CIVET Germain [CIVET Séraphin, Germain]

Par Jean Lorcin

Né le 8 août 1902 à Saint-Étienne (Loire), mort le 9 août 1976 à La Ricamarie ( Loire) ; ouvrier verrier, puis mineur à La Ricamarie ; militant syndicaliste et communiste, secrétaire du syndicat unitaire des verriers (1932), puis de l’UD unitaire de la Loire, secrétaire adjoint de l’UD-CGT unifiée de la Loire ; maire de La Ricamarie (1947-1953).

Arch. Mun. La Ricamarie

Fils d’un tourneur, Félix Civet, de Félix et de Jeanne née Barjot, Germain Civet était secrétaire de la cellule de la de la cellule des Verreries du Mont et celle de Ricamarie et trésorier du sous-rayon communiste de la vallée de l’Ondaine en même temps que délégué à la propagande syndicale au comité du rayon de Saint-Étienne en 1932 (voir Ant. Venturé, Ant. Thevenon et B. Ramier). Il fut le candidat du Parti communiste à la plupart des élections cantonales du Chambon-Feugerolles entre 1931 et 1937. Aux élections cantonales de 1931, dont le PC lui avait confié la responsabilité, Civet, candidat au conseil général, obtint 548 suffrages sur 6 698 votants, contre 902 au candidat socialiste SFIO. Terrasson, 1 598 à l’URD Servanton et 3 583 au socialiste communiste (PUP) Pétrus Faure, élu au premier tour. Il fut également candidat au conseil d’arrondissement en 1931 : son adversaire « pupiste » Laurent Moulin, délégué mineur unitaire, démissionnaire du PC, l’emporta dès le premier tour par 3 096 voix contre 568, sur 9 587 inscrits, 4 012 votants et 3 673 suffrages exprimés. Il affronta de nouveau Laurent Moulin aux élections cantonales de 1932 pour le renouvellement du conseil général, et à celles de 1934 pour le renouvellement du conseil d’arrondissement : Civet fut battu par le conseiller sortant par 3 694 voix contre 958. À l’issue de cette dernière élection, il appela les ouvriers à « se tendre une main fraternelle pour la lutte contre la guerre et le fascisme ». Aux élections cantonales de 1937 pour le renouvellement du conseil d’arrondissement, ce fut encore un « pupiste », récemment rallié au Parti socialiste SFIO, Lheureux, qui l’emporta sur Civet, par 3 393 voix contre 1 165, sur 7 172 votants, le candidat du PSF Thomasset recueillant pour sa part 1 871 suffrages.

Membre du comité de région pour la vallée de l’Ondaine en 1936, il fut délégué au congrès national du PC par le congrès de région du 12 janvier 1936.
Le 18 avril 1936, il présenta un « important rapport » au congrès des chômeurs de Saint-Étienne, placé sous la présidence de Marcel Thibaud, « initiateur et animateur » du Comité central des chômeurs, créé dans le but d’« écarter les manœuvres fascistes qui tentent de se servir de la misère des chômeurs et de leurs familles pour asservir la classe ouvrière de notre pays », rappelait Marcel Thibaud. Civet souligna pour sa part l’étroite corrélation existant entre la guerre, « excellent moyen » pour la bourgeoisie « de résoudre la crise qu’elle a créée », et le fascisme. Et d’appeler les chômeurs à se placer « à l’avant-garde du mouvement ouvrier dans la lutte pour la défense des libertés ». À l’issue du congrès, Civet fut élu secrétaire du Comité central des chômeurs, au côté de Marcel Thibaud (Le Cri du Peuple, 25 avril 1936).

Secrétaire de l’Union départementale de la CGT unitaire, il fut délégué par l’Union régionale aux grèves de l’usine métallurgique d’Assailly à la fin de 1935. En 1937, pour justifier, aux yeux des socialistes méfiants, la politique communiste de la « main tendue » aux catholiques, Civet, devenu secrétaire adjoint de l’UD-CGT après la réunification de 1936, invoquait son expérience de secrétaire de l’UD qui lui avait permis de « juger l’action faite par les camarades de la CFTC » : « jamais, disait-il, il ne considérera les ouvriers catholiques comme des fascistes » (Arch. Dép. Loire, 4 M 129, pièce 159, La Ricamarie, 8 octobre 1937). Toutefois, le 27 juillet 1936, Civet avait condamné l’attitude du syndicat chrétien dans la longue grève des Forges et Aciéries de la Marine, à Saint-Chamond : les ouvriers catholiques s’étaient en effet séparés du Comité de grève pour réclamer un référendum pour ou contre la poursuite du mouvement. Mais, au meeting laïque du 12 mars 1939, à Saint-Étienne, Civet, succédant à des orateurs radicaux et socialistes qui avaient fait assaut d’anticléricalisme, avait, une fois de plus, approuvé la politique de la « main tendue » : il fallait, dit-il, « faire une différence entre les hauts dignitaires de l’Église et les ouvriers catholiques » (La Tribune, 13 mars 1939).
Ces attitudes traduisent l’opposition croissante régnant au sein du Front populaire entre les alliés de la veille, opposition que révéla l’écho réservé par Civet, dans les colonnes du Cri du Peuple, aux attaques du groupe communiste à la Chambre contre le projet de loi de Pétrus Faure sur la retraite des vieux travailleurs et on se rappelle la lutte menée par Civet contre les « pupistes » de la vallée de l’Ondaine avant 1934.

