BORY Jean

Par Michelle Destour

Né le 8 décembre 1920 à Saint-Maurice-en-Gourgois (Loire) ; victime civile exécutée sommairement par des soldats allemands et des miliciens le 5 juillet 1944 au lieu-dit Gland à Saint-Maurice-en-Gourgois * ; cultivateur ; le hameau abritait des soldats du GMO 18 Juin de l’Armée Secrète (AS).

Fils de Jean, Pierre Bory et de Claudine Bory, son épouse. Petit-fils de Jacques Bory.*
Célibataire.
Le 5 juillet 1944, des soldats allemands accompagnés de miliciens donnèrent l’assaut à deux hameaux du village. Dans l’affrontement, les assaillants incendièrent trois fermes et s’en prirent à leurs occupants dont sept furent tués. Les combats avec les maquisards se soldèrent par la mort de sept d’entre eux.
Au hameau de Gland à 5 heures, une troupe d’une centaine d’hommes arriva par le pont sur la Loire au Pertuiset, entreprit de fouiller les maisons et incendia trois bâtiments où stationnaient des véhicules du maquis.
Chez Benoit Cusset*, qui hébergeait huit résistants, on entendit l’arrivée d’un camion qui transportait les soldats ennemis. Sa fille et sa jeune nièce âgée de 10 ans réussirent à s’enfuir tandis qu’une bataille s’engageait. Benoit, réfugié avec sa femme Marie derrière un mur, fut blessé. Cinq maquisards allaient perdre la vie tandis que Marie, qui avait appelé au secours pour son mari, était conduite près de l’école où étaient regroupés des otages. Benoit Cusset devait mourir le jour même à 16 heures, à l’hôpital de Firminy
A la ferme de Jean Cusset, frère de Benoit, Marcel Cusset* et Michel Champagnac* tentèrent de s’échapper et furent tués 200 mètres plus loin dans un champ de blé.
Leur voisin Rémy Faure qui avait ouvert sa porte fut emmené au centre du hameau où étaient les otages, le reste de la maisonnée s’étant caché. Après un pillage en règle, la ferme fut incendiée pour déloger les occupants ; à la sortie de leur cachette, Jean Bory* fut exécuté de deux balles de revolver dans l’œil et son grand-père Jacques Bory* abattu dans la cour, derrière le puits. Marie Faure fut blessée par balle ainsi que son fils Louis âgé de 15 ans ; une jeune réfugiée de 10 ans, Marie Achard qu’ils hébergeaient, reçut une balle dans la tête mais fit partie des survivants.
Dans sa maison, Claudine Bory épouse Dubesset* fut également abattue d’une balle dans la tête et décéda le 9 juillet 1944 à Firminy ; son petit garçon fut épargné.
A la ferme Baroux, vers 5 heures 30, Pierre qui avait entendu le bruit du canon et les rafales de mitraillettes, ouvrit sa porte et fut blessé à la tête par des tirs. Il s’enfuit et se cacha durant quatre heures derrière un rocher. Sa femme et sa fille tentèrent de s’échapper par la fenêtre d’une chambre mais Julie Robin épouse Baroux* fut abattue et la maison pillée.
A la ferme de Jean Jouve, dormaient quatre maquisards qui se cachèrent dans le foin ; les allemands fouillèrent la grange sans les trouver, mirent le feu mais les maquisards réussirent à se sauver. Jouve et sa femme échappèrent aux allemands qui les poursuivaient mais leur fils Marcel et Michel Charreyre, un jeune réfugié de 10 ans, furent bousculés et emmenés les pieds nus sous escorte, vers l’école.
La bataille dura plus d’une heure, les résistants décrochèrent, cinq des leurs étaient morts au combat. Dans un hameau voisin, à la ferme Chaumet (ou Chomet), il y eut aussi deux morts parmi les soldats de l’AS.
Les assaillants évacuèrent leurs morts et leurs blessés puis quittèrent les lieux vers 14 heures, sans un geste pour les civils blessés. Ils rentrèrent à Saint-Etienne par le pont du Pertuiset et une ambulance de Firminy, appelée pour secourir les villageois, dut laisser un long moment la priorité à leurs camions. Ils emmenèrent à la caserne Desnoëttes Paul Vinéis* et un autre prisonnier. Ils ramenèrent quatre miliciennes, arrêtées par les résistants quelques jours auparavant à Unieux (Loire) et détenues à la ferme Chaumet.

Jean Bory est Mort Pour la France. Son nom figure sur la plaque commémorative de Gland.

Autres victimes civiles exécutées sommairement au hameau de Gland le 5 juillet 1944 :
Claudia Bory épouse Dubesset*, Jacques Bory*, Benoit Cusset*, Marcel Cusset*, Michel Champagnac* Julie Robin épouse Baroux*.
Résistants morts au combat à la ferme Chaumet : Roger Rogue*, Paul Bec*
Résistants morts au combat à Gland : Roger Bonneville*, René Costet*, Roger Guillot*, Jean-Baptiste Rabeyrin* et Lucien Rousset* à Gland.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article199955, notice BORY Jean par Michelle Destour, version mise en ligne le 8 février 2018, dernière modification le 10 janvier 2022.

Par Michelle Destour

SOURCES : Arch. Départ. Rhône : Mémorial de l’Oppression, cote : 3808W814. — Albert Oriol-Maloire, Hommes et Combats : La Loire 1939-1945, Ed : Martelle, 1994, Saint-Maurice en Gourgois (Loire).

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