VIGUIER Pierre

Par André Balent

Né le 5 juin 1923 à Casablanca (Maroc), mort le 28 mai 1944 en action de combat à La Parade (commune de Hures- La Parade, Lozère) ; étudiant à Pau (Basses-Pyrénées/ Pyrénées-Atlantiques) ; résistant ; combattant du maquis Bir Hakeim [du Languedoc] (Armée secrète).

Fils de Gaston, Dominique Viguier et de Louise, Léonie Bissey, Pierre Viguier, né à Casablanca, résidait en 1939 à Pau (Basses-Pyrénées). Il fut un élève du lycée Louis-Barthou du chef-lieu des Basses-Pyrénées. On connait mal son parcours de 1939 à 1943. Sans doute réfractaire au STO, il chercha à gagner un maquis.
Venant de l’Hérault d’où il s’était dispersé après le combat de Douch à Rosis, dans le massif du Caroux, le 10 septembre 1943 (Voir Rosis, Hameau de Douch (10 septembre 1943)), le maquis Bir Hakeim (AS) (Voir Capel Jean) fut transféré par camions, les 12 et 13 octobre 1943 — l’utilisation systématique de véhicules automobiles, surtout après un coup de main audacieux à l’intendance de police de Montpellier, fut une des caractéristiques de ce maquis — dans les bâtiments du chantier de jeunesse désaffecté de Benou, près d’Eaux-Bonnes dans la vallée d’Ossau (Basses-Pyrénées/Pyrénées-Atlantiques) choix qui s’explique par le fait que le Béarn était la région d’origine des frères de Roquemaurel, lieutenants de Capel. Mais ce lieu, en zone interdite, était finalement peu propice.
Capel organisa donc un nouveau transfert motorisé de Bir Hakeim vers un nouveau cantonnement dans le Gard rhodanien, au mas de Terris (commune de Méjannes-le-Clap, Gard) dans le pays de la Cèze. Les hommes venus des Basses-Pyrénées, parmi lesquels Pierre Viguier, y furent regroupés dès le 3 décembre 1943. Il en confia la direction à Christian de Roquemaurel*.
À partir de ce moment, le parcours de Pierre Viguier se confondit avec celui du groupe-maquis principal de Bir Hakeim poursuivit d’abord dans le Gard rhodanien et le sud de l’Ardèche, puis dans les Cévennes lozériennes pour trouver son tragique dénouement sur le causse Méjean (Lozère).
Le 5 janvier 1944, les maquisards du mas de Terris s’établirent au mas de la Sivardière (commune de Méjannes-le-Clap, Gard) en meilleur état. Découvert par les Allemands et le 26 janvier 1944 Bir Hakeim se replia au mas de Serret dans la commune de Labastide-de-Virac (Ardèche), à proximité du Gard. Mais ce refuge fut à son tour dénoncé aux forces d’occupation et, après les avoir affrontées le 26 février, les maquisards conduits par Capel se réfugièrent, dans une maison abandonnée du hameau des Crottes toujours dans la commune de Labastide-de-Virac. Ils furent accueillis et ravitaillés par les quinze habitants (trois familles françaises et deux italiennes). Les Allemands de la 9e panzer SS Hohenstaufen s’apprêtaient à attaquer le hameau le 2 mars 1944. Les maquisards, et parmi eux Viguier, partirent à temps mais les Allemands exécutèrent les quinze habitants du hameau (Voir Labastide-de Virac, hameau des Crottes (3 mars 1944)).
