PLUVINET Emery, Raymond

Par Daniel Grason

Né le 26 juillet 1898 à Alligny-en-Morvan arrondissement de Château-Chinon (Nièvre), mort le 25 janvier 1967 à Saint-Étienne-sur-Usson (Puy-de-Dôme) ; ajusteur, manutentionnaire ; membre de l’Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC) ; résistant déporté.

Emery Pluvinet
Emery Pluvinet

Fils de Charles et de Marie, née Bussière, Emery Pluvinet obtint à l’issue de l’école primaire le CEP. Soldat lors de la Première Guerre mondiale, il a été décoré de la Croix de Guerre et de la Médaille militaire. Il épousa Eugénie Chassaing le 26 septembre 1928 en mairie du Ve arrondissement de Paris.

En 1934, le couple sans enfant, vivait 32 bis rue Lacépède à Paris (Ve arr.), il louait en plus de son logement d’une chambre de bonne au 6e étage, et était sous-locataire avec Henri Meunier d’un garage au 11 rue de la Clef (Ve arr.). Emery Pluvinet exerçait la profession d’ajusteur dans une entreprise de la métallurgie, il fut membre de l’Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC) du Ve arrondissement de 1935 à 1938. En 1940, Emery Pluvinet travaillait en tant que manutentionnaire au Magasin central du Secrétariat général à la Jeunesse au 47 rue des Vinaigriers à Paris (Xe arr.).
Le dimanche 31 mai 1942 jour de marché, des militants et militantes communistes se retrouvèrent vers 10 heures 30 rue de Buci dans le Ve arrondissement devant le magasin Eco. Ils voulaient ainsi protester contre le rationnement, des militantes s’emparèrent de boîtes de conserves et les distribuèrent aux ménagères, Madeleine Marzin entra la première dans l’épicerie. Des policiers en civils et en uniformes intervenaient immédiatement, des FTP qui assuraient la protection tirèrent, un brigadier des gardiens de la paix et un gardien de la paix furent tués.
Le 1er juin 1942 vers 7 heures 45, Emery Pluvinet était interpellé alors qu’il se présentait à son garage au 11 rue de la Clef, colocataire il y rangeait son vélo. Fouillé il portait sur lui quelques feuillets manuscrits où figuraient des noms et des adresses. Son domicile a été perquisitionné, huit photographies des usines Renault bombardées furent saisies.
Interrogé dans les locaux des Brigades spéciales, les policiers lui demandèrent pourquoi il louait ce garage avec « d’autres camarades ». Il répondit qu’il participait avec d’autres camarades à cette location sur la proposition de son beau-frère Blanchon, Questionné sur ses relations avec Henri Meunier, Émile Blanchon, Marcel Leclerc, Martin et Raymond Estrade, les quatre premiers étant colocataires du garage, il répondit sobrement que lors de « rares rencontres, nous ne causions jamais de politique. J’ignorais même si mes camarades s’occupaient de politique, sauf Meunier, que je savais très violent et exalté. […] Je n’ai jamais été sollicité ni par les uns ni par les autres pour participer à l’action clandestine de l’ex-Parti communiste. »
Les policiers lui demandèrent son emploi du temps du dimanche 31 mai. La veille il était allé cultiver son jardin boulevard Pasteur à Fresnes (Seine, Val-de-Marne), un ami voisin de jardin, qui vivait à Antony l’hébergea le samedi soir. Tous deux retournèrent jardiner le dimanche matin, il y resta jusqu’à 14 heures, prit le train et rentra chez lui vers 14 heures 30. Quant aux photographies des dégâts provoqués par le bombardement des usines Renault dans la nuit du 3 au 4 mars 1942, il les acheta à un vendeur, dans une rue d’Argenteuil (Seine-et-Oise, Val-d’Oise). Quant à ce qui s’était passé rue de Buci, il l’avait appris lors de son interrogatoire.
Mis à la disposition de la justice, il bénéficia le 9 janvier 1944 d’une ordonnance de non-lieu. Cette décision ne satisfaisait pas la police qui estima qu’il « n’en était pas moins en relation avec des éléments terroristes, il n’avait rien renié de ses opinions acquises aux théories communistes, et il n’est pas douteux qu’il participait, en dépit de ses dénégations à l’activité clandestines. »
Il fut interné administrativement le 11 janvier 1943 en application du décret du 18 novembre 1939 en tant que complice de la « tentative de pillage à main armée du 31 mai 1942, rue de Buci. » Le 25 février Emery Pluvinet fut interné au camp des Tourelles. Le 28 avril 1943 il était livré aux autorités allemandes.
Le 8 mai 1943 il était dans le convoi de 884 hommes qui partit de Compiègne à destination de Sachsenhausen (Allemagne), les détenus arrivèrent le 10 mai. Emery Pluvinet a été affecté au Kommando de travail des usines Heinkel à une dizaine de kilomètres au sud-ouest d’Orianenburg. Les détenus travaillaient pour le constructeur d’avions Ernst Heinkel, le camp compta huit mille détenus en 1944. Le 21 avril 1945 les déportés furent évacués, Emery Pluvinet matricule 66811 survécut.
Il regagna son domicile de la rue Lacépède, fut homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF). Emery Pluvinet sollicita la Légion d’Honneur en août 1952, il vivait toujours à Paris en 1966. Il mourut le 25 janvier 1967 à Saint-Étienne-sur-Usson (Puy-de-Dôme)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article199844, notice PLUVINET Emery, Raymond par Daniel Grason, version mise en ligne le 23 février 2018, dernière modification le 14 mars 2019.

Par Daniel Grason

Emery Pluvinet
Emery Pluvinet

SOURCES : Arch. PPo. 1W 221, GB 098. – Bureau Résistance GR 16 P 482458. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – État civil en ligne cote 2 Mi EC 8, vue 30.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 188

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