ENGEL Rudolf

Par Eric Panthou

Né le 12 septembre 1903 à Berlin (Allemagne) ; mort le 16 octobre 1993 ; militant communiste, réfugié à Moscou en 1934, membre des Brigades Internationales, emprisonné en France, résistant, capitaine FTPF, haut fonctionnaire en RDA après guerre jusqu’à sa mort.

Rudolf Engel naquit dans la capitale allemande au sein d’une famille ouvrière, sociale-démocrate. Il quitta l’école au brevet et devint successivement cuisinier, menuisier, chauffeur et acteur. Son frère était l’acteur Kurt Engel. Membre des Jeunesses communistes, il se lança en 1922 dans le théâtre et fait partie d’un groupe “agit-prop”, troupes composées d’acteurs de métiers et d’amateurs. En 1926, lorsque le Parti (le KDP) décida d’utiliser la radio comme moyen de propagande, à l’initiative de Willi Münzenberg, Engel fut engagé comme speaker. En 1929 - ou en juin 1932 -, le comité central lui donna ordre d’adhérer au Parti nazi afin d’en espionner les activités. Cette infiltration dura jusqu’en 1934 où, il fut arrêté puis libéré faute de preuves, sans même avoir été interné, ce qui est une pratique rare chez les nazis. En 1934 et 1935, Engel travailla illégalement pour le KPD en Sarre et était rédacteur en chef d’un journal illégal du parti
Il émigra alors à Moscou et fait partie du comité d’organisation du septième Congrès de l’Internationale communiste (juillet 1935). Il suivit aussi l’école de formation de l’Internationale communiste. De juin 1936 à janvier 1937, il travailla comme chauffeur à l’usine de Karbolit à Orekhovo-Sujewo.
En 1937, il rejoignit l’Espagne pour combattre dans les Brigades internationales. Il était chef des opérations du bataillon Chapayev et blessé à Brunete en juin 1937. À partir de 1938, il supervisa les anciens combattants de l’Espagne en France et a été interné en septembre 1939, à la déclaration de la guerre, au Vernet, l’un des nombreux camps pour « ressortissants d’une puissance ennemie » créés dans les Pyrénées par le gouvernement Daladier. Il s’en évade fin juin 1940 et s’engage dans la Résistance où il participe à l’édition de tracts et de brochures en langue allemande appelant les soldats de la Wehrmacht à dire non à l’impérialisme hitlérien et à déserter.
Au début de l’année 1944, Rudolf Engel se trouvait dans la région de Clermont-Ferrand où il travailla avec le chef FTP Charles Jouan dit « Charlot ». Résidant clandestinement à Saint-Georges-sur-Allier, il organisa les jeunes qui fuyaient le STO dans des groupes de maquisards répartis autour de la Roche Noire. Grâce à son expérience espagnole, il aurait ainsi formé environ 300 combattants.
Alors que les FTP se voyaient confier le contrôle de la « zone R5 » qui correspond à plus d’un tiers du Cantal, les promesses d’armes des alliés restaient lettre morte. Jouan et Engel décidèrent donc de s’en procurer par leurs propres moyens. Sous leur direction, les FTP investirent plusieurs gendarmeries cantaliennes ainsi que la caserne des gardes mobiles de Saint-Flour où ils récoltèrent un important stock de matériel. Désormais opérationnels, les FTP harcèlèrent les convois allemands. Et le dimanche 3 septembre lors du défilé pour la Libération d’Aurillac, le capitaine Rudolf Engel eut l’honneur d’être placé par ses camarades à la tête de son bataillon FTP.
Il a été homologué FFI pour la période du 9 juin au 24 août 1944 au sein de l’état-major départemental du 105éme Bataillon FTP.

En 1945, Engel retourna en Allemagne et devint le chef de l’organisation de l’administration centrale pour les réinstallés, dont il était le président de novembre 1946 à avril 1948. En 1946, Engel devint membre du SED, le parti fusionnant SPD et KDP en RDA . En 1948, il fut membre du Ministère de l’Éducation et en devint son troisième vice-président en 1948.
Il fut de 1948 à 1950 président du conseil d’administration de la Deutsche Film AG (DEFA), le studio d’État en RDA, et de 1950 à 1955 directeur de l’Académie des arts et responsable des relations internationales au ministère de la Culture. De 1968 à 1990, il représenté la RDA à la Commission de l’UNESCO.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article199689, notice ENGEL Rudolf par Eric Panthou, version mise en ligne le 31 janvier 2018, dernière modification le 10 janvier 2022.

Par Eric Panthou

SOURCES : SHD Vincennes, GR 19 P 15/2 : état nominatif des membres de l’état-major départemental du 105éme Bataillon FTP. —Thierry Féral, “Rudolf Engel Un Allemand en Résistance contre le nazisme dans le Puy - de- Dôme et le Cantal”,http://www.quatrea.com/fichiers/Edito-Feral-08.pdf. Hermann Weber, Jakov Drabkin, Bernhard H. Bayerlein, Deutschland, Russland, Komintern - Dokumente (1918–1943) : Nach der Archivrevolution : Neuerschlossene Quellen zu der Geschichte der KPD und den deutsch-russischen Beziehungen, Berlin, De Gruyter, 2015. — Entretien avec Thierry Feral, le 31 janvier 2018 (M. Feral a interrogé Rudolf Engel en 1973).

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