ministre des Affaires sociales dans le gouvernement Guy Mollet (1956), secrétaire de la Ve section SFIO de la Seine.
Fils d’un médecin, Frédéric Choffé se maria en juillet 1927 à Paris XIVe arr. avec Odette Pascal. Après ses études de médecine à Paris, auteur d’une thèse sur la tuberculose, Frédéric Choffé fut interne à Hendaye (Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques). Médecin de campagne à Houeillès (Lot-et-Garonne), il fut candidat socialiste, au conseil général du Lot-et-Garonne en octobre 1931, devançant le communiste Marcel Touja dès le premier tour pour le siège de Houeillès. À la fin de l’année 1931, la Fédération SFIO subit une crise très grave et c’est au docteur Choffé, en tant que secrétaire fédéral et gérant du Réveil socialiste (n° 1, 20 février 1932), que revint la tâche de reconstruire l’organisation socialiste dans le département du Lot-et-Garonne : en avril 1932, vingt-cinq sections regroupaient environ 400 adhérents. Au cours des discussions préparatoires au congrès national des 29 mai-1er juin 1932 le docteur Choffé s’affirma partisan de la motion Montagnon, c’est-à-dire de la participation des socialistes à un ministère radical et, c’est ainsi qu’au congrès fédéral, la motion Montagnon obtint 58 voix contre 8 à la motion du Nord antiparticipationniste. Toutefois, lors de la crise néo-socialiste de 1933, bien que se situant dans la droite de son parti, Choffé s’opposa à l’indiscipline du groupe parlementaire et fit voter au congrès fédéral la motion Blum-Faure (42 voix contre 9 à celle de Déat).
En 1933, Frédéric Choffé fut nommé au sanatorium marin de Trestel en Trévou-Tréguignec (Côtes-du-Nord), et milita à la section socialiste de Tréguier. Contacté par les responsables de la Fédération, il prit rapidement des fonctions dirigeantes au niveau départemental puisqu’il fut élu secrétaire adjoint de la Fédération en novembre 1934 et délégué au congrès national du Parti ce même mois. En mai 1935, il fut élu membre du conseil municipal de Trévou-Tréguignec, porté par la nette poussée du socialisme dans la région de Lannion. À partir de ce moment-là, il prit une part très active à la consolidation de cette poussée, qui correspond au grand mouvement unitaire du Front populaire. L’implantation socialiste était particulièrement forte dans les campagnes, plus que sur la côte, et Choffé organisa de nombreuses réunions en milieu rural, en compagnie de Marcel Hamon, communiste, et de Philippe Le Maux* qui devait devenir en 1936 le premier député socialiste des Côtes-du-Nord. À la fin de 1935, Choffé devint trésorier fédéral et cumula cette fonction avec celle de secrétaire fédéral adjoint, chargé surtout de la partie ouest du département, Guy Robert, secrétaire fédéral, s’occupant plutôt de la partie est et de la région de Saint-Brieuc. Choffé fut président du comité de Front populaire du canton de Perros-Guirec, et candidat aux élections législatives à Saint-Brieuc en 1936 ; il y remporta 2 017 voix (21 954 inscrits, 15 872 votants). Robert et Choffé s’accordaient sur l’orientation générale de la Fédération, étant tous deux centristes dans le Parti. En novembre 1936, Choffé publia un petit bulletin intitulé Comprendre, imprimé à Lannion et comportant huit pages de format 21x27. C’était un bulletin doctrinal dont Choffé avait eu l’idée durant la campagne électorale qu’il avait faite, en même temps que la sienne propre, pour soutenir Le Maux qui avait de grandes chances d’être élu. Choffé avait axé ses interventions sur la doctrine socialiste. Quelques articles de dirigeants du Parti furent publiés dont un de Séverac ; l’orientation générale du bulletin était celle de la tendance Bataille socialiste. Il y eut deux cents abonnés, chiffre assez important surtout si l’on considère que la Fédération comptait de gros effectifs de tendance pivertiste. En 1937 et 1938, Frédéric Choffé continua d’occuper les mêmes fonctions à la tête de la Fédération, et à deux reprises, en février 1937 et avril 1938, il fut délégué au conseil national du Parti. Le 22 mai 1937, il fit une conférence pour le cercle Voltaire de Châtenay-Malabry, sous la présidence du maire, Jean Longuet*, sur « La tuberculose maladie sociale ». Il attachait en effet une grande importance à la dimension sociale et même psychologique de la maladie.
