DREYFUSS René, Samuel

Par Bernard Reviriego

Né le 28 octobre 1883 à Héricourt (Haute-Saône), massacré le 5 août 1944 au Fleix (Dordogne) ; tailleur ; victime civile d’origine juive.

René Dreyfuss était le fils de Auguste Dreyfuss, originaire de Mulhouse, directeur de fabrique, et de Rosalie Mayer, sans profession. Il avait épousé Marie Joséphine Jouvriseck, d’origine hongroise. A Paris, où ils vivaient avant-guerre, il était tailleur d’habits pour femmes. Ils étaient domiciliés à Sainte-Foy-la-Grande (alors rattachée à la Dordogne), 54 rue Jean-Jacques Rousseau. Ils n’avaient pas d’enfant. Médaillé de la guerre de 14-18, il portait ses décorations le dimanche et c’était aussi la raison pour laquelle il n’était pas nécessaire, pensait-il, de se cacher lors des rafles.
Son arrestation et son exécution s’inscrivirent dans le cadre plus large des combats qui opposèrent alors les Allemands aux forces de la Résistance, et les événements tragiques du Fleix (Dordogne), indissociables de ceux de Sainte-Foy-la-Grande, se seraient vraisemblablement passés en deux temps. Le 4 août 1944, Sainte-Foy-la-Grande fut encerclée par une colonne allemande détachée de la 11e SS Panzer-Division forte de 1200 hommes venue pour écraser le maquis rassemblé au Fleix. Ces opérations firent une quarantaine de morts.
Ce même jour, André Besson, dit Besson-Rapp, qui dirigeait un corps armé d’environ trente-cinq personnes baptisé du nom de Corps des Volontaires Français, entreprit la traque des Juifs. Cette équipe était entretenue et financée par la Wehrmacht sur la base d’un accord passé entre Besson-Rapp et le commandement militaire allemand le 20 octobre 1943. Besson-Rapp exigea du maire de Sainte-Foy une liste de Juifs. Six familles juives furent emprisonnées et maltraitées au Collège de filles. Le lendemain, 5 août 1944, les femmes et les enfants furent relâchées sans explication. Six hommes furent conduits en camion dans le bois de Souleillou où ils furent torturés, fusillés et mutilés par les hommes de Besson-Rapp.
Selon Marcel Platon, qui fut l’une des six personnes à s’être rendu sur place quelques jours après les événements en dépit de l’interdiction d’enterrer ces morts, « les assassins avaient coupé les doigts des victimes pour ôter les bagues, enlevé les dents en or, un cadavre n’avait plus de tête, c’était une horreur. Les gens de Sainte-Foy ne voulaient pas y croire. Pour moi, les victimes n’ont pas été fusillées mais battues à mort, massacrées, bras cassés, jambes brisées ».

La mention Mort pour la France lui a été attribuée.

Son nom, et celui des cinq autres victimes, c’est-à-dire Aron Alembik, Maurice Jourkevitch, Salomon Szmulak Rappoport, Charles Rosemblum, Léon Liébus Wroblewski, figure sur la stèle érigée en 1988 sur les lieux des événements, à Souleillou, ainsi que sur la stèle inaugurée en 1995 et placée à côté du monument de la Résistance de Sainte-Foy-la-Grande.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article199517, notice DREYFUSS René, Samuel par Bernard Reviriego, version mise en ligne le 28 janvier 2018, dernière modification le 26 juillet 2021.

Par Bernard Reviriego

SOURCES : Registre d’état civil d’Héricourt.— Jacques Puyaubert, « Les Juifs à Sainte-Foy-la-Grande (Gironde) 1939-1945. « Témoignages », Cahier double des Amis de Sainte-Foy, n° 96 (2010) et n° 97 (2011), p. 23-29, 63, 99-100, 145-154.— Jean Corriger, La Libération de Sainte-Foy, Bordeaux, Imprimerie Delmas, 1945.— Témoignage de Mme Rachel Smutek-Birenbaum, « La rafle du 5 août 1944, à Sainte-Foy », in Cahiers des Amis de Sainte-Foy, 3e trimestre 1987.— Jacques Puyaubert, Le massacre de Souleillou au cœur du procès d’André Besson dit « Besson-Rapp » (1945-1946), in Cahiers des Amis de Sainte-Foy, n° 99, 2012-1, p. 37-43.— Bernard Reviriego, Les Juifs en Dordogne. 1939-1944, éd. Fanlac/Archives départementales de la Dordogne, 2003, p 261, 314.

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