À la mi-mars 1944, Pierre Viguier, avec le groupe principal de Bir Hakeim, se replia à la Picharlarié (commune de Moissac-Vallée-Française, Lozère) où Bir Hakeim accrut ses effectifs avec la fusion avec la Brigade Montaigne (AS) et l’absorption du maquis école (AS) établi dans cette ferme inoccupée par le comité (AS) de Saint-Jean-du-Gard (Gard) (Voir Lapierre Marceau). Viguier participa aux combats de la Vallée Française, à nouveau contre la 9e Panzer Division Hohenstaufen (7-12 avril 1944). Il se retrouva ensuite au Castanier (Sainte-Croix-Vallée-Française, Lozère) puis au château de Fons (commune de Bassurels, Lozère) et, enfin, au Grand Hôtel du Fangas au mont Aigoual (commune de Valleraugue, Gard). L’imminence d’une attaque par les GMR et la Milice incita Capel à donner l’ordre d’évacuation du Fangas dans la nuit du 25 au 26 mai. Il avait décidé d’établir un nouveau cantonnement à La Parade (Lozère), sur le causse Méjean. Pierre Viguier y arriva le 27 mai au soir avec le groupe principal qui effectua le trajet à pied en deux jours. Il fut affecté au siège de l’état-major, au « château » Lapeyre, une grande ferme caussenarde du hameau de la Borie, à proximité immédiate de La Parade.
Le 28 mai, au petit matin, les forces d’occupation (Allemands et Arméniens de l’Ost Legion) venues de Mende (Lozère) et mises au courant de la présence Bir Hakeim sur le causse Méjean encerclèrent La Parade afin de concentrer leurs efforts sur le « château » Lapeyre. Capel avait cependant prévu l’action des différents groupes de maquisards en cas d’une attaque ennemie.
Henri Jourdan, à la tête d’une quinzaine d’hommes parmi lesquels Pierre Viguier, devait se porter vers le nord, sur la route de Sainte-Énimie. Le groupe y affronta les Arméniens de l’Ost Legion. La plupart, dont Viguier, furent fauchés par des rafales de mitrailleuses tirées depuis les hauteurs. André John alias « Pince » (de Nîmes) tint, seul, tête aux assaillants jusqu’à épuisement des munitions. Il réussit à se cacher sous un fagot de bois dans une grange. Il survécut et put raconter ce qui s’était passé dans ce secteur.
Le 29 mai 1944, le corps de Pierre Viguier ainsi que ceux des maquisards tués au combat de La Parade fut inhumé dans une fosse commune. Il fut identifié au début de 1945 par Anna Rousseau — professeure au collège de Mende, résistante, femme de l’une des victimes de la tuerie de La Parade, avait été chargée par le CDL de la Lozère dont elle était membre et où elle assurait les fonctions de secrétaire — de procéder à l’identification des morts. Au bout de plusieurs mois, elle réussit dans sa tâche aidée par deux médecins et deux dentistes. Il fut inscrit sur le registre de l’état civil de La Parade le 20 avril 1945 avec la mention « mort pour la France ».
Pierre Viguier fut ensuite réinhumé le 15 mai 1957 à la nécropole des maquis à Chasseneuil-sur-Bieuvre (Charente). Son nom figure sur le monument de La Parade, construit en mémoire des morts de Bir Hakeim, les 28 et 29 mai 1944 à La Parade et à Badaroux. Il est gravé à Mourèze (Hérault) sur le grand mémorial érigé en l’honneur des maquisards de Bir Hakeim morts au combat ou exécutés entre septembre 1943 et août 1944. Il fut homologué lieutenant des FFI. Dans son département d’origine, il a été gravé sur la plaque commémorative du lycée Louis-Barthou de Pau qui regroupe les noms des élèves de l’établissement tués pendant les deux guerres mondiales du XXe siècle.

Voir : La Parade, 28 mai 1944.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article199757, notice VIGUIER Pierre par André Balent, version mise en ligne le 3 février 2018, dernière modification le 24 novembre 2019.

Par André Balent

SOURCES : Association pour des études sur la Résistance intérieure (AERI), Association départementale des Anciens de la Résistance de Lozère, ANACR Lozère, La Résistance en Lozère, CDROM accompagné d’un livret, 27 p., Paris, 2006. — Site MemorialGenWeb consulté le 3 février 2018.

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