Il fonda la section socialiste de la Roche-Derrien, dans les Côtes-du-Nord.
Frédéric Choffé fut nommé dans le Sud-Ouest comme médecin de sanatorium, à Capbreton (Landes) en 1938, où il resta jusqu’en 1944. Menacé d’arrestation pour ses activités de résistant, il alla s’installer alors à Lyon, comme médecin conseil de la Sécurité sociale. Breveté du Centre des hautes études administratives, en 1945, il se fut appelé à Paris au ministère du Travail, à la Sécurité sociale où il devint sous-directeur, chargé de l’action sanitaire et sociale, de 1947 à sa retraite en 1969. Secrétaire de la section SFIO du Ve arrondissement de 1951 à 1959 au moins, il fut candidat à la commission exécutive fédérale en 1958, puis fut élu en 1961 et 1964. Partisan des thèses majoritaires sur la CED et sur l’Algérie, dans une fédération où les minoritaires au plan national étaient majoritaires, puis demeurèrent très actif, il fut appelé par Albert Gazier comme chef adjoint de son cabinet au ministre des Affaires sociales de février 1956 à juin 1957. Il fut nommé membre du comité interministériel d’études des problèmes de l’enseignement médical, de la structure hospitalière et de l’action sanitaire et sociale en octobre 1956.
Dans l’été 1958, Choffé s’opposa aux militants qui quittaient le parti et fondaient le Parti socialiste autonome en septembre et fut candidat SFIO aux législatives de novembre, contre Robert Verdier, député socialiste sortant, passé au PSA. Il a été encore candidat SFIO aux élections municipales de 1959 dans le 1er secteur de la Seine (Ve, VIe, VIIe arr.). On le repère une dernière fois comme membre du comité de soutien du courant animé par André Chandernagor qui publiait Démocratie socialiste, en mai 1970.
Très ami avec Jean Paulhan, il logea avec sa famille chez celui-ci, 5 rue des Arènes après la Seconde Guerre mondiale. Dirigeant socialiste du Ve arr. de Paris en 1947, il eut l’occasion de côtoyer quelques personnalités intellectuelles du Quartier latin et d’accueillir André Chandernagor qui en garda le souvenir (La Liberté en héritage, Pygmallion, 2004, p. 72). En étroite collaboration avec Robert Debré, mais en laissant le rôle-titre à celui-ci, il participa au « Comité Robert Debré », comité interministériel chargé de préparer la réforme des études médicales (Luttes, organe de combat des jeunesses socialistes SFIO », 8 mars 1959).
Choffé avait été fait chevalier de la Légion d’honneur et était officier de l’ordre de la Santé publique.
Par Jean-Yves Guiomar, Gilles Morin, Claude Pennetier
SOURCES : Arch. Nat., F/1cII/564. 2004/34 MI 56/13354. — Arch. OURS, B8 56 MM ; dossiers Seine, fonds C. Fuzier ; dossiers Sondages 1955. — Le Réveil socialiste 1931-1932-1933. — PS-SFIO, XXXe congrès national de Paris, rapports, Librairie populaire 1933. — Le Populaire, 15 octobre 1934. — Le Combat Social, juin-juillet 1958. — Profession de foi aux municipales de 1959. — Démocratie socialiste, n° 6, mai 1970. — Le Combat social. — Témoignage de F. Choffé. — Marcel Parent, Paulhan citoyen, Gallimard, Les Cahiers de la NRF, 2006. — Témoignage de F. Choffé. — État civil de Ancourt.