HOFFMANN Mathias, Frédéric, Guillaume [alias THIERRY ou THIÉRY Lucien, Albert, Jules]

Par Daniel Grason

Né le 3 décembre 1896 à Metz (Moselle) ; peintre en bâtiment ; militant du Parti communiste allemand ; volontaire en Espagne républicaine ; livré aux allemands.

Fils de Frédéric Guillaume Hoffmann, peintre, et de Marguerite, née François, Mathias Hoffmann de nationalité allemande combattit pendant la guerre 1914-1918 dans l’armée allemande, il fut blessé. Il était marié et père de trois enfants. Il a été membre du Parti communiste allemand jusqu’à sa dissolution en 1933, il resta en Allemagne jusqu’en octobre 1936.
Il rejoignit sa famille qui vivait en France, un mois après il s’engagea dans les Brigades internationales. Il combattit en Espagne républicaine au sein de la XIe brigade Hans Beimler. Rapatrié, il habita sente de l’Arbitrage, puis 33 rue de la Fraternité à Romainville (Seine, Seine-Saint-Denis). Considéré comme « suspect au point de vue politique » en raison de sa nationalité allemande, Mathias Hoffmann a été interné le 12 mai 1940 au stade Roland Garros à Paris, puis transféré en Bretagne.
Libéré, il habitait depuis le 1er janvier 1942 dans une chambre en meublé au 41 rue des Maronites à Paris (XXe arr.). Lors de filatures dans le XXe arrondissement, des inspecteurs des Renseignements généraux suivirent deux femmes : Marguerite Chagneau et Victoria Barra. Cette dernière était en relation avec Marie Chauvin. Les policiers la suivirent et se présentèrent au domicile des époux Chauvin 21 rue Riblette. Son mari Paul ouvrit, un autre homme était là, il se présenta comme s’appelant Lucien Thierry.
Emmené dans les locaux des Brigades spéciales, après vérification les policiers l’identifièrent comme étant Mathias Hoffman, de nationalité allemande, fiché comme un membre actif du Parti communiste allemand. Interrogé Paul Chauvin expliqua qu’il avait fait la connaissance de Lucien Thierry par hasard dans un cinéma du quartier en octobre 1940. Par la suite il lui avait rendu des services, peignant notamment ses meubles de cuisine. Il affirma tout ignorer de son passé. Marie Chauvin épouse de Paul fit une déclaration similaire : « J’affirme que jamais il ne nous a mis au courant ni mon mari, ni moi, de sa véritable nationalité et c’est vous-mêmes qui m’apprenez qu’il s’appelle Hoffmann. »
Les policiers perquisitionnèrent sa chambre de la rue des Maronites, ils saisissaient : un livret de famille délivré par la mairie du Xe arrondissement de Paris, une carte d’identité au nom de Lucien Thierry né le 26 mai 1896 à Mourmelon-le-Grand datée du 29 octobre 1941 domicilié 270 faubourg Saint-Martin à Paris (Xe arr.), une quittance de loyer, et de deux photographies sur lesquelles il portait l’uniforme des volontaires des brigades internationales. Il portait dans une poche intérieure de son veston un papier carbone sur lequel il était écrit : « Parti Communiste, Rayon du 20ème , Cellule… » Il portait sur lui trois mille cinq cents francs.
Interrogé sur la provenance des pièces d’identité, il répondit que le livret de famille se trouvait à la Maison des Syndicats à Paris avenue Mathurin-Moreau à Paris (XIXe arr.). Il expliqua qu’il avait acheté la carte d’identité cinq cents francs à un hongrois. Il assura avoir loué la chambre de la rue des Maronites en avril 1941, faisant croire au loueur qu’il était un Lorrain expulsé. Quant au papier carbone, il déclara « Je crois me souvenir [qu’il] a été utilisé avant les hostilités. En tout cas, j’assure que ce n’est pas moi qui m’en suis servi. »
Les policiers vérifièrent si un nommé Lucien Thierry avait habité au 270 faubourg Saint-Martin, c’était le cas, mais il avait déménagé depuis cinq ans.
Mathias Hoffmann a été livré aux Autorités allemandes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article199384, notice HOFFMANN Mathias, Frédéric, Guillaume [alias THIERRY ou THIÉRY Lucien, Albert, Jules] par Daniel Grason, version mise en ligne le 20 mars 2018, dernière modification le 20 mars 2018.

Par Daniel Grason

SOURCES : AN Z/4/54. – Arch. PPo. GB 063. — État civil de Metz en ligne cote 1E/c208, vue 68 (nos remerciements à Michel Roth pour la traduction).

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable