APPRIOU Marcel, Gautier, Paul. Nom de guerre : Roland

Par Sébastien Horner

Né le 19 octobre 1914 à Marcilly-sur-Eure (Eure), exécuté sommairement par les troupes allemandes le 12 juillet 1944 à Montréal-la-Cluse (Ain) ; gendarme ; résistant, chef du maquis Roland.

Marcel Appriou
Marcel Appriou
Crédit : Archives familiales.

Engagé volontaire pour quatre ans en janvier 1933, Marcel Appriou servit plus d’un an au Maroc au 3e régiment de tirailleurs marocains comme soldat de 2e classe avant d’être réformé à la suite d’une blessure. À nouveau déclaré apte médical par la commission militaire de révision, il se rengagea au 67e régiment d’infanterie (implanté à Soissons) en octobre 1935 où il devint caporal en avril 1937 avant d’être renvoyé comme réserviste dans son foyer à Marcilly-sur-Eure à la fin de cette même année. Marcel Appriou s’engagea à nouveau comme caporal-chef dans ce même régiment fin août 1939, au moment de la mobilisation partielle dite de « couverture générale » pendant la crise de Dantzig. Cantonné dans le secteur défensif des Ardennes lors de la « Drôle de guerre », il fut ensuite blessé d’un éclat d’obus à l’épaule gauche au cours de la bataille de Stonne le 23 mai 1940. Rengagé au 2e bataillon de chasseurs à pied et nommé sergent en mars 1941, il fut renvoyé dans son foyer au moment de la dissolution de l’armée d’armistice, consécutive à l’invasion de la zone Sud en novembre 1942. Il fut alors admis comme élève-gendarme à la compagnie de gendarmerie de l’Ain où il fut affecté à la brigade territoriale de Montmerle, après un bref passage à la garde personnelle du chef de l’État à Vichy.

Le gendarme Marcel Appriou apporta dès lors son aide à des personnes recherchées dans le canton pour échapper aux arrestations et fournit des précieux renseignements aux maquis locaux au cours de l’année 1943. Menacé d’arrestation, il rejoignit en février 1944 un camp en reformation suite à l’opération militaire allemande « Frühling », dans les bois du Haut-Jura du secteur de Belleydoux (Ain). Fort de son expérience de sous-officier d’active, ancien combattant et breveté comme chef de section d’infanterie en 1942, il en prit alors le commandement sous le pseudonyme de Roland : il organisa et instruisit ses hommes dans l’objectif de former une unité militaire d’une centaine de maquisards pouvant supporter avec rusticité la rude vie de bivouac sur un terrain montagneux et affronter avec efficacité opérationnelle l’ennemi au combat. Confronté au manque de ravitaillement et sous-équipé, le camp Roland et les maquis proches furent attaqués une première fois par les GMR (groupes mobiles de réserve) le 1er avril : après avoir forcé les troupes de Vichy à retraiter, les résistants durent quitter leur campement et se déplacer clandestinement pendant plusieurs jours sous la pluie et le froid pour trouver une nouvelle position plus sûre, dans le secteur de Charix (Ain). Ils étaient cantonnés dans les bois et granges de fermes isolées environnant ce village et ils montèrent des embuscades et barrages sur les axes du secteur au cours des mois de mai et juin, en lien avec les autres maquis commandés par le chef départemental « Romans ». Après le Débarquement du 6 juin, les maquis de l’Ain et du Haut-Jura passèrent à l’offensive ; les 8 et 12 juin, le camp Roland défila à Nantua et Oyonnax avant de subir la pression militaire allemande et devoir se replier dans les montagnes. Début juillet, les FFI repassèrent à l’attaque et réinvestirent quelques villages, appuyés par des livraisons aériennes alliées de matériel et d’ armements. L’armée allemande reprit l’initiative à partir du 10 juillet et lança l’opération Treffenfeld avec près de 10 000 hommes (dont des unités de volontaires caucasiens) pour reconquérir les villes et cols de l’Ain. Les exactions nombreuses contre la population et le rapport de force militaire très défavorable aux maquisards incitèrent le commandement local à organiser à nouveau un repli dans les forêts avec la mise en place de combats défensifs retardateurs. Le camp Roland fut attaqué du 10 au 12 juillet et ces journées furent marquées par des mouvements et combats pour conserver le contrôle des positions tenues par les maquisards. Devant la menace d’être encerclés et le reflux des unités FFI, Roland prit l’initiative d’aller chercher des renseignements et des ordres auprès de son chef : il disparut le 12 au cours d’une liaison vers Nantua en moto. Les maquisards du camp Roland, qui s’étaient repliés entre temps continuèrent à se battre jusqu’à la Libération du département début septembre. Ils n’ apprirent que le 18 la capture de leur chef par l’armée allemande. Torturé au cours de la nuit, Roland avait été fusillé sans jugement à Montréal-la-Cluse le lendemain matin, sans avoir parlé comme le précise sa citation pour faits de guerre et de résistance, citation datée du 27 novembre 1946.
Le gendarme Marcel Appriou était marié et père de trois enfants.

Après la guerre, la conduite héroïque du gendarme Marcel Appriou et son engagement militaire au maquis ont été mis en avant par la gendarmerie et il fut nommé chevalier de la Légion d’Honneur et lieutenant à titre posthume en 1945.
En outre, il a été inhumé au cimetière de Marcilly-sur-Eure, sa commune de naissance, et son nom figure sur les monuments aux morts des communes de Montmerle et Saint-Jean-le-Vieux (Ain). Deux rues portent son nom de guerre : une à Nantua et La Cluse où il a été torturé et la seconde à Oyonnax où il a co-organisé les défilés de novembre 1943 et juin 1944.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article200299, notice APPRIOU Marcel, Gautier, Paul. Nom de guerre : Roland par Sébastien Horner, version mise en ligne le 22 février 2018, dernière modification le 20 octobre 2019.

Par Sébastien Horner

Marcel Appriou
Marcel Appriou
Crédit : Archives familiales.
Plaque commémorative, 7 rue du Lyonnais à La Cluse - commune de Montréal La Cluse.
Cliché Claude Gourmand.

SOURCES : SHD/DAVCC (Caen) : dossier individuel 21 P 8 681 – SHD/GR/Cellule « Résistance  » (Vincennes) : dossier individuel 16 P 15 743 (avec son état des services) – Site internet des amis du musée de la Résistance de Nantua.

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