SCEMLA Jean

Par Jean-Louis Ponnavoy

Né le 4 juin 1922 à Marseille (Bouches-du-Rhône), guillotiné le 17 juillet 1944 à Halle-an-der-Saale (Saxe-Anhalt, Allemagne) suite à une condamnation à mort ; étudiant ; réfractaire au STO.

Jean Scemla était le fils de Joseph et le frère de Gilbert.
Il était étudiant à Tunis et comme son frère, il prépara l’entrée à l’École Polytechnique au lycée Carnot, à Tunis. En 1942, le STO fut imposé aux juifs de Tunisie et avec son père Joseph et son frère Gilbert ils décidèrent de rejoindre les alliés qui venaient de débarquer en Algérie. Le 10 mars 1943, déguisés en indigènes, ils prirent avec l’aide d’un ami arabe, Hassen Ben Hamouda el-Ferjani le chemin de la frontière algéro-tunisienne mais furent arrêtés et incarcérés provisoirement à la prison de Tunis. Ils furent ensuite envoyés à la prison de Berlin-Charlottenburg (Allemagne) et en août 1943 au camp de Dachau (Bavière) où ils restèrent jusqu’en mars 1944. Un dossier provenant du tribunal de la zone de l’Armée d’Afrique n° 556 concernant une affaire de portée militaire parvint au tribunal de la division 467, à Munich. Le dossier fut transmis à l’échelon supérieur, le Reichskriegsgericht (Tribunal de guerre du Reich). Le père et les deux fils Scemla furent transférés à la prison militaire Fort Zinna, à Torgau (Saxe du nord). Il s’avéra que l’article 91 du Code militaire allemand relatif à une action en faveur des ennemis de l’Allemagne n’était pas applicable en Tunisie car il n’y avait jamais eu de décret d’application dans ce pays. L’accusation manquait donc de bases juridiques mais le procès eut cependant lieu le 20 mai 1944 à Torgau (Saxe du nord). Au cours de l’audience les accusés apprirent qu’ils avaient été dénoncés par Hassen el-Ferjani. L’avocat des Scemla, le Docteur Behse refusa de soulever le point relatif à l’inapplication du décret en Tunisie estimant que ces considérations ne pouvaient être invoquées devant la cour. Gilbert, Jean et Joseph Scemla furent traduits devant le 4e Senat ou Chambre du Tribunal de guerre, présidé par le juge Lattmann et condamnés à mort pour aide à l’ennemi. Le jugement fut confirmé par l’amiral Max Bastian, président du Tribunal de guerre le 26 juin 1944 à Torgau. Le 15 juillet les trois condamnés quittèrent le Fort Zinna pour être conduits à la prison Roter Ochse à Halle-an-der-Saale . Ils furent guillotinés le 17 juillet à 17 heures. L’acte de décès mentionnait que la mort était due à un « arrêt cardiaque brutal et arrêt de la respiration ». Le corps de Jean Scemla fut incinéré le 18 juillet à 10 heures 30 et les cendres enfermées dans une urne qui fut déposée dans une tombe du Gertraudenfriedhof, à Halle-an-der-Saale (Saxe-Anhalt). Elles furent rapatriées en France le 6 novembre 1946 et enterrée dans le cimetière adjacent au camp de concentration du Struthof, à Natzwiller (Bas-Rhin).
Il obtint le titre de "Déporté et Interné résistant" (DIR).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article200164, notice SCEMLA Jean par Jean-Louis Ponnavoy, version mise en ligne le 23 mars 2018, dernière modification le 22 novembre 2020.

Par Jean-Louis Ponnavoy

SOURCES : Auguste Gerhards, Tribunal de guerre du IIIe Reich, éd. du Cherche midi, Paris 2014.— Mémorial GenWeb. — Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 538634 (nc).

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable