JOURDAN Henri, Jules [alias « Pierre » ou « Pierrot le Lyonnais », pseudonymes de résistance]

Par André Balent

Né à Lyon, 2e arrondissement (Rhône) le 21 juillet 1920, mort en action de combat à La Parade [actuelle commune de Hures-La Parade] (Lozère) le 28 mai 1944 ; domicilié à Lapalud (Vaucluse) ; résistant, combattant du maquis (AS) Bir Hakeim [du Languedoc]

Henri Jourdan était le fils de Jules, Louis Jourdan et de Marie, Henriette Delmas. Avant 1939, il vivait à Lapalud (Vaucluse) avec ses parents, sa sœur et son frère aîné. Il fut mobilisé dans le cadre des Chantiers de jeunesse. En juillet 1943, il plongea dans la clandestinité afin d’éviter le STO. Il prit contact avec les comités de l’AS (Armée secrète) de Bagnols-sur-Cèze (Gard) et de Pont-Saint-Esprit (Gard) [Voir Trintignant Raoul] qui prenait en charge des réfractaires du Gard, de l’Ardèche et du Vaucluse. Dans la clandestinité, il était connu comme « Pierrot le Lyonnais ». Aimé Vielzeuf (op. cit., pp. 151-152) le nomme « Pierre ».
Henri Jourdan fut envoyé au mas de Terris (commune de Méjannes-le-Clap, Gard) où le cantonnement du maquis (AS) Bir Hakeim (Voir Capel Jean, Demarne Paul) était installé depuis le 3 décembre 1943. Il se retrouva ensuite avec le maquis au mas de La Sivardière (commune de Méjannes-le-Clap, Gard) à partir du 5 janvier 1944, puis au mas de Serret (commune de Labastide-de-Virac, Ardèche) (Voir Labastide-de-Virac, hameau des Crottes (3 mars 1944)Paul Demarne vint assurer l’instruction militaire des réfractaires incorporés au maquis.
Blessé à la cuisse, lors de l’attaque du mas de Serret par les Allemands le 26 février 1944, Jourdan réussit à quitte les lieux. Il fut soigné à Aubenas (Ardèche) et, rétabli, rejoignit le maquis Bir Hakeim dans son nouveau cantonnement cévenol de la Picharlarié (commune de Moissac-Vallée-Française, Lozère). Là dans les Cévennes, ils firent leur jonction avec deux autres formations de l’AS de maquis école du « comité de Saint-Jean » [-du-Gard] déjà installé dans les lieux (Voir Sauvebois Aimé) et la « Brigade Montaigne » (Voir Rouan François*) cantonné dans la ferme voisine de Galabartès (commune de Saint-Gilbert-de-Calberte, Lozère). Les trois maquis fusionnèrent, absorbés, pour l’essentiel, par Bir Hakeim. Henri Jourdan participa aux combats de la Vallée Française (7-42 avril 1944) livrés contre les forces d’occupation, en premier lieu des éléments de la 9e Panzer Hohenstaufen. À la suite de cet épisode, Bir Hakeim se regroupa d’abord au Castanier (Sainte-Croix-Vallée-Française, Lozère) puis au château des Fons (Bassurels, Lozère) et enfin près du mont Aigoual au Grand Hôtel du Fangas (Valleraugue, Gard). Pour son comportement pendant les combats, Jourdan fut promu sous-lieutenant du maquis.
Pendant la nuit du 25 au 26 mai, le Grand Hôtel repéré par l’aviation d’observation allemande fut menacé par une attaque conjointe de GMR et de Francs gardes de la Milice. Capel donna l’ordre de quitter les lieux pour opérer un nouveau regroupement à La Parade, sur le causse Méjean (Lozère). Les maquisards furent répartis en deux groupes. La colonne motorisée acheminait, équipements et ravitaillement alors que le reste des maquisards dont faisait partie Henri Jourdan se rendit à La Parade à pied. Pendant les deux jours de marche épuisante (26 et 27 mai) ils durent livrer quelques combats sporadiques contre les éléments collaborationnistes.
Le soir du 27 mai, ils arrivèrent enfin, fourbus, à La Parade. Le cantonnement fut établi au hameau de La Borie autour du « château » Lapeyre — en fait, une vaste ferme caussenarde propriété d’un professeur de la faculté de médecine de Montpellier — et à l’intérieur de celui-ci. Au petit matin, les forces d’occupation (Allemands et Arméniens de l’Ost Legion) venues de Mende (Lozère) et mises au courant de la présence Bir Hakeim sur le causse Méjean encerclèrent La Parade. Ils concentrèrent leurs efforts sur le « château Lapeyre », au hameau de la Borie. La veille, Capel avait distribué les rôles en cas d’attaque inopinée. Jourdan, à la tête d’une quinzaine d’hommes, devait se porter vers le nord, sur la route de Sainte-Énimie. Son groupe y affronta les Arméniens de l’Ost Legion. La plupart, dont Jourdan, furent fauchés par des rafales de mitrailleuses tirées depuis les hauteurs. André John alias « Pince » (de Nîmes) tint, seul, tête aux assaillants jusqu’à épuisement des munitions. Il réussit à se cacher sous un fagot de bois dans une grange. Il survécut et put raconter ce qui s’était passé dans ce secteur.
Le 29 mai 1944, le corps d’Henri Jourdan ainsi que ceux des maquisards tués au combat de La Parade fut inhumé dans une fosse commune. Il en fut extrait en octobre 1944 afin d’être identifié. Anna Rousseau — professeur au collège de Mende, résistante, femme de l’une des victimes de la tuerie de La Parade, avait été chargée par le CDL de la Lozère dont elle était membre et où elle assurait les fonctions de secrétaire — de procéder à l’identification des morts. Au bout de plusieurs mois, elle réussit dans sa tâche aidée par deux médecins et deux dentistes. Le corps d’Henri Jourdan ne fut reconnu qu’à l’automne 1945. Il fut inscrit sur le registre de l’état civil de La Parade le 24 novembre 1946 avec la mention « mort pour la France ».
Son nom fut inscrit sur le monument érigé à Mourèze (Hérault) en l’honneur des membres du maquis Bir Hakeim morts au combat ou fusillés. Il figure également sur le monument érigé à La Parade (commune de Hures-la Parade, Lozère) pour commémorer les morts du combat de La Parade le 28 mai 1944 et les prisonniers exécutés sommairement à Badaroux le 29 mai 1944.

Voir : La Parade, 28 mai 1944

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article199650, notice JOURDAN Henri, Jules [alias « Pierre » ou « Pierrot le Lyonnais », pseudonymes de résistance] par André Balent, version mise en ligne le 29 janvier 2018, dernière modification le 11 février 2020.

Par André Balent

SOURCES : Éveline & Yvan Brès, Un maquis d’antifascistes allemands en France (1942-1944, Montpellier, les Presses du Languedoc/Max Chaleil éditeur, 1987, 348 p. [p.242]. — René Maruéjol, Aimé Vielzeuf, Le maquis « Bir Hakeim », 2e édition, Genève, Éditions de Crémille, 1972, 251 p. [en particulier, pp. 151-152]. — Association pour des études sur la Résistance intérieure (AERI), Association départementale des Anciens de la Résistance de Lozère, ANACR Lozère, La Résistance en Lozère, CDROM accompagné d’un livret, 27 p., Paris, 2006. — Site MemorialGenWeb consulté le 29 janvier 2018.

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