_Le 28 octobre 1939, Civet, à la suite d’une réunion clandestine de la CE de l’UD, dont il était alors trésorier, dans les locaux de l’Amicale laïque de la Baraillère, à Saint-Jean-Bonnefonds, le 22 octobre 1939, fut placé sous mandat de dépôt et incarcéré, avec six autres leaders communistes, à la prison de Bellevue, à Saint-Étienne, sous le chef d’inculpation de « propagande communiste » défini par le décret du 26 septembre 1939 (La Tribune, 29 octobre 1939). Le 10 mai 1940, il fut condamné par le Tribunal militaire de Clermont-Ferrand à 5 ans de prison pour reconstitution de parti dissous et interné à la maison centrale de Riom. Il devint sourd durant son incarcération.
Il fut nommé maire de La Ricamarie à la Libération, et élu 1er adjoint, président de la deuxième commission (Instruction publique, Sports, Sociétés, Fêtes) le 13 mai 1945. Élu maire de La Ricamarie en octobre 1947, Germain Civet mena une politique urbaine dynamique, marquée par la construction de logements sur le site dégagé par le bombardement de l’usine de roulements à bille Nadella, d’un gymnase, de bains-douches. Dans un esprit d’émulation avec son adversaire, le maire du Chambon-Feugerolles Pétrus Faure, inspirateur de la retraite des vieux travailleurs, Civet créa aussi un Foyer des Vieux à La Ricamarie. Il sut à la fois combattre l’excessive influence des mines sur une ville que le charbon faisait vivre et discuter avec elles quand l’intérêt de la commune était en jeu. Il défendit la production nationale de charbon, après être intervenu contre l’arrestation ou la révocation de mineurs à la suite des grèves de 1947 et 1948. Le 26 avril 1953, la liste conduite par Germain Civet, qui avait été d’abord relégué à la septième place, signe de la crise que traversait alors le PCF, fut battue à la suite de l’alliance de la SFIO avec la droite.

Marié à La Ricamarie le 23 septembre 1922 avec Antonia Demontant, Germain Civet était père de deux enfants : Marie, née le 6 juin 1923 à la Ricamarie, et Marcel. Divorcé le 14 avril 1948, il mourut à La Ricamarie le 9 août 1976.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20034, notice CIVET Germain [CIVET Séraphin, Germain] par Jean Lorcin, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 17 février 2021.

Par Jean Lorcin

Arch. Mun. La Ricamarie

ŒUVRE : Articles dans Le Cri du Peuple, organe officiel du PC dans la Loire, notamment « la grève de l’usine Mimard » (23 septembre 1937), « Halte à la vie chère » (28 octobre 1937), « Cette semaine au Palais-Bourbon, discussion de la retraite aux vieux travailleurs » (9 mars 1938), « Pour obtenir leur retraite, les vieux travailleurs s’organisent » (8 septembre 1938), « Union pour l’action » (24 novembre 1938), « Grâce aux interventions des élus communistes, la Chambre a décidé la retraite pour tous les vieux » (16 mars 1939), « À la date promise du 1er juillet 1939, les vieux doivent avoir leur retraite ! » (27 avril 1939), « Les travailleurs saluent avec enthousiasme le traité signé entre la France et l’Union Soviétique » (14 décembre 1944).

SOURCES : Arch. Nat. F7/13129. — Arch. Dép. Loire, 3 M 75, 4 M 125-127, 4 M 129, 4 M 588, 2W 18, 2 W 20 , 2 W 31, 2 W 124, 85 W 94, 85 W 96-97, 85 W 103, 85 W 201, 85 W 205, 97 VT 3, 37 J 98 (Hervé Blettery, Le mouvement ouvrier dans la Loire sous la 4e République. Pluralisme syndical et unité d’action dans la région stéphanoise (1944-1948), Mémoire de Maîtrise, Saint-Etienne (Dir. M. Luirard), 1985), 37 J 143 (Salah Chabane-Chaouche, La vie politique à Saint-Etienne (1951-1958) à travers les élections, MM, Saint-Etienne (Dir. Merley), 1989). — Projet de notice rédigé par Urbain Thévenon. — Articles précités. — Le Cri du Peuple, 25 avril 1936. — La Tribune républicaine, 26 juillet, 3 août 1936, 1er et 8 octobre 1937, 22 janvier, 8 et 13 février, 28 septembre, 9 octobre, 13 et 21 novembre 1938, 1er, 2, 4, 6, 7, 8 et 24 décembre 1938, 1er, 10 et 13 mars 1939, 29 octobre 1939. — René Gentgen, La Résistance civile dans la Loire : de sa naissance à la Libération, préface de Lucien Neuwirth, Lyon, Editions Lyonnaises d’Art et d’Histoire, 1996,, 206 pages. — Claude Cherrier, La Ricamarie. Une ville, des hommes, Ville de La Ricamarie, 1993, 26 cm., 120+XXXXII pages. — Notes de Jean-Michel Steiner. — État civil de La Ricamarie.

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