JOSSELOVITZ Cécile [née WILKOWSKI] alias Cécile BARCANT

Par Daniel Grason

Née le 17 mai 1908 à Paris (Xe arr.), morte le 19 août 1984 à Barr arrondissement de Sélestat (Bas-Rhin) ; ouvrière en chaussures ; militante communiste et du Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme ; déportée politique ; résistante.

Céline Josselovitz
Céline Josselovitz

Fille de Jacob, ouvrier en chaussures piqueur de tiges, vingt-six ans et de Feiga née Aronovitz, ménagère, vingt-six ans, Cécile Wilkowski épousa le 8 mai 1928 Leib dit Léon Josselovitz en mairie du XIe arrondissement de Paris. Le couple mère et père d’une fillette âgée de huit ans vivait dans un logement de deux pièces cuisine 7 place Gambetta à Paris (XXe arr.). Elle adhéra au parti communiste en 1932 fut secrétaire d’une cellule locale, membre du Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme.
Le 27 février 1942 deux inspecteurs interpellaient une jeune femme qui déclara se nommer Cécile Barcant. Lors de la perquisition de son domicile du 7 place Gambetta, les policiers interpellaient également Lucienne Lejeune, ils saisissaient une lettre manuscrite écrite au crayon à papier signée Clarisse où il était question d’un goûter, dans une deuxième lettre était évoqué un voyage avec dix autres personnes.
Cécile Barcant reconnut rapidement se nommer Josselovitz. Elle déclara assurer des liaisons entre le Comité mondial des femmes et le Parti communiste. Des fausses pièces d’identité lui avaient été fournies pour son travail clandestin. Elle expliqua la présence de Lucienne Lejeune à son domicile ainsi « Je devais sortir avec elle et je venais la chercher » et elle la connaissait en tant qu’ancienne adhérente du Comité mondial des femmes du temps de la légalité.
Dans son sac à main, trois fausses cartes d’identité avaient été saisies, aux noms de Louis Naudin, la seconde à l’identité de Denise Le Jeune, la troisième portait la photographie de Cécile Josselovitz sous le nom de Madeleine Terrier. Elle soutint que les pièces d’identités lui avaient été fournies pour les besoins du travail clandestin, mais qu’elle ne connaissait ni le nom ni l’adresse de l’homme qui lui avait donné. Quant aux trois cartes textiles à trois autres identités, elle répondit qu’elles étaient fausses et qu’elle les avait acheté à un individu qu’elle ne connaissait pas.
Les policiers lui demandèrent des explications sur un tract imprimé intitulé « Haro sur les concierges » et une brochure imprimée qui portait comme titre « Le nouvel ordre européen », elle donna une réponse laconique « J’ai reçu ces imprimés d’un individu que je connais uniquement sous le prénom de René. »
Sur un carnet de poche calendrier de 1942 deux prénoms avec des adresses et « Métro Châtelet Vendredi 5 Heures ». Elle répondit « Il s’agit effectivement d’un rendez-vous avec une camarade », elle ne souvenait plus de son nom. D’autres adresses concernaient des marchands de tissus.
Enfin à son domicile avait été découvert une lettre écrite par Cécile Josselovitz et adressée à « Mon Bébé » et dans laquelle elle mentionnait « un nouveau chargement de dix personnes. » Elle répondit qu’elle accompagna un an auparavant « une dizaine de personnes d’origine juive désireuses de partir en zone libre. » Elle précisa qu’il ne s’agissait « nullement de militants communistes. »
Dans une valise qui était 108 boulevard de Ménilmontant au domicile de Jacob Wilkowski, son père, les policiers saisissaient le 28 février 1942 deux cents tracts imprimés dans une valise contenant des vêtements féminins. Le jour même, ils interrogeaient à nouveau Cécile Josselovitz en lui faisant remarquer que vraisemblablement la valise lui appartenait. Elle répondit qu’elle avait « apporté chez lui le matériel clandestin […] à son insu. »
Le 6 mars dans sa note adressée au commissaire principal, un inspecteur, écrivait qu’une fausse carte d’identité au nom de Louis Naudin domicilié 7 passage du Pont-Cenis dans le XVIIIe arrondissement avait été trouvée dans le sac à main de Cécile Josselovitz. La photographie était celle de Léon Josselovitz, mari de Cécile qui vivait en zone libre en Haute-Vienne.
Le 23 mars 1942 elle fut entendue par un juge d’instruction, elle reconnaissait avoir repris de l’activité dans l’organisation clandestine et s’assurer « la liaison entre le Parti et le Comité mondial des femmes du XXe arrondissement. » Elle déclara ignorer les noms et les adresses des femmes avec qui elle était en liaison et affirma « Personnellement j’ignorais comment fonctionnait cette organisation. Je me bornais à suivre les consignes. »
Lucienne Lejeune ayant été aussi arrêtée, elle martela « Je ne l’ai jamais sollicitée pour me seconder. » Si elle logea à l’hôtel de la rue Parmentier où Cécile Josselovitz avait une chambre, c’était « parce que je lui avais indiqué que cet hôtel était chauffé. »
Le 27 juillet 1942 elle comparut en compagnie d’autres résistantes du XXe arrondissement devant la Section spéciale de la Cour d’Appel de Paris, fut condamnée à huit ans de travaux forcés. Incarcérée à la prison pour femmes de Rennes (Ille-et-Vilaine), le 2 mai 1944 elle était livrée aux allemands, internée au fort de Romainville (Seine, Seine-Saint-Denis).
Elle partit le 13 mai 1944 de la gare de l’Est dans un convoi de 567 détenues à destination de Ravensbrück, elle a été emprisonnée à Hanau. Cette prison fut bombardée, Cécile Josselovitz et d’autres détenues ont été dirigées sur le camp de concentration de Bergen-Belsen.
Le camp a été libéré par l’armée Britannique le 15 avril 1945, matricule 39166, Cécile Josselovitz était vivante ainsi que Lucienne Lejeune qui était dans le même groupe de résistantes. Une épidémie de typhus sévissait dans le camp, les déportées consignées dans les baraquements pour éviter la propagation de l’épidémie. Le 1er mai les femmes furent les premières évacuées, le 20 mai 1945, l’armée anglaise détruisit entièrement le camp au lance-flammes.
Le 3 mai 1953 Cécile Josselovitz épousa Eugène Ranaldi à Paris en mairie du XIXe arrondissement. Elle a été homologuée Déportée Internée Résistante (DIR) sous le nom de Wilkowski épouse Ranaldi ex. Josselovitz, Cécile.
Cécile Ranaldi mourut le 19 août 1984 en Alsace.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article199361, notice JOSSELOVITZ Cécile [née WILKOWSKI] alias Cécile BARCANT par Daniel Grason, version mise en ligne le 22 janvier 2018, dernière modification le 1er février 2020.

Par Daniel Grason

Céline Josselovitz
Céline Josselovitz

SOURCES : AN Z/4/54. – Arch. PPo. GB 063, BA 2056. – AD Ille-et-Vilaine (notes de Yves Boivin). – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – Bureau résistance GR 16 P 603139. – État civil numérisé Paris 10e, 10N 374, acte n° 2225.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 155

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