BRATEL Gerhard, Heinz, Erich

Par Jean-Sébastien Chorin

Né le 25 décembre 1917 à Eisleben (Allemagne), massacré le 19 juillet 1944 à Châtillon-d’Azergues (Châtillon, Rhône) ; de nationalité allemande ; étudiant, manœuvre ; victime civile.

BRATEL Gerhard
BRATEL Gerhard
Arch. Dép. Rhône, 829W292

Gerhard Bratel était le fils de Jacob Bratel, commerçant, et de Martha Goldstein. Il avait un frère aîné, Hans Bratel, né en 1910. Les Bratel était juifs allemands. Ils vivaient à Eisleben, 49 Rammtorstrasse. Gerhard Bratel obtint son diplôme d’études secondaires à l’école luthérienne d’état. Il assista son père dans son travail de commerçant. En octobre 1933, son frère Hans Bratel se réfugia en France et s’installa à Dijon (Côte-d’Or). Gerhard Bratel le rejoignit le 8 mai 1939. Les deux frères demeurèrent 20 rue Févret. Gerhard fut étudiant à l’école d’agriculture de Beaune (Côte-d’Or).
Considéré comme ressortissant d’un pays ennemi, Gerhard Bratel fut interné le 5 septembre 1939 dans le camp de rassemblement d’étrangers de Montbard (Côte-d’Or). Le 16 décembre 1939, il s’engagea dans la Légion étrangère pour la durée de la guerre. Le 10 janvier 1940, il fut incorporé au 1er régiment étranger d’infanterie, sous le numéro matricule 92444. Hans Bratel s’engagea à son tour le 26 mai 1940. Il fut également incorporé dans le 1er REI. Le 14 octobre 1940, Gerhard Bratel fut démobilisé au centre de Bel Abbès (Algérie) et versé dans la 5e compagnie de travailleurs à Colomb-Béchar (Algérie). Il fut libéré le 21 décembre 1940. Il transita par le camp de Sainte-Marthe (dépôt mixte des isolés) à Marseille (Bouche-du-Rhône). Le 28 décembre, il déclara se retirer au 115 cours Tolstoï à Villeurbanne (Rhône). Hans Bratel suivit le même parcours. Il fut démobilisé le 5 janvier 1941 à Marseille et gagna la même adresse à Villeurbanne. Les deux frères résidèrent très peu de temps au 115 cours Tolstoï puisque, dès le mois de janvier 1941, ils logèrent à l’Hôtel du Commerce, 72 place de l’Hôtel des Postes (Villeurbanne). En février 1941, ils s’installèrent à Lyon (Rhône), 12 rue Saint-Victorien (IIIe arr.) et travaillèrent comme manœuvres terrassiers aux chantiers des autoroutes de Lyon.
Le 13 janvier 1941, Gerhard et Hans Bratel écrivirent au préfet du Rhône pour lui demander l’autorisation de séjourner à Lyon « jusqu’à ce que la ville de Dijon soit libre ». Sollicité par le préfet pour obtenir toutes informations utiles sur les deux frères, le chef de la Sûreté de Lyon rédigea un rapport le 19 février et se montra défavorable à la demande des Bratel. Il conclut ainsi son texte au sujet de Gerhard Bratel : « Cet étranger n’est d’aucune utilité pour l’économie nationale et, à mon avis, il y aurait lieu de l’inviter à quitter l’agglomération lyonnaise. » Malgré l’avis négatif du chef de la Sûreté, le préfet autorisa les deux frères à résider dans le Rhône. En juin 1941, Gerhard fit la demande d’une carte d’identité. Il dû ensuite faire renouveler son permis de séjour tous les trois mois. On trouve trace dans son dossier d’étranger de ses démarches répétées jusqu’au 3 août 1943. Après, plus rien.
En 1943, son frère Hans, répétiteur d’allemand de profession, fut invité à passer une visite médicale en vue d’être incorporé dans un Groupement de travailleurs étrangers (GTE). Le 2 février 1943, il écrivit au préfet pour tenter un recours mais, le 9 mars, celui-ci donna l’ordre au commissaire central de Lyon de placer Hans Bratel au petit dépôt jusqu’à ce qu’il soit présenté à la commission d’incorporation des travailleurs étrangers. Les archives consultées ne permettent pas de connaître l’issue de ces événements et leur impact sur le parcours de Gerhard.
Le 19 ou 20 septembre 1942, les parents de Gerhard et Hans Bratel furent tous deux déportés au ghetto de Theresienstadt. Jacob Bratel, âgé de 73 ans, y décéda le 19 janvier 1943. Martha Bratel fut transférée, le 29 janvier 1943, à Auschwitz où elle décéda à son tour.
En 1944, Gerhard Bratel était manœuvre. Il demeurait toujours 12 rue Saint-Victorien. D’après le témoignage de son frère, il était membre de la Résistance.
Le 14 ou le 15 juillet 1944, Gerhard Bratel, alias Gérard Berger, fut arrêté à Lyon. D’après Hans Bratel, il fut appréhendé par des miliciens qui s’emparèrent de tous ses papiers personnels. Il fut ensuite conduit à la prison de Montluc (Lyon), où il fut incarcéré dans la « Baraque aux Juifs ».
Le 19 juillet 1944, il fut extrait de Montluc avec cinquante-et-un autres détenus et exécuté sommairement par les Allemands à Châtillon-d’Azergues (Rhône).
Son corps fut inhumé au cimetière d’Amancey (Châtillon-d’Azergues). Le 22 septembre 1944, il fut identifié par son frère sous le numéro 25. Exhumé le 15 novembre 1944, il fut enterré à Lyon.
En 1945, il fut reconnu Mort pour la France. Son nom apparaît sur le monument rendant hommage aux cinquante-deux victimes du 19 juillet 1944 à Châtillon-d’Azergues.

Notice en cours de rédaction.

Voir Châtillon-d’Azergues

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article199667, notice BRATEL Gerhard, Heinz, Erich par Jean-Sébastien Chorin, version mise en ligne le 30 janvier 2018, dernière modification le 16 avril 2021.

Par Jean-Sébastien Chorin

BRATEL Gerhard
BRATEL Gerhard
Arch. Dép. Rhône, 829W292
Plaque sur le monument commémoratif de Châtillon
Plaque sur le monument commémoratif de Châtillon
Photographie : Gérard Rambaud

SOURCES : Arch. Dép. Rhône, inventaire du Mémorial de l’Oppression (3808W), 3335W22, 3335W11, 3335W29, 3335W12, 3460W1, 829W292.— Arch. Mun. Lyon, acte de décès 855 bis du registre de 1945 (IIIe arr.).— Tal Brutmann, Bruno Fouillet, Antoine Grande, Les 52 de Châtillon-d’Azergues, internés de Montluc, fusillés le 19 juillet 1944, 2015.— Mémoire des Hommes.— Mémorial Genweb.— Site Internet http://data.synagoge-eisleben.de/gen/ .— Site Internet de Yad Vashem.

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