BLÉRON Norma, Ida [née NICOLETTI]

Par Daniel Grason

Née le 24 octobre 1912 à Orgiano province de Vicence en région Vénétie (Italie) ; conditionneuse ; sympathisante du Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme ; déportée à Ravensbrück (Allemagne).

Norma Bléron
Norma Bléron

Fille d’Angelo et de Candida née Fanchoule, elle épousa Roger Bléron, le couple vivait 56 rue de Labrouste à Paris (XVe arr.). Elle savait lire le français, travaillait comme conditionneuse aux Laboratoires Lesenne 58 rue de Vouillé à Paris (XVe arr.).
Sympathisante communiste, pendant la période du Front populaire elle rencontra des militantes du Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme qui la sollicitèrent pour adhérer à l’organisation, elle refusa. Après la déclaration de la guerre, Norma Bléron a été pressentie par des militantes pour participer à la diffusion de la propagande clandestine : inscriptions murales, apposition de papillons, distribution de tracts… elle n’accepta pas.
Elle a été appréhendée le 2 juin 1942 vers 21 heures 45 alors qu’elle se présentait chez Eugénie Dietrich, le couple avait été mis en cause par une militante interpellée.
Selon ses déclarations lors de son interrogatoire dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de police, le 30 mai, un mot glissé sous sa porte la conviait ainsi que son mari à un rendez-vous pour le lendemain dimanche 31 mai à la station de métro Duroc. Le couple s’y rendit et rencontra Yvonne Chauviré, Norma la connaissait assura-t-elle pour l’avoir rencontrée au cours de l’hiver chez un boucher.
Un homme d’une trentaine d’année coiffé d’un béret, vêtu d’un costume foncé était là, Madeleine [Marzin] arriva. L’homme au béret donna aux présents la consigne de prendre le métro et de se rendre à la station de métro Odéon. D’autres personnes étaient là, l’homme avait alors indiqué que toutes et tous devaient aller « rue de Seine ou rue de Buci dans une épicerie où, à l’occasion de la fête des mères des conserves devaient être distribuées sans ticket. »
Norma Bléron en compagnie de deux femmes et d’Yvonne Chauviré se rendirent sur place. L’inconnu donna l’ordre d’attendre que la distribution soit commencée. Á dix heures 30, sur ordre toutes les quatre se dirigèrent vers le rayon des conserves. « Á peine étais-je entrée que j’ai reçu sur moi, un certain nombre de boites de conserves. J’ignore par qui elles étaient lancées. J’ai alors constaté qu’il ne s’agissait pas d’une distribution sans ticket et je me suis enfuie. » Du fait de la rapidité du déroulement des évènements, Norma Bléron perdit de vue son mari.
Les policiers lui demandèrent si elle entendit des coups de feu, elle répondit : « Á aucun moment je n’ai entendu de coups de feu. Toutefois j’ai entendu un petit garçon qui courant et pleurant criait “on tire – j’ai perdu maman”. » Norma Bléron entra chez elle vers 11 heures.
Après son interrogatoire, Norma Bléron a été incarcérée, le 25 juin 1942 elle comparut en compagnie d’une vingtaine de femmes et d’hommes impliqués dans l’action de la rue de Buci. Elle a été condamnée à cinq ans de travaux forcés et vingt ans d’interdiction de séjour.
Elle a été incarcérée dans les prisons de la Petite Roquette jusqu’à la fin juin 1942, puis Fresnes où elle resta jusqu’au 15 juillet de la même année, enfin de la Centrale de Rennes (Ille-et-Vilaine) qu’elle quitta le 5 avril 1943. Transférée au Fort de Romainville, elle était le 18 avril 1944 dans le convoi de 416 détenues qui partit de la gare de l’Est et arriva le 22 avril à Ravensbrück (Allemagne). Yvonne Chauviré et Marguerite Bronner étaient dans le même transport.
Norma Bléron a été affectée à un kommando de travail du camp de Flossenbürg situé dans les Sudètes en Tchécoslovaquie annexée par l’Allemagne. Les détenues travaillaient pour l’usine de munitions Skoda. Matricule 35108, Norma Bléron a été libérée le 5 mai 1945.
Son mari Roger Bléron témoigna devant la commission d’épuration en 1945. Il déclara dans une première déposition : « J’ai été arrêté avec ma femme le 3 juin 1942 et conduit dans les locaux des BS pour interrogatoire. Je fus remise en liberté quelques temps après ; quant à mon épouse, elle fut incarcérée à la prison de la Roquette, puis internée à Rennes, d’où elle a été déportée en Allemagne, le 5 avril 1943. » (9 mars 1945).
Dans une seconde déposition, après avoir retracé son parcours carcéral, il déclara : « Je sais que ma femme a été maltraitée, car moi-même arrêté, j’entendais les cris de douleur qu’elle poussait. Je ne puis indiquer quels étaient les auteurs de ces sévices, car je n’ai jamais revu ma femme. Rien n’a été dérobé au cours de la perquisition. » (4 juin 1945).
Norma Bléron rentra de déportation, elle a été homologuée au titre de la Résistance intérieure française (RIF), Déportée internée résistante (DIR).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article200448, notice BLÉRON Norma, Ida [née NICOLETTI] par Daniel Grason, version mise en ligne le 27 février 2018, dernière modification le 14 mars 2019.

Par Daniel Grason

Norma Bléron
Norma Bléron

SOURCES : Arch. PPo. PCF carton 13 rapport hebdomadaire des Renseignements généraux du 12 juin 1942, BA 2056, GB 098, KB 18 (rapport du 9 mars 1945), 77W 3111 (rapport du 4 juin 1945), GB 185 (photo). – AD Ille-et-Vilaine (notes d’Yves Boivin). – Bureau Résistance GR 16 P 444624.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 185